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Déi Lénk envisage la création d’un service public de l’habitat


Avec ce programme, déi Lénk souhaite lutter contre le réchauffement climatique et la pauvreté, tout en sauvegardant des emplois. (Photo : Isabella Finzi)

Afin de lutter contre les dépenses énergétiques excessives, déi Lénk souhaite créer un nouveau service public chargé de mieux cibler les logements à rénover et d’aider les ménages les plus modestes à le faire.

Après une première motion présentée en décembre dernier et visiblement tombée depuis aux oubliettes, déi Lénk a décidé de remettre en avant la question de la sobriété énergétique avec un programme visant la création d’un pôle destiné à mieux distribuer les aides dévolues à la rénovation des logements mal isolés.

Dans son plan national énergie/climat (PNEC), le gouvernement s’est en effet engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030 par rapport à 2005. Les gaz à effet de serre émis par le secteur du bâtiment constituent actuellement environ 12 % du total des émissions. Des logements rénovés et mieux isolés permettraient donc de lutter contre le réchauffement climatique, mais pas seulement.

«Le programme d’assainissement énergétique actuel, « Prime house », est insuffisant pour atteindre l’objectif fixé de 6 000 logements rénovés par an et en plus, il est socialement injuste», note Gary Diderich, porte-parole du parti de l’opposition. «Il n’est pas du tout ciblé et même si les aides sont solides, elles sont surtout accessibles à ceux qui ont déjà assez d’argent pour investir dans leur logement et contracter des prêts.»

C’est pourtant là le serpent qui se mord la queue : ce sont souvent les ménages les plus modestes qui vivent dans des logements mal isolés, avec pour conséquence des dépenses énergétiques plus coûteuses qui viennent grever leur budget, et leurs revenus ne leur permettent pas forcément d’effectuer les travaux nécessaires pour remédier à cela.

Une situation qui risque de se voir encore aggravée avec l’arrivée de la taxe carbone. «La taxe carbone annoncée par le gouvernement pénalisera davantage ces ménages qui occupent des logements vétustes et qui chauffent au gaz ou au fioul. C’est une double pénalité. Il faut apporter les moyens de se préparer à cette dépense.»

«Des plans sur mesure»

Pour cela, déi Lenk envisage donc la création d’un nouvel acteur dans le logement : un service public de l’habitat. Celui-ci travaillera en étroite collaboration avec les communes, les offices sociaux et les acteurs de la gestion locative sociale afin d’identifier les logements nécessitant une rénovation énergétique mais aussi les personnes ayant le plus besoin d’une aide financière pour réaliser ces travaux.

«Il ne s’agira pas d’exclure les autres, prévient Gary Diderich, mais ce service pourra conseiller plus étroitement les ménages identifiés et élaborer des plans sur mesure tant pour la rénovation que pour le financement. Ainsi, contrairement à ce qui se fait maintenant, les frais seront avancés et le remboursement pourra être calculé en fonction des revenus mais aussi corrélé aux économies énergétiques réalisées. Alors, bien sûr, cela prendra peut-être plus de temps, mais l’argent sera quand même de retour dans les caisses un jour.»

Des emplois pour l’artisanat

Afin de financer ces projets, déi Lénk a prévu un pôle de financement public – qui se substituera donc à l’actuel crédit privé attribué à des ménages individuels – dont le budget sera établi grâce aux subventions déjà existantes, notamment le Fonds climat et énergie (Fonds Kyoto), certaines aides de l’État, ainsi que le crédit privé du fait de ses faibles taux d’intérêt.

Cette initiative, assure le parti, permettrait en outre de sauvegarder, voire même de créer, des emplois. «Il faudra bénéficier des capacités artisanales pour réaliser les travaux d’assainissement d’un grand nombre de logements. Contribuer à la création d’activités dans ce secteur permettra de sauvegarder et de créer des emplois utiles, même en temps de crise.»

«Ce projet permettra de créer de l’emploi et d’arriver à une transition écologique socialement plus juste», résume Gary Diderich.

Tatiana Salvan

Quid des locataires ?

«Il n’y a pas de solution miracle à ce problème, mais nous avons une série de propositions pour faire profiter les locataires qui n’ont en principe pas le droit de faire réaliser des travaux d’assainissement énergétique dans un logement qui ne leur appartient pas», écrit déi Lénk dans sa présentation. Parmi celles-ci : la déduction des aides publiques pour l’assainissement du capital investi, le recalcul des charges pour le locataire puisque les coûts de chauffage seront moindres, et le maintien du gel des loyers au-delà du 31 décembre 2020, jusqu’à l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur le bail à loyer.