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La guerre Israël-Gaza pourrait durer des « mois »


(Photo : AFP)

L’armée israélienne multiplie mercredi les frappes sur la bande de Gaza dans le cadre de son opération contre le Hamas qui pourrait selon elle durer encore de « nombreux mois » en dépit des vives préoccupations humanitaires.

Nouveau signe d’une régionalisation croissante du conflit, les États-Unis ont intercepté en mer Rouge des drones et missiles tirés par les rebelles yéménites Houthis qui menacent les intérêts israéliens en « soutien » à Gaza.

Dans ce territoire palestinien, les forces israéliennes « combattent à Khan Younès » (sud) et « étendent » leurs opérations dans des camps du centre, a indiqué mardi soir le porte-parole de l’armée, Daniel Hagari.

L’armée a lancé un ordre d’évacuation aux habitants du camp d’al-Bureij (centre) et ses alentours. Certains avaient déjà fui jusqu’à Rafah, où ils sont arrivés avec leurs bagages empilés sur le toit de leurs voitures.

Plus de 240 personnes ont été tuées lors des 24 dernières heures, a indiqué mardi le ministère de la Santé du Hamas. Des corps de Palestiniens ont été transportés dans un camion vers une fosse commune à Rafah où ils ont été enterrés, selon un journaliste sur place.

« Nous avons reçu un conteneur contenant un grand nombre de martyrs. Certains étaient des corps complets, tandis pour d’autres c’étaient des restes humains », a déploré Marwan al-Hams, chef du comité d’urgence sanitaire à Rafah.

Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme s’est à nouveau dit « profondément inquiet des bombardements israéliens continus sur le centre de Gaza » et a appelé à faire la distinction » entre civils et combattants.

« Nous vous voyons »

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait annoncé plus tôt cette semaine une « intensification » des frappes sur Gaza, où les télécommunications étaient encore coupées tôt mercredi.

« Nous disons aux terroristes du Hamas: nous vous voyons, nous viendrons à vous (…) nous allons intensifier les combats dans le sud de Gaza et ailleurs », a-t-il déclaré par la suite lors d’une visite à l’Agence spatiale israélienne.

Malgré cette « intensification » des combats, le conflit à Gaza pourrait se prolonger sur des mois, a prévenu mardi le chef d’état-major de l’armée Herzi Halevi, soulignant que « les objectifs de cette guerre ne sont pas faciles à atteindre ».

Israël a juré de détruire le Hamas après l’attaque du 7 octobre de commandos infiltrés depuis Gaza, qui a fait environ 1.140 morts, la plupart des civils, selon Israël. Environ 250 personnes ont été enlevées, dont 129 restent détenues à Gaza, selon cette source.

Les opérations militaires israéliennes de représailles dans la bande de Gaza ont fait 20.915 morts et 54.918 blessées, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Selon l’ONU, 85% des 2,4 millions habitants de Gaza ont été déplacés par la guerre, et la situation humanitaire dans le territoire demeure critique avec la famine qui menace et la plupart des hôpitaux hors service.

Diplomatie de l’aide

Après l’adoption la semaine dernière d’une résolution du Conseil de sécurité exigeant l’acheminement « à grande échelle » de l’aide, l’ONU a nommé mardi une ministre néerlandaise sortante, Sigrid Kaag, comme coordinatrice pour l’aide humanitaire à Gaza.

Le Croissant-Rouge palestinien a indiqué avoir reçu mardi 41 camions d’aide humanitaire et sept nouvelles ambulances via le poste-frontière de Rafah, ce qui reste bien en deçà des besoins selon l’Organisation mondiale de la Santé.

La France s’est dite mardi « gravement préoccupée » l’intensification et la prolongation des combats et a appelé « avec force » à « une trêve immédiate conduisant à un cessez-le-feu ».

L’émir du Qatar Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, dont le pays avait mené une médiation ayant permis une trêve fin novembre, s’est entretenu dans la nuit avec le président américain Joe Biden de la situation.

Les deux dirigeants ont discuté des efforts nécessaires « pour apaiser la situation et arriver à un cessez-le-feu permanent », a affirmé la diplomatie qatarie dans un communiqué.

À Washington, la Maison-Blanche a évoqué des discussions pour la « libération » des otages détenus par le Hamas, y compris de « citoyens américains », et pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire.

Le ministre israélien des Affaires stratégiques Ron Dermer devait également s’entretenir avec le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken et le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan.

Fin novembre, une trêve d’une semaine avait permis la libération de 105 otages contre 240 prisonniers palestiniens, et l’entrée à Gaza d’un important volume d’aide.

Mais les efforts des médiateurs, surtout égyptien et qatari, n’ont jusque-là pas permis de parvenir à une nouvelle pause humanitaire.

De Damas au Yémen

Les craintes d’une extension du conflit s’accentuent, notamment sous l’action de groupes proches de l’Iran comme le Hezbollah au Liban ou les Houthis au Yémen, Téhéran soutenant le Hamas.

À la frontière israélo-libanaise, des soldats israéliens ont ainsi été blessés mardi dans des tirs du Hezbollah. Les rebelles Houthis ont eux revendiqué une attaque au drone contre un navire en mer Rouge et un tir de missile en direction d’Israël qui a été intercepté.

La chaîne de télévision Al-Qahera News a précisé qu' »un objet volant a été abattu à deux kilomètres au large de la côté de Dahab », ville balnéaire égyptienne située à 150 kilomètres au sud de la frontière avec Israël.

L’armée américaine, qui patrouille la mer Rouge pour protéger notamment le trafic maritime des attaques des Houthis, a de son côté annoncé avoir détruit mardi douze drones et cinq missiles tirés par ces rebelles.

Les attaques imputées aux groupes pro-iraniens contre des troupes américaines se sont également multipliées en Irak et en Syrie. En réponse, les États-Unis ont frappé trois sites utilisés par des groupes pro-iraniens en Irak, faisant un mort.

Ces incidents interviennent juste après que Téhéran a accusé Israël d’avoir tué l’un de ses hauts-gradés, Razi Moussavi, dans une frappe en Syrie, et promis de venger sa mort.

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