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[Communales] Differdange va-t-elle encore se mettre au(x) vert(s) ?


Le projet Gravity, à l’entrée de la ville, fierté de la majorité mais jugé «insuffisant» aux yeux de l’opposition. (Photo : julien garroy)

Après une victoire écrasante aux dernières élections, déi gréng souhaitent confirmer leur bonne performance alors que le LSAP et le DP rêvent de prendre leur revanche.

C’est une mandature bien particulière qui s’achève à Differdange, à l’aube des prochaines élections communales. Elle semblait pourtant bien partie : après un premier mandat à la suite du départ de Claude Meisch au ministère de l’Éducation en 2014, Roberto Traversini raflait à nouveau la mise en 2017, en remportant, avec son parti déi gréng, pas moins de sept sièges au conseil communal. Une victoire écrasante des verts et un goût d’amertume pour leur ancien allié DP, déchiré par des querelles internes et remis sur le banc de l’opposition après presque deux décennies à la tête de la ville.

Une joie pour les verts, qui fut cependant de courte durée. Une cabane de jardin plus tard, Roberto Traversini se voit contraint à la démission. Et laisse sa place à une Christiane Brassel-Rausch quelque peu… démunie. À 58 ans, l’actrice de théâtre et alors présidente de la commission scolaire de la commune de Differdange se voit projetée sous les feux de la rampe, sans grande conviction. «Je n’ai jamais eu pour but d’accéder à ce poste, mais je suis quelqu’un de droit, donc quand je dis que je m’engage, je le fais», confie celle qui deviendra la première femme à la tête de Differdange.

Un engagement qu’elle ne prolongera pas au-delà des trois dernières années. Sans surprise, la bourgmestre sortante a en effet été l’une des premières à annoncer qu’elle ne se représenterait pas pour les élections du 11 juin. Lasse d’une «vie politicienne» qui ne lui convient plus, qui a «pris trop de place» dans sa vie privée : «J’ai 65 ans, j’ai travaillé toute ma vie. À un moment, il faut savoir dire stop.»

Differdange se retrouve donc, comme en 2014, avec un bourgmestre sortant sur le départ et de nombreuses possibilités. «Tout est ouvert», s’amusent les politiques locaux au moment de faire connaître leurs programmes. Il faut dire qu’ils sont nombreux : neuf partis se présentent dans la troisième ville du pays.

Fiers d’un «excellent résultat des dernières élections», déi gréng sont prêts à remettre le couvert et à «continuer d’assumer des responsabilités». Seulement la donne n’est plus la même qu’en 2017. Les ténors du parti ne sont plus là et c’est une équipe verte rajeunie, avec des personnalités moins connues, qui se présente aux Differdangeois cette année. Assez forte pour briguer à nouveau sept sièges? Rien n’est moins sûr.

«Il n’y a aucun candidat qui a l’aura d’un Traversini ou Meisch cette année, et surtout pas chez les verts. Si je suis sûr d’une chose, c’est que déi gréng vont perdre au moins deux ou trois sièges», analyse Gary Diderich, tête de liste de déi Lénk. Un sentiment partagé à demi-mot par la bourgmestre sortante : «C’est une année de transition pour nous. Tous ceux qui étaient là ces 30 dernières années se sont retirés. Il faut voir ce que cela va donner, mais les Differdangeois vont devoir faire confiance à nos jeunes qui voient le monde autrement et sont prêts à relever les défis de leur temps.»

Un bilan «joli» mais «loin de la réalité»

Un renouveau vert, (avec, à sa tête, le duo Paulo Aguiar et Manon Schütz) qui pourrait laisser sa chance au LSAP ou au DP de revenir dans la majorité? Les deux partis historiques de Differdange (le LSAP a dirigé la ville pendant près de 40 ans contre 20 pour le DP) espèrent tous deux convaincre à nouveau les habitants. «Ils sont prêts à nous redonner une chance, je le sais. Ils ne sont pas du tout satisfaits de ce qui se passe à Differdange», assure, de son côté, François Meisch, tête de liste du DP.

Revenir dans la majorité, reprendre des responsabilités, «devenir incontournables» : tels sont les objectifs pour les deux partis qui assurent que l’actuelle majorité déi gréng-CSV «n’est pas capable» de gérer les problèmes de la ville. «Ils ont promis beaucoup de choses avec l’accord de coalition, mais il y a un petit goût d’inachevé», complète François Meisch.

Pourtant, les projets à Differdange ne manquent pas : ouverture d’un nouveau commissariat de police, rénovation du centre sportif, extension de l’école primaire, création d’un nouveau lycée, mise à disposition d’appartements dans la tour Gravity… Nombreuses sont les initiatives à avoir fleuri ces derniers mois dans la commune. «On finit la mandature avec beaucoup de projets, c’est vrai», admet Guy Altmeisch, tête de liste socialiste, «mais ce qu’on voit sortir de terre aujourd’hui, ce sont, à la base, des bébés LSAP», assure-t-il sans sourciller.

L’argent a été épargné au lieu d’être investi

«Ils commencent seulement à se réveiller, alors que normalement, on devrait conclure tous ces projets, pas les démarrer», s’agace François Meisch, qui aurait préféré que ces investissements soient réalisés plus tôt, afin d’éviter une «hypothèque financière pour l’équipe qui va suivre». Un sentiment partagé par déi Lénk : «Le courage a manqué et l’argent a été épargné au lieu d’être investi. Ils ne sont pas allés au bout des choses.»

Des critiques dont se défend Christiane Brassel-Rausch : «Oui, nous avons repoussé quelques projets à cause des finances et des chaînes de livraisons incertaines… L’essentiel était les finances. On nous reproche d’hypothéquer le prochain conseil échevinal parce qu’on a dépensé trop d’argent. Mais où en serions-nous si nous n’avions pas repoussé ces projets qui coûtaient des millions?»

«La décision de retarder les investissements les a juste rendus plus chers : les prix ont augmenté! Nous aurions eu de meilleurs prêts si les projets avaient été réalisés avant ou pendant la crise. Bricoler, ça a un coût», renchérit Gary Diderich, qui juge le bilan vert «joli», mais «loin de la réalité».

L’opposition est unanime : Differdange s’est «endormie» ces dernières années avec un conseil échevinal «indécis, hésitant» (déi Lénk), «sans aucune vision claire» (ADR), ni «aucun concept» (LSAP) et doit «retrouver son éclat et ramener la vie en centre-ville» (DP). Reste à savoir si ce constat est partagé par les quelque 13 371 électeurs inscrits, qui décideront, le 11 juin, s’ils renouvellent leur confiance à la coalition déi gréng-CSV.

Trois points majeurs en débat

Le parc Gerlache

Sans surprise, la sécurité reste l’un des thèmes phares de cette campagne differdangeoise, semblant prendre exemple sur la capitale. L’insécurité autour du parc Gerlache mobilise ainsi les troupes, notamment du côté du LSAP qui s’insurge que la majorité actuelle «n’arrive pas à sécuriser deux hectares en plein centre-ville». Un problème que le DP souhaite résoudre en redonnant une «qualité de vie et de l’attractivité» à Differdange : «La sécurité vient avec la vie. Si on remplit à nouveau les restaurants, que les gens reviennent, il y aura de l’émulation et du passage, et donc, un meilleur sentiment de sécurité.»

Les problèmes immobiliers

La crise du logement, qui touche profondément tout le pays, est aussi un défi majeur à Differdange, qui a vu sa croissance démographique fortement augmenter ces dernières années. Si la majorité déi gréng-CSV est très fière du projet immobilier Gravity, cette tour à l’entrée de la commune, «un seul projet immobilier ne suffit pas» pour l’opposition. «Des millions d’euros ont été investis dans des bâtiments laissés à l’abandon. Nous avons 14 hectares de terrain disponibles aussi! Mais il n’y a aucune vision globale.»

La mobilité

Là aussi, à l’image du reste du pays, les problèmes de transport touchent particulièrement Differdange. «S’ils étaient simples à résoudre, ce serait déjà fait», se désole Christiane Brassel-Rausch. Une mobilité jugée «catastrophique». «Il faut créer des parkings, à plusieurs étages, proposer une vraie gare, rendre la ville accessible en tram» sont autant de propositions mises sur la table par les différents partis en lice.

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