Signes contradictoires

Le gouvernement était attendu au tournant avec les précisions sur la nouvelle salve de restrictions devant endiguer l’explosion des nouvelles infections au Covid-19. «Le risque que la situation dégénère est réel», a admis lundi en soirée la ministre de la Santé, Paulette Lenert. Elle continue toutefois de défendre la décision tardive pour prendre de nouvelles mesures.

L’ensemble de l’opposition parlementaire est monté au créneau pour dénoncer la passivité affichée par le gouvernement. Le CSV maintient que la vis aurait dû être serrée dès la semaine du 12 octobre. À ce moment, le nombre de nouvelles contaminations et d’hospitalisations était stable. Il est à parier que l’annonce de mesures plus strictes aurait été mal vécue. L’argument de ne pas vouloir décider à l’aveugle peut tenir la route. Cela n’empêche pas que la communication du gouvernement ait fini par déraper avec un Premier ministre qui sonne le 16 octobre l’alerte depuis le sommet européen à Bruxelles. Le lendemain, il s’est toutefois limité à lancer un appel à la vigilance accrue. La ministre de la Santé en a fait de même mercredi dernier, tout en évoquant une «situation alarmante». Les signes envoyés étaient pour le moins contradictoires, d’autant plus que 48 heures plus tard l’instauration d’un couvre-feu a été décidée.

La majorité n’est cependant pas la seule à envoyer des signes contradictoires. Au printemps, le CSV a d’abord plaidé pour un déconfinement plus rapide avant de fustiger une levée trop précipitée des restrictions. Désormais, le président du parti Frank Engel s’étonne que les décisions prises dans l’urgence doivent toujours passer par la Chambre, alors que l’ensemble de l’opposition a longuement insisté pour reprendre la main après la fin de l’état de crise. Un consensus existait également pour ne pas précipiter une loi pandémie qui permettrait au gouvernement d’agir plus rapidement.

En attendant, le virus se propage à un rythme effréné. Avant de poursuivre les règlements de comptes, un signal clair doit être envoyé avec le vote rapide d’un arsenal anti-Covid étoffé. Le temps presse.

David Marques