Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le 14 octobre 2018, déi gréng ont signé une percée historique. Le travail accompli lors de leur première participation au gouvernement a débouché sur «un bond en avant colossal». En pleine euphorie, François Bausch avait ajouté que les électeurs avaient honoré un parti ayant fait preuve de «courage» et ayant mené une «politique offensive». Les gens «veulent des politiciens qui prennent des décisions, qui sont en contact avec le peuple», terminait le ministre dans une ambiance surchauffée.
Le formidable résultat de déi gréng a été décisif pour prolonger de cinq ans l’aventure de la coalition tricolore. Aujourd’hui, plus personne ne fanfaronne dans le camp des verts. Le parti traverse une «crise», pour reprendre les mots de François Bausch. Le coprésident Christian Kmiotek relativise en admettant que son parti vit un «moment difficile».
Malgré leurs déboires électoraux, un CSV ou même un LSAP ne vivent pas le même calvaire que déi gréng. Déjà marqué par le décès inopiné de Camille Gira en mai 2018, le parti écologiste se trouve dans l’obligation de remplacer un autre membre du gouvernement à la suite du grave accident cardiaque de Félix Braz.
Ces tragédies permettent de prendre de la hauteur et de relativiser. Par contre, déi gréng ne peuvent plus nier avoir commis des erreurs de taille depuis les législatives du 14 octobre. L’opposition n’a pas eu tort de reprocher une certaine arrogance aux ministres verts. Les tergiversations autour des fichiers «secrets» étaient aussi pour le moins malheureuses. Mais c’est bien l’affaire Traversini, soupçonné notamment de conflit d’intérêts et d’abus de pouvoir, qui a constitué une sorte de coup de grâce. «Cela ne correspond certainement pas aux objectifs ambitieux qu’on s’est fixés», admettait mercredi Christian Kmiotek.
Le nouveau départ amorcé mardi soir sera crucial pour redorer le blason de déi gréng. Un retour aux sources, avec notamment la concrétisation des mesures pour le climat, sera indispensable. Être proche des gens et prendre des décisions courageuses reste en effet le meilleur moyen de convaincre les électeurs.
David Marques