Les stocks de médicaments indispensables dans les services de réanimation s’épuisent. Au CHR Metz-Thionville comme dans les autres hôpitaux messins, les fournisseurs annoncent des limitations au profit des hôpitaux de Paris.
«Selon le type de médicaments, on a un stock de trente heures à cinq jours», explique le Dr Khalifé Khalifé, président de la commission médicale d’établissement (CME) du CHR Metz-Thionville. « Nous sommes obligés d’alerter car la situation est grave, les besoins sont ici. Il nous faut des stocks de médicaments, maintenant. Médicaments que nous pourrons redéployer sur d’autres régions quand on aura fini.»
Jeudi matin, il a lancé un appel à tous les élus pour leur signifier combien « l’approvisionnement en médicaments des hôpitaux de Moselle devenait plus que critique et ce, malgré nos appels aux instances sanitaires de la région. Il s’agit de produits indispensables au quotidien, et notre crainte plus que justifiée réside dans un contingentement au profit de la région parisienne alors que les besoins restent énormes dans notre département. »
«On fait de l’épargne»
Cette crise, Sébastien Gette, le patron de la réanimation du CHR Metz-Thionville, l’avait déjà évoquée, il y a une dizaine de jours. Alertant notamment sur les curares, qui permettent de relaxer les muscles des patients au moment de l’intubation.
À Claude-Bernard, comme aux hôpitaux privés de Metz (HP Metz), «les tensions s’étendent sur le Midazolam, qui permet d’entretenir l’anesthésie pendant la réanimation», détaille Gabriel Giacometti, directeur de la Clinique Claude-Bernard. «Nous manquons également d’antibiotiques indiqués pour la prise en charge des patients Covid-19.»
Régis Moreau, directeur des HP Metz, confirme : «Sur le Midazolam, nos fournisseurs n’arrivent plus à produire suffisamment et nous disent qu’une partie de notre commande a été contingentée. L’APHP (Assistance publique des hôpitaux de Paris) devient prioritaire.» Il ne cache pas son irritation.
«J’espère que le contingentement est proportionnel aux besoins immédiats pour les patients et pas au poids de l’établissement qui commande», remarque-t-il. Dans tous les services de réanimation, «on fait de l’épargne», témoigne Sébastien Gette. «On utilise d’autres solutions acceptables, mais c’est de plus en plus tendu.»
Arbitrage
Si les ravitaillements en masques ont été effectués, «grâce aux nombreux dons», salue Régis Moreau, il manque à présent cruellement de blouses, surblouses et gants pour le personnel soignant. «Nos livraisons ont été captées vers d’autres pays», reprend le directeur des HP Metz. Il en est de même pour les filtres des respirateurs.
Un élément essentiel pour protéger les soignants lors de protocoles de soins très précis en réanimation. Dans ce qui ressemble aujourd’hui à une guerre entre pays ou entre régions pour obtenir les bases vitales pour les soins des patients, le Dr Khalifé a demandé l’arbitrage de l’Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM) «afin de clarifier le contingentement des laboratoires pour le Midazolam et les curares».