Le nouveau coronavirus continuait à tuer mardi, particulièrement en Iran, au Japon et en Corée du Sud, et la multiplication des cas de contamination, y compris en Europe, accroît les risques de pandémie surtout dans les pays pauvres.
L’expert qui dirige la mission conjointe OMS/Chine, saluant le travail d’endiguement de la maladie réalisé par Pékin, s’est montré critique envers le reste de la planète. « Vous devez être prêt à gérer cela à une plus grande échelle, et cela doit être fait rapidement », mais le monde « n’est tout simplement pas prêt », a déclaré Bruce Aylward, de retour de Chine, devant la presse à Genève.
Le monde n’est « tout simplement pas prêt » à faire face à l’épidémie du nouveau coronavirus, déclare Bruce Aylward, l’expert qui dirige la mission conjointe OMS/Chine, saluant en revanche le travail d’endiguement de la maladie réalisé par Pékin #AFP pic.twitter.com/Xa7vyew4mJ
— Agence France-Presse (@afpfr) February 26, 2020
Face à ces risques, l’Italie, le pays européen comptant le plus de cas et de morts, a organisé mardi une réunion des ministres de la Santé de pays voisins pour déterminer « des lignes d’action communes ». L’épidémie « est à nos portes », a reconnu le ministre français de la Santé Olivier Véran, tout en se refusant à fermer les frontières. Le Premier ministre italien Giuseppe Conte a averti que « des limitations » à la libre circulation des Italiens de la part d’États étrangers seraient « injustes » et « inacceptables ».
L’Autriche a annoncé deux premiers cas de coronavirus dans la région du Tyrol, frontalière de l’Italie. La Croatie a annoncé qu’un jeune homme revenu récemment d’Italie avait été contaminé, premier cas connu dans les Balkans. L’OMS estime que l’épidémie apparue en décembre dans le centre de la Chine a déjà atteint un pic dans ce pays, où elle a contaminé quelque 77 000 personnes dont 2 600 sont mortes. Mais avec cinq nouveaux pays touchés dans la seule journée de lundi (Afghanistan, Bahrein, Koweit, Irak, Oman), la maladie Covid-19 concerne désormais, Chine mise à part, plus d’une trentaine d’États où elle a fait plus de 40 morts et 2 500 cas de contamination.
L’Iran particulièrement touché
Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a averti que le monde restait menacé de « pandémie », à savoir une épidémie d’ampleur internationale. L’agence de l’ONU s’inquiète particulièrement des risques pour les pays pauvres, mal équipés pour dépister et combattre le nouveau virus. La Chine est prête à offrir assistance et matériel médical aux pays africains face à l’épidémie de coronavirus, a déclaré le président Xi Jinping. En Iran, la mission d’une une équipe d’experts de l’OMS a été retardée, mais reste prévue. La République islamique a annoncé mardi trois nouveaux décès, portant son bilan à 12 morts, le plus lourd en dehors de la Chine. Le vice-ministre de la Santé en personne a été testé positif au virus. Les Émirats arabes unis ont suspendu mardi tous les vols en provenance et à destination de l’Iran, une décision qui concerne au premier chef l’aéroport de Dubaï, le plus grand du monde pour les passagers étrangers. Plusieurs pays de la région ont annoncé des cas de contamination chez des personnes de retour d’Iran.
En Corée du Sud, la situation est « très grave », s’est alarmé le président Moon Jae-in, alors que le nombre de contaminations a encore bondi pour atteindre près d’un millier de cas. Le pays, qui compte désormais 10 morts, est ainsi le premier foyer mondial de contamination après son voisin chinois. Séoul avait initialement annoncé mardi une baisse du nombre quotidien de nouvelles contaminations, avant de relever ce chiffre de 60 à 144. Non loin de là, le Japon a annoncé le décès d’un quatrième passager issu du paquebot Diamond Princess où près de 700 personnes ont été contaminées.
Toscane et Sicile à leur tour affectées
Deux nouvelles régions d’Italie, la Toscane et la Sicile, ont recensé des contaminations, a annoncé mardi la Protection civile. Le dernier bilan officiel fait état de 283 cas en Italie dont 7 décès, soit une hausse de 54 cas par rapport à lundi. La Lombardie reste le principal foyer avec 212 cas dont six décès (+40 par rapport à lundi). Giuseppe Conte a reconnu un dysfonctionnement dans un hôpital local ayant favorisé la propagation du virus.
Aux Canaries, plusieurs centaines de touristes sont confinés dans un hôtel de l’île espagnole de Tenerife où a séjourné un Italien qui pourrait être infecté. En Chine, le bilan humain de mardi s’avérait moins dramatique. Le pays a enregistré 71 nouveaux décès en 24 heures, le chiffre le plus bas depuis près de trois semaines. D’après l’OMS, l’épidémie a connu un « pic » puis un « plateau » entre le 23 janvier et le 2 février, soit juste après la mise en quarantaine de Wuhan (11 millions d’habitants). En dehors de cette région, toujours en quarantaine, la vie semblait reprendre un cours un peu plus normal, notamment à Pékin où la circulation automobile s’intensifiait légèrement.
Le coronavirus change la donne de la mondialisation, a estimé le ministre français de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, soulignant « la nécessité impérative de relocaliser un certain nombre d’activités et d’être plus indépendant sur un certain nombre de chaînes de production ». Aux États-Unis, l’administration Trump prévoit de consacrer 2,5 milliards de dollars à la lutte contre la maladie.
LQ/AFP