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Au Haff Réimech, une osmose entre l’homme et la nature


Des vignes, des paysages, des animaux… Les étangs de Remerschen offrent tout ce que Martine Wallenborn aime observer.

Martine Wallenborn se réjouit à chaque fois qu’elle se rend au Haff Réimech, autour des étangs de Remerschen. Un lieu doté d’une âme particulière, où la nature et l’homme sont parvenus à s’apprivoiser.

Portrait : Guider, respirer

Le tourisme l’a toujours intéressée de près, au point que Martine Wallenborn s’est même longtemps demandé si elle n’allait pas en faire son métier avant, finalement, de s’orienter vers une carrière de kiné. Elle officie aujourd’hui dans le service gériatrie d’une maison de soins dans le sud du Grand-Duché.

Il y a sept ans, elle déménage pour la Moselle et s’installe à Bech-Kleinmacher. Elle aime la région, ce choix n’est donc pas le fait d’un hasard, mais d’une volonté solidement ancrée. Quelques années plus tard, elle apprend que les offices régionaux du tourisme lancent une nouvelle campagne de formation de guides, elle s’inscrit immédiatement et obtient ses diplômes. «Mon métier n’est pas toujours facile et j’avais besoin de me trouver une respiration. Mes activités de guide remplissent parfaitement ce rôle.»

Elle peut désormais partager sa connaissance de la région, sous toutes ses facettes. «Je la montre aux touristes mais aussi aux résidents. Beaucoup ne se doutent pas de tout ce que l’on peut découvrir dans un si petit pays ! Beaucoup de Luxembourgeois connaissent mal le Grand-Duché. Même moi, un peu grâce à la pandémie, j’ai récemment appris à connaître des endroits magnifiques où je n’avais encore jamais mis les pieds.»

Elle se réjouit donc de voir les visiteurs revenir après deux années difficiles, dues à la situation sanitaire. «Je crois que l’année où j’ai débuté, je n’ai eu aucune visite. Heureusement, cela commence vraiment à reprendre désormais. En plus, cet été, le temps est avec nous, pas comme l’an passé…»

Son lieu préféré : Le Haff Réimech

Entre la Moselle, les étangs de Remerschen et les coteaux qui bordent la vallée, le Haff Réimech est un lieu qui propose une variété de structures de paysages épatante. C’est aussi ici que Martine préfère guider les touristes. «C’est la nature qui m’intéresse le plus et il y a beaucoup à dire au Haff Réimech, qui est une région très riche. On a l’impression d’être dans un lieu préservé, qui n’a pas évolué depuis des siècles mais pourtant, les activités humaines sont omniprésentes.

Les étangs n’existaient pas avant les années 1950. Ils ont été creusés par l’exploitation gravière que la reconstruction du pays après la Seconde Guerre mondiale avait rendu nécessaire. Mais aujourd’hui, il s’agit d’une niche écologique très importante pour le pays dans laquelle on peut observer beaucoup d’animaux, dont un grand nombre d’oiseaux migrateurs que l’on ne peut croiser qu’ici au Luxembourg.» Quand on pense que dans les années 1970, on était tout près de voir se construire une centrale nucléaire ici même…

C’est un lieu rare qui est pourtant largement méconnu

L’histoire est également fondamentalement intriquée dans l’observation des paysages. «Même s’ils n’ont pas laissé beaucoup de traces, les Romains ont vécu ici et importé la pratique de la viticulture. Les sarcophages exposés au bord des étangs le montrent bien, avec leur décor de ceps et de scènes de vendanges.» Elle cite aussi la chambre funéraire de Bech-Kleinmacher, un mausolée de deux étages découvert en 1950, fouillé lors du remembrement de 1987/1988 et reconstruit en 1991/1992. «C’est un lieu rare qui est pourtant largement méconnu, reconnaît Martine. J’aime bien venir m’assoir à cet endroit et lorsque je m‘y rends, il n’y a souvent personne d’autre. Peut-être que les gens ne le connaissent pas… ou alors ils ne savent pas par où il faut passer pour y arriver.»

Martine apprécie aussi particulièrement guider les enfants sur ce site. «J’emmène des classes et des maisons relais et je remarque que les élèves sont souvent bien plus réceptifs que les adultes, sourit-elle. Je leur explique ce qui fait les richesses d’une nature préservée, pourquoi il faut la protéger et ce sont des choses qu’ils comprennent très bien. Tant mieux, comme ça, ce seront eux qui convaincront leurs parents!»

Autour du vin : Le vin contemplatif

«Je ne bois pas beaucoup d’alcool, mais j’aime beaucoup boire un bon verre de vin. Après tout, ce sont la vigne et le vin qui m’ont convaincue de venir sur la Moselle! En général, les régions viticoles offrent un beau cadre et une belle qualité de vie. C’est absolument le cas sur la Moselle. Prendre un verre sur une terrasse, en face des coteaux tout en mangeant un bon repas, c’est toujours un grand plaisir.»

Martine se sent si bien ici que «l’été, quand je me promène et que je profite du paysage, j’ai vraiment l’impression d’être en vacances. Lorsque je ne me sens pas bien, que je suis lasse, je pars me promener, je prends un livre et je vais m’installer sur les rives. Très vite, je vais mieux!»

La vision des parcelles de vignes a sur elle une vertu apaisante : «Elles nous entraînent dans une autre dimension, ce ne sont pas des paysages communs. Les vignes ont beau être façonnées par les hommes, elles s’intègrent pourtant parfaitement dans le paysage.»

Visit Moselle : des guides à la formation pointue

L’Office régional du tourisme (ORT) Visit Moselle organise la formation de ses guides. Le programme commence par un enseignement général dispensé par les différents ORT, la Chambre de commerce et la House of Training de Luxembourg. Des conférenciers interviennent sur l’histoire, la géographie, le paysage culturel, la géologie, la législation de la profession, les institutions touristiques du pays, la planification et le déroulement d’un guidage sur le terrain…

Après l’obtention de l’examen théorique, les futurs guides peuvent s’inscrire pour les formations régionales organisées par les ORT, en collaboration avec différents acteurs de la région. Les candidats travaillent les mêmes thèmes, spécifiquement orientés sur la région, mais aussi d’autres en fonction des spécificités des territoires. Pour la Moselle, il est question de géologie, de patrimoine culturel, d’architecture, des traditions locales et, bien sûr, du vin.

Anne-Catherine Mondloch (gestionnaire du musée du Vin et diplômée en analyse sensorielle) donne un séminaire d’œnologie, Serge Fischer (chef du service Viticulture de l’Institut viti-vinicole, IVV) informe sur la région viticole mosellane… Une fois toutes les formations suivies, les candidats passent un examen théorique et pratique avant d’être certifiés guides touristiques de l’ORT Moselle luxembourgeoise.