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Foot et rap : l’OM dans le sang


Mamadou Niang et Soprano au Vél'. Une sale équipe ! (Photo : AFP)

Marseille a le flow. Le rap résonne au Vélodrome et les références à l’OM claquent dans les sons : pourquoi les liens entre musique urbaine et le club sont-ils plus forts que n’importe où ailleurs en Ligue 1 ? « Le mariage était évident entre l’OM et le rap », pour Sat l’Artificier.

L’ex de la Fonky Family, un des plus célèbres groupes de rap phocéens, développe pour sa théorie de l’union parfaite : « Une ville populaire, avec un sport populaire comme le foot et une musique populaire comme le rap ». La preuve? Hormis l’indémodable Jump de Van Halen, le hip-hop occupe toute la bande son au Vélodrome. La soirée commence avec Belsunce Breakdown, de Bouga, à l’entrée des joueurs pour l’échauffement, puis juste avant l’annonce de la composition des équipes, un clip projette des images de la ville et de ses footeux sur fond des Bad boys de Marseille, d’Akhenaton, un des chanteurs d’IAM, le plus grand groupe de rap marseillais.

Enfin quand les Olympiens ont gagné, la sono crache À la bien, de Soprano, autre enfant de la ville… et fan de l’OM. « Rap et foot, on est sur deux univers très proches », explique le directeur des contenus médias du club, Hervé Philippe, qui n’est pas MC mais a mis au point la cérémonie d’avant-match. Elle plaît au public et à Khéops, « architecte musical » du groupe IAM, les premiers représentants de ce son phocéen, depuis le début des années 1990. « Marseille est une ville rap », de son groupe jusqu’à « Soprano et Jul maintenant », insiste Khéops, et tous ces artistes ont « l’OM dans le sang ».

Et puis « tous les jeunes des virages Nord et Sud écoutent du rap », ajoute-t-il. Certes, Marseille est « une place forte du rap », mais Sat l’Artificier insiste sur « l’audace du club », qui a de longue date entretenu ce lien, à travers de nombreuses collaborations. L’emblématique Akhenaton avait dessiné le maillot européen de la campagne 2012/2013, et Soprano, en 2007, a tourné le clip de sa chanson Hallah hallah au Vélodrome. La fin du film montre même le chanteur rendre les clefs du stade à l’ancien président Pape Diouf, décédé récemment du coronavirus. Soprano a même été nommé ambassadeur de l’OM, salue Sat.

« Ce n’est pas rien. Imaginez, un petit Marseillais d’origine comorienne et du Plan d’Aou, un des quartiers les plus pauvres, aux frontières de la ville, ambassadeur du plus grand club français, c’est fort comme message! » Plus récemment, Alonzo, ancien comme Soprano des Psy 4 de la rime, autre monument du rap marseillais, a travaillé avec l’équipementier Puma. Il a notamment tourné dans la publicité pour le premier maillot, avec Diego Maradona. Sat lui-même partage depuis peu le micro avec le speaker historique du stade, Dédé Fournel. Soprano a déjà trois fois rempli le Vélodrome pour des concerts, et Jul devait le faire début juin.

La nouvelle star du rap marseillais a fait tourner des joueurs du club dans ses clips, comme Rémy Cabella. Enfin le club organise lui-même les OM Sessions. « On offre notre plateforme, qui est internationale, à des artistes locaux pas encore très connus, pour un freestyle de l’OM », décrit Hervé Philippe. Les clips sont tournés au Vél’ ou à La Commanderie, le centre d’entraînement, et un petit exercice de style est imposé, citer quelques mots comme par exemple « Hiroki Sakai », le joueur de l’OM, dans le morceau. Ils comptent des centaines de milliers de vues sur la chaine YouTube du club, comme À la Boli, d’Ilies.

« Cela fait plus de dix ans que l’institution OM entretient des liens très forts avec les rappeurs de la ville », résume Sat. Et la jeune génération vibre aussi pour son club, à l’image du morceau Bouba Kamara de Drime, hommage à la trajectoire du « Minot » Boubacar Kamara, du quartier populaire de La Soude jusqu’à l’équipe première de l’OM. Drime, programmé la saison prochaine aux OM Sessions, a aussi rendu hommage à Pape Diouf d’un freestyle devant le Vélodrome, sur les samples de Nés sous la même étoile, un fameux morceau d’IAM. L’OM et les rappeurs forment une grande famille. Un mariage heureux.

LQ/AFP