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Iran : explosion des nouveaux cas de Covid-19


Le ministre de la Santé s'inquiète du fait "que des gens soient devenus complètement imprudents face à la maladie". (illustration AFP)

L’accélération de la propagation du coronavirus en Iran depuis plus d’un mois inquiète les autorités sanitaires, qui multiplient les avertissements et enjoignent la population de ne pas oublier que la maladie est toujours là, dans le pays le plus touché du Moyen-Orient.

Les nouveaux cas confirmés d’infection ont explosé avec 3 574 personnes contaminées en 24 heures, a déclaré jeudi le porte-parole du ministère de la Santé iranien, Kianouche Jahanpour. L’indicateur, orienté à la hausse depuis un mois, a vu la propagation du coronavirus s’accélérer au cours des derniers jours, jusqu’à dépasser le pic de 3 186 nouveaux cas déclarés atteint le 30 mars. Le nombre de morts provoquées chaque jour par le virus reste en revanche relativement faible, selon les chiffres, avec 59 nouveaux décès entre mercredi et jeudi.

« Le non-respect de la distanciation sociale, des règles d’hygiène personnelle ou publique ainsi que les déplacements inutiles peuvent avoir des conséquences irréparables », avertit jeudi un bandeau tournant en boucle sur la chaîne d’information de la télévision d’État.

Selon les chiffres officiels – que des experts étrangers mais aussi certains responsables iraniens soupçonnent d’être largement sous-estimés, le virus a fait un peu plus de 8 000 morts en Iran sur un total de près de 161 000 personnes contaminées depuis les premiers cas déclarés en février. Cela fait de la République islamique le pays du Moyen-Orient le plus touché par la pandémie, mais la place loin derrière les pays du peloton de tête des nations victimes du virus.

Population et responsables jugés désinvoltes

La hausse des cas recensés pourrait être liée à la multiplication des tests, dont près d’un million ont été réalisés selon le ministère de la Santé, alors que le dépistage devient plus systématique au fil du temps. Le nombre de décès quotidiens, passé sous la barre des 100 en avril, semble se stabiliser depuis trois semaines autour de 70. Le président Hassan Rohani ne manque pas une occasion de rappeler à quel point son gouvernement a bien géré, selon lui, la crise sanitaire – en dépit d’une situation rendue particulièrement difficile par les sanctions américaines – par comparaison avec les pays européens ou les États-Unis, ennemi juré de la République islamique.

Mais son ministre de la Santé, Saïd Namaki, médecin de son état, et ses adjoints tiennent un discours nettement moins victorieux. Cité mardi par l’agence Isna, il s’inquiétait du fait « que des gens soient devenus complètement imprudents face à la maladie ». Depuis avril, les autorités ont progressivement levé les restrictions et mesures destinées à enrayer la propagation de l’épidémie. A Téhéran, la vie a repris un cours presque normal : les embouteillages caractéristiques de cette mégapole de quelque 10 millions d’habitants sont revenus, on se presse de nouveau en masse dans les rues, et on s’entasse dans les transports en commun, où le port du masque est obligatoire.

Les gens « ont soit totalement confiance en nous, soit ils pensent que le coronavirus est parti. Et cette dernière affirmation est complètement fausse », a averti Saïd Namaki. Cité par la télévision d’État, le ministre en rajoute contre les idées fausses, comme celle « selon laquelle le danger du coronavirus recule avec la chaleur de l’été ». Dans ses messages déroulants, la télévision cite encore le ministre déplorant que « certaines personnes et certains responsables ne prennent pas au sérieux [la menace du] coronavirus ».

LQ/AFP