Le japonais Sony a confirmé lundi avoir renoncé au projet de fusion en Inde entre sa filiale locale et le géant indien des médias Zee Entertainment Enterprises, après deux ans marqués par des négociations tendues entre les deux parties.
La filiale indienne de Sony et Zee Entertainment avaient annoncé fin 2021 leur intention de fusionner pour créer un géant du divertissement dans le pays, capable de rivaliser avec les leaders du streaming comme Netflix, Amazon et Disney, et valorisé autour de 10 milliards de dollars.
Mais les conditions spécifiées dans cet accord « n’ont pas été remplies » avant la date limite fixée, écrit le groupe japonais dans un communiqué, disant avoir émis lundi « un avis résiliant » le projet.
Selon les termes de l’accord initial, Sony devait prendre la majorité du capital du nouvel ensemble (50,86%), appelé à être coté en Bourse en Inde, tandis que la famille fondatrice de Zee devait en détenir environ 4%. L’accord prévoyait aussi que Punit Goenka, patron de Zee et fils aîné de son fondateur, prenne la tête du nouvel ensemble.
Sony a changé d’avis en raison de la réputation de plus en plus sulfureuse de M. Goenka, qui fait l’objet d’une enquête de l’autorité financière indienne sur des accusations d’abus de biens sociaux le visant.
Un marché de plusieurs dizaines de milliards
Punit Goenka avait récemment proposé de démissionner après la fusion, selon le quotidien indien The Economic Times, mais à condition qu’un processus indépendant se mette en place pour trouver un directeur général du nouvel ensemble. De son côté, Sony souhaitait placer N.P. Singh, le patron de sa filiale indienne, aux commandes.
Sony s’est aussi inquiété de la baisse des résultats financiers de Zee depuis l’annonce de la fusion il y a plus de deux ans, selon une source proche du dossier interrogée par l’AFP. Le marché indien du divertissement, qui représente des dizaines de milliards de dollars, est déjà l’un des plus importants au monde, et devrait continuer à se développer dans les années à venir avec l’adoption massive des smartphones.
L’échec de l’accord va rendre Sony et Zee plus vulnérables, à un moment où l’indien Reliance, dirigé par le magnat asiatique Mukesh Ambani, négocie une fusion avec l’unité indienne de Disney, selon des informations de l’agence Bloomberg.
Selon The Economic Times, Sony avait aussi été irrité de ne pas avoir été mis dans la boucle d’un accord de licence stratégique pour la diffusion de matchs de cricket signé par Zee auprès de Disney en 2022 pour environ 1,5 milliard de dollars.