Un commandant de CRS a été condamné lundi à Nancy à deux mois d’emprisonnement avec sursis pour avoir matraqué en 2019 un « gilet jaune », un geste capté par une vidéo devenue virale, a-t-on appris auprès du parquet.
Ce policier de 54 ans, à la carrière jugée jusqu’alors exemplaire, a été condamné par le tribunal correctionnel pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique », a indiqué le procureur de la République de Nancy, François Pérain. Le tribunal a également prononcé une dispense d’inscription au bulletin numéro 2 du casier judiciaire du policier. Ce dernier encourait trois ans de prison et 45 000 euros d’amende, selon le magistrat. Ce jugement est conforme aux réquisitions prononcée par François Pérain lors de l’audience jeudi dernier.
Les faits remontent au samedi 14 septembre 2019 à Nancy, lors de « l’acte 44 » des « gilets jaunes », une manifestation « particulièrement violente », a indiqué François Pérain. Une vidéo avait circulé après la manifestation montrant un homme, seul au milieu de plusieurs policiers, face à un CRS qui lui assène subitement un coup de bâton de défense au niveau du visage. Le manifestant recule alors précipitamment, pour s’engouffrer dans un hall d’immeuble, suivi par le CRS. Casque sur la tête, ce dernier est difficilement identifiable mais s’avérera être le commandant de la CRS 30, basée à Châtel-Saint-Germain (Moselle).
Un geste « disproportionné »
La vidéo, devenue virale sur les réseaux sociaux, déclenche la saisine de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) par M. Pérain, pour qui le geste du CRS « pouvait légitimement interroger ».
Dans son rapport, l’IGPN conclut notamment à un geste « disproportionné » de la part du CRS, selon le magistrat. Celui-ci, qui n’a pas été suspendu, dit avoir été « insulté à voix basse » par le manifestant. Il a décidé de l’interpeller en faisant usage de son bâton de défense, a rapporté François Pérain.
Le manifestant, qui avait initialement porté plainte mais ne s’est pas constitué partie civile à l’audience, disait avoir reçu le coup de bâton alors qu’il demandait au CRS son référentiel des identités et de l’organisation (RIO), autrement dit son numéro d’identification personnel, selon le procureur.
À l’audience, l’avocat du CRS, Me François Battle, avait plaidé la relaxe, estimant que son client avait été « jeté aux chiens ». L’avocat avait qualifié le manifestant de « black bloc qui fait toutes les manifestations pour ennuyer et cogner les policiers », selon le quotidien régional L’Est républicain.
AFP/LQ