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[C’était mieux avant] Van der Schilden : «En Islande, on nageait dans le brouillard et sous la neige»


(Photo : dr)

Alors que les JPEE débutent dans quelques jours, l’ancienne nageuse revient sur ses moments les plus marquants dans une compétition qu’elle affectionne particulièrement.

Les JPEE avec la plus belle ambiance?

Edith van der Schilden : J’ai participé à quatre éditions entre 1997 et 2003 et à chaque fois l’ambiance était de mieux en mieux entre nageurs  car Klaus (Jürgen Ohk) et Martin (Rademacher) privilégiaient toujours l’esprit de groupe entre nous. Donc pour moi c’était Malte en 2003. Mais sur le plan général, je trouve que la référence c’était Saint-Marin en 2001 car tous les sports étaient très proches les uns des autres, comme la piscine à côté de la salle de volley. Si bien qu’on pouvait aller encourager les autres Luxembourgeois, eux venaient nous encourager, c’était vraiment une ambiance incroyable.

Les adversaires les plus fortes que vous ayez affrontées aux JPEE?

Pour moi, c’était toujours l’Islandaise Kolbrun Kristjansdottir (NDLR : qui a participé aux JO de Sydney et Athènes). Elle faisait du crawl – mais Lara (Heinz) était plus forte qu’elle – et du dos. La question était toujours de savoir qui de nous deux gagnerait sur le dos. C’était toujours un grand challenge pour moi. Et sinon, hors JPEE, l’adversaire la plus forte est peut-être l’Allemande Antje Buschschulte. Je l’ai rencontrée plusieurs fois. Notamment à Barcelone en 2003, quand elle a été sacrée championne du monde sur le 100 m dos. Je me souviens qu’elle était à la réception de l’hôtel, elle venait de se faire voler son portefeuille, mais ils ne parlaient pas anglais à la réception et elle ne parlait pas espagnol. Et une fois à l’Euro Meet, je l’ai même interviewée pour RTL.

La plus belle fête aux JPEE?

Saint-Marin. L’équipe luxembourgeoise était répartie dans deux hôtels. On était allés voir les volleyeurs qui jouaient une finale, je crois et après on a fait la fête. Il y avait une super ambiance, de la bonne musique. On rentrait le lendemain, je n’avais pas encore fait ma valise et quand je suis rentrée, vers 5 h du matin, tout était fermé. Je ne pouvais pas rentrer. Mais heureusement Alwin (NDLR : de Prins) m’a vue et est descendu pour m’ouvrir la porte.

Les victoires, l’ambiance en équipe, c’est pour cela qu’on aime les JPEE

Votre plus belle victoire aux JPEE?

Celle sur le relais 4×100 m nage libre à Malte en 2003. L’ambiance était extraordinaire. Personnellement, j’ai nagé mon meilleur temps en 58″56 si je me souviens bien d’ailleurs je n’aurais jamais imaginé pouvoir passer sous les 59″. Mais surtout, c’était très cool. C’était la dernière compétition des JPEE, on était les favorites, on s’était peinturluré le visage aux couleurs du Luxembourg et on était prêtes pour gagner. La natation est un sport assez individuel et pouvoir gagner une médaille avec des personnes avec qui tu t’entraînes 20 heures par semaine, c’est vraiment quelque chose de spécial.

Votre plus grand exploit aux JPEE?

L’amélioration de mon record sur le 100 m dos à Malte. Avant, il était de 1’06« 40 et cela faisait des années que je ne l’avais pas battu. Et là, je l’ai amélioré de plus d’une seconde. C’était un grand miracle pour moi. Je m’entraînais pour ça. Et si tu pars pour une compétition et tu arrives à être au top le jour J et montrer dans le bassin ce que tu as fait à l’entraînement, c’est la cerise sur le gâteau. 

Votre plus grosse déception aux JPEE?

Au Liechtenstein en 1999. Je voulais me qualifier pour les championnats d’Europe sur le 200 m dos, mais je rate complètement mon départ, je glisse et j’ai échoué. Malgré tout, on m’a redonné la possibilité de nager en dehors de la compétition. Mais j’étais tellement stressée que j’ai raté encore une fois. Ça reste vraiment ma plus grosse déception sur les JPEE.

Votre plus grosse blessure aux JPEE?

En 2001. J’ai participé malgré une épaule foutue. C’est pour cela que je n’avais pas fait le 200 m dos, vu que je ne pouvais pas m’entraîner à 100 %. Le professeur Seil avait compris à quel point c’était important pour moi de participer, alors il m’a fait une infiltration avant la compétition qui m’a permis de supporter la douleur. J’ai malgré tout réussi à nager pour la première fois sous la minute sur le 100 m nage. Et juste après, je suis partie me faire opérer à Hambourg par lui. Et il a fait du bon travail puisque je suis revenue encore plus fort en 2003. 

L’athlète des JPEE que vous avez perdu de vue et que vous aimeriez revoir?

Je dirais l’Islandaise Louisa Isaksen. J’aimerais bien la revoir. Elle était très sympa. Et une fois, elle est venue faire un stage au Luxembourg et a dormi à la maison. Il y a aussi un autre Islandais, Örn Arnarson. Il avait toujours une tête d’ours, mais il était tellement mignon. Tellement gentil.

Les JPEE les plus particuliers?

En Islande. Je me rappelle qu’on nageait dehors, il y avait tellement de brouillard qu’on ne voyait pas les nageurs. C’était très spécial aussi car il faisait très froid, il y avait même de la neige au bord des bassins. Et puis ce qui est spécial aussi, c’est qu’il ne faisait jamais nuit. Aller dormir alors que dehors, il fait encore jour, c’est également une nouvelle expérience. Après, ça ne changeait rien à notre chambre, comme toujours elle était en désordre, d’ailleurs pendant les stages, les femmes de ménage mettaient régulièrement un mot en nous disant qu’elles passeraient si la chambre était rangée. Alors on mettait tout sur un lit, on recouvrait tout ça d’une couverture et le tour était joué. 

À la cérémonie de clôture, Daniel Abenzoar m’a dit « Cours! »J’ai couru avec le drapeau et toute l’équipe m’a suivie

Les plus émouvants? 

Pour moi, encore Malte. À chaque fois je terminais deuxième derrière Kolbrun sur le 200 m dos. Mais là, je me sentais en pleine forme, j’étais prête pour la battre. Et j’ai réussi. Je me rappelle encore parfaitement des 50 derniers mètres. Ça reste l’un de mes meilleurs moments aux JPEE.

Votre plus grand fou rire aux JPEE?

 À la cérémonie de clôture à Malte. J’avais le drapeau et on attendait déjà depuis de longues minutes. Il faisait vraiment très chaud et rien ne se passait. Alors Daniel (NDLR : Abenzoar, un ancien athlète) est venu me voir et il m’a dit : « Cours!«  Je lui ai dit « Quoi?«  Il m’a répondu : « Cours! Il faut que ça se termine maintenant!« . Alors, j’ai brandi le drapeau, qui pesait d’ailleurs très lourd, je me suis mis à courir et toute l’équipe m’a suivie. Et derrière, toutes les autres nations ont fait pareil. 

Votre meilleur souvenir aux JPEE?

Le dernier jour en Islande. On est tous partis voir les geysers. Ça puait le soufre. Mais voir cette nature, c’était quelque chose de très impressionnant. Quand on partait en grands championnats, on était 3, 4 ou 5. Mais aux JPEE, on se retrouve à 150, on est assis en train d’attendre notre tour pour aller chez le kiné. On a des contacts avec des athlètes d’autres disciplines. Les victoires, l’ambiance en équipe. C’est pour cela qu’on adore les JPEE.

Ses faits d’armes

Multiple championne nationale, détentrice un temps des records nationaux sur 50, 100 et 200 m dos ainsi que sur 100 et 200 m 4 nages, Edith van der Schilden a participé à de multiples championnats du monde et d’Europe. Aux JPEE, qu’elle a disputés quatre fois, elle a remporté pas moins de 14 médailles (5 or, 9 argent, 1 bronze).

Aujourd’hui

Désormais âgée de 43 ans, Edith van der Schilden est mariée et mère de deux enfants de 10 et 12 ans. Après avoir été thérapeute sportive en psychiatrie adulte, elle a longtemps été infirmière en médecine sportive à la clinique d’Eisch et est désormais infirmière en psychiatrie juvénile au Kirchberg. Si elle reste très sportive, elle a subi un terrible accident à vélo en juin 2021, alors qu’elle s’entraînait pour participer au Challenge Roth. Après des mois d’hospitalisation et une mâchoire complètement détruite, elle a réussi à terminer son premier Ironman 70.3 à Berlin l’année dernière. Prochain objectif : passer sous les 5 h!