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Prison requise contre le policier qui avait agressé un collègue en boîte de nuit


Depuis novembre 2016, le policier de 28 ans est suspendu. (Photo : archives lq/Fabienne Armborst)

Les débats dans le procès du policier qui avait asséné des coups de poing à un collègue au Limpertsberg fin 2016 se sont achevés mercredi avec le réquisitoire. Le parquet a requis trois ans et demi de prison et une amende. Il estime qu’une partie de prison ferme s’impose. En raison de l’agressivité du policier et des conséquences de son acte.

« La forme la plus extrême de la possession : la destruction.» C’est en citant l’écrivain québécois Gaëtan Brulotte que le procureur d’État adjoint David Lentz a entamé son réquisitoire mercredi après-midi. Au deuxième jour du procès du policier de 28 ans poursuivi pour avoir brutalement frappé au visage un autre policier dans une boîte de nuit au Limpertsberg fin 2016, l’extrême violence et la gratuité des coups portés ce jourlà auront dominé les débats. En l’espace de quelques secondes, le jeune homme avait roué de coups de poing celui qu’il venait de croiser en compagnie de son ex.

«Sa carrière aussi a encaissé un sacré coup. Il a passé deux ans et neuf mois en arrêt maladie. Encore aujourd’hui, il ne peut pas exercer son métier comme avant sur le terrain», a soulevé Me Philippe Penning, qui assiste la victime. Les gestes du jeune homme, âgé de 33 ans, présent au procès n’auront pas échappé au représentant du parquet. «Combien de fois a-t-il dû se frotter l’oeil? C’est une gêne permanente. L’oeil est un des organes les plus importants», n’a-t-il pas manqué de relever. Et tout cela parce que le prévenu ne voulait pas accepter que sa copine ait mis fin à leur relation.

«Une partenaire n’est pas un objet, elle n’appartient à personne. Cela, il n’a pas voulu le comprendre», insistera le procureur d’État adjoint avant de s’attaquer aux faits. Le fonctionnaire, actuellement suspendu, est non seulement poursuivi pour coups et blessures volontaires, mais également pour harcèlement obsessionnel sur son ex. La preuve, ce sont tous ses messages recueillis dans un énorme classeur A4. Le procureur d’État adjoint n’a pas caché en avoir eu marre à la lecture du centième SMS : «De façon démesurée, il insiste pour récupérer son ex. D’après moi, son ego était blessé.» Et c’est donc dans «son délire de vouloir la posséder» qu’on en est arrivé à l’incident dans la nuit du 12 au 13 novembre 2016.

Un signe pour la société

La matérialité des faits, le prévenu ne la conteste pas. Dans sa plaidoirie, son avocat, Me Rosario Grasso, a parlé d’images vidéo qui ne font planer aucun doute sur ces six à sept coups de poing. Mais au niveau des circonstances aggravantes, les positions divergent. La défense ne partage pas l’avis du parquet qu’il y a lieu de retenir les coups «ayant causé une maladie paraissant incurable». S’il est vrai que l’expert médical chargé du dossier en 2016 en était venu à la conclusion que les séquelles devaient guérir, David Lentz a en effet donné à considérer que les récents certificats versés par Me Penning attestent que la victime souffre d’une diplopie. Ce qui signifie qu’elle voit double sur 60 à 80 cm. «Si je n’ai pas été convaincant, une expertise peut être ordonnée», a ajouté le procureur d’État adjoint.

Du même revers de la main, il a balayé le dépassement du délai raisonnable invoqué par la défense. Quant aux circonstances atténuantes soulevées, il répliquera : «Le prévenu n’est aujourd’hui peut-être plus la même personne qu’il y a trois ans. Or de l’autre côté, on a deux personnes qui ont souffert pendant trois ans…» «La société a besoin d’un signe qui dit que ce qui s’est passé doit être sanctionné», a-t-il conclu en requérant une amende et trois ans et demi de prison contre le policier, qui a passé deux mois en détention préventive. En raison de son «agressivité et des conséquences gravissimes de son acte», il demande qu’une partie de la peine soit ferme. L’autre partie devrait être assortie d’un sursis probatoire. «Je peux seulement l’encourager à poursuivre son suivi psychiatrique.»

«Trois ans et demi de prison sont disproportionnés», a réagi Me Grasso. Il en est convaincu : un expert médical doit se prononcer sur le lien causal entre l’incident et le préjudice invoqué par la victime. La 13e chambre correctionnelle rendra son jugement le 10 octobre.

Fabienne Armborst

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