Les immobilisations pour inspection de Boeing 737 MAX 9 se sont multipliées dimanche dans le monde, entraînant des dizaines d’annulations de vols, après un incident sur un avion de la compagnie américaine Alaska Airlines qui a perdu une porte après le décollage.
A l’instar de compagnies américaines comme United Airlines, l’une des premières mondiales, Turkish Airlines, Aeromexico ou la compagnie panaméenne Copa Airlines ont cloué au sol pour les inspecter leurs appareils de ce type, après une directive de l’agence fédérale américaine de l’aviation civile (Federal Aviation Administration, FAA).
Selon des données communiquées par Boeing à l’AFP, quelque 218 exemplaires du 737 MAX 9 ont été livrés à ce jour. La FAA a ordonné samedi « l’inspection immédiate de certains avions Boeing 737 MAX 9 » avant un nouveau vol, précisant qu’environ 171 appareils étaient concernés dans le monde. La durée de l’opération est estimée entre quatre et huit heures par avion.
L’agence européenne de sécurité aérienne (EASA) a indiqué pour sa part qu’elle suivrait les recommandations américaines, tout en ajoutant que cela ne devrait pas avoir d’incidence, aucun opérateur en Europe n’utilisant le 737 MAX 9 avec les options techniques concernées. Ces appareils « peuvent continuer de fonctionner normalement », indique l’agence européenne, dont le siège est à Cologne (Allemagne) dans un communiqué.
La compagnie Singapore Airlines (SIA) a fait savoir qu’elle n’utilisait pas d’appareil du type à contrôler et n’était donc « pas touchée » par la mesure. L’incident est survenu vendredi, vers 18H30 (02H30 GMT samedi) peu après le décollage d’un vol Alaska Airlines de l’aéroport international de Portland (Oregon, nord-ouest).
Selon l’agence américaine chargée de la sécurité des transports (National Transportation Safety Board, NTSB), une porte s’est ouverte et détachée de la carlingue en plein vol. L’appareil, qui transportait 171 passagers et 6 membres d’équipage, était alors à près de 5.000 m d’altitude.
« C’était vraiment brutal »
Il s’agit d’une porte condamnée et masquée par une cloison qui ne laisse apparaître qu’un hublot, selon la NTSB, une configuration proposée par Boeing aux clients qui le demandent. La directive de la FAA concerne d’ailleurs les modèles « avec la porte du milieu bouchée », selon le document publié sur son site.
Après avoir fait demi-tour, l’avion est revenu se poser à Portland, l’incident n’occasionnant que quelques blessés légers. La NTSB a annoncé avoir dépêché une équipe à Portland pour enquêter sur les raisons de ce dysfonctionnement.
United, qui possède la flotte de 737-9 la plus importante au monde, a annoncé à l’AFP laisser au sol 46 appareils, 33 ayant déjà été examinés. Alaska, qui avait neutralisé la totalité de ses 65 avions de ce modèle avant même l’annonce de la FAA, a précisé samedi sur X (ex-Twitter) que « plus du quart » de sa flotte de 737 MAX-9 avait été inspecté et dit n’avoir pas trouvé à ce stade « d’élément préoccupant ».
Copa Airlines a suspendu pour vérification l’exploitation de ses 21 appareils de ce modèle et Turkish Airlines celle des cinq qu’elle détient.
« C’était vraiment brutal. A peine en altitude, la façade du hublot s’est détachée », a témoigné un passager du vol, Kyle Rinker, sur la chaîne américaine CNN. Selon la NTSB, personne n’était assis aux deux places à côté de la cloison qui s’est envolée. Mais selon des passagers cités par le quotidien de Portland, The Oregonian, un adolescent assis dans cette rangée a eu sa chemise arrachée par la décompression, occasionnant des blessures légères.
« Incident terrifiant »
« Un incident terrifiant », a jugé le secrétaire américain aux Transports Pete Buttigieg, sur X. « Nous avons beaucoup, beaucoup de chance que cela ne se soit pas terminé de façon plus tragique », a déclaré aux journalistes la présidente de la NTSB, Jennifer Homendy.
La responsable a révélé que, selon de premières analyses, la porte était tombée au-dessus de Cedar Hills, dans la proche banlieue de Portland et appelé les habitants de la zone à se manifester s’ils la trouvait. L’appareil incriminé avait été certifié en novembre, selon le registre de la FAA disponible en ligne.
« Nous soutenons sa décision (de la FAA, ndlr) de réclamer une inspection immédiate des 737-9 de même configuration que l’appareil incriminé », a réagi Boeing dans une déclaration transmise à l’AFP. L’incident intervient après une série de problèmes techniques et deux crashes ces dernières années pour le 737 MAX.
Les deux accidents, qui ont fait 346 morts en octobre 2018 et mars 2019, ont entraîné le maintien au sol du 737 MAX durant 20 mois et l’imposition de changements dans le système de contrôle en vol. Plus récemment, Boeing a dû ralentir ses livraisons à cause de problèmes sur le fuselage, en particulier sur la cloison étanche arrière de l’appareil.
A fin décembre, Boeing avait livré au total plus de 1.370 exemplaires du 737 MAX et son carnet de commandes atteignait plus de 4.000 unités.