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Grivèleries au restaurant : amende moins salée en appel


Romain ne se refusait absolument rien. (illustration Didier Sylvestre)

En appel, le quinquagénaire qui avait écumé plus d’une bonne adresse sans payer entre 2015 et 2018 s’en est sorti avec une simple amende de 1 500 euros.

En interjetant appel, le quinquagénaire a obtenu gain de cause. Lundi matin, les magistrats ont en effet déclaré son appel partiellement fondé. Pour les premiers faits tombant encore sous l’ancienne loi, en vigueur jusqu’en mars 2016, il bénéficie de l’extinction des poursuites. En cas de paiement avant l’audience, cette dernière entraîne en effet l’extinction de l’action publique.

Pour les faits restants, il bénéficie d’une réduction de peine. Il échappe aux neuf mois de prison assortis du sursis probatoire avec l’obligation notamment de se soumettre à un traitement psychiatrique. L’amende de 5 000 euros, quant à elle, est ramenée à 1 500 euros. Si la Cour d’appel a rejoint dans les grandes lignes les plaidoiries de la défense, elle n’a pas suivi les réquisitions du parquet général.

«On ne parle pas d’une ou deux grivèleries. Même si, pour certaines, l’action publique est désormais éteinte, il en reste toujours une ribambelle, 28 au total !», avait estimé sa représentante. Et d’insister : «Ce n’est pas la première fois qu’il va au resto et ne paie pas.»

Un cognac, un cordon bleu, un crumble, deux pinots gris, une bouteille de San Pellegrino, un expresso… Romain dégustait ses repas au restaurant. C’est le moins que l’on puisse dire. En général, il n’hésitait pas non plus à terminer avec un digestif. Sauf qu’au moment de payer l’addition, il faisait savoir qu’il n’avait pas d’argent. Entre fin 2015 et janvier 2018, le quinquagénaire avait ainsi écumé plus d’une bonne adresse. Midi et soir. Trente-cinq fois au total.

«Aujourd’hui, je paie les restos»

Il y a eu des restaurants huppés de la place d’Armes, une chaîne de restauration rapide, des pizzerias, brasseries, restaurants asiatiques… sans oublier la Schueberfouer ! Il n’y a pas que dans la capitale que Romain a sévi. Tout le pays y est passé : Mersch, Grevenmacher, Junglinster, Esch-sur-Alzette, Rumelange, Schifflange, Wormeldange, Remich… Et chaque sortie avait son prix. Cela allait de la simple consommation de quelques euros au menu complet de plus de 80 euros.

Ce n’est pourtant pas l’argent qui manquait à cet ancien enseignant, âgé aujourd’hui de 59 ans. Sa rente d’invalidité s’élevait à 4 000 euros par mois et il avait 500 000 euros sur son compte d’épargne… Mais son curateur ne lui passait pas assez d’argent de poche à son goût. Avec ses grivèleries, le quinquagénaire, placé sous tutelle, comptait manifester son mécontentement.

Après avoir fini son repas, il ne prenait pas les jambes à son cou. Souvent, quand il annonçait qu’il ne pouvait pas payer la note, la police arrivait sur place : «Je lui expliquais que mon curateur me traitait injustement. Et que je n’avais pas envie de souffrir de cette mesure jusqu’à la fin de mes jours», avait-il déclaré à la barre lors du premier procès.

À entendre son avocat, Me Daniel Baulisch, tout est rentré en ordre aujourd’hui. Avec son nouveau curateur, qu’il a depuis près de deux ans, tout fonctionnerait à merveille. «Est-ce que Monsieur se fait toujours aujourd’hui des bons restos ?», s’était intéressé la présidente de la Cour d’appel. Sa réponse ne s’était pas fait attendre : «Aujourd’hui, je paie les restos.»

Fabienne Armborst