La Nouvelle IRA, groupe républicain dissident luttant pour la réunification de l’Irlande, a admis mardi sa responsabilité dans la mort de la journaliste Lyra McKee, tuée par balle lors d’affrontements à Londonderry, dans une déclaration au quotidien The Irish News.
La Nouvelle IRA a présenté « ses sincères et entières excuses à la partenaire, à la famille et aux amis de Lyra McKee pour sa mort », selon le site de The Irish News qui affirme avoir reçu une déclaration contenant un message codé de la part du groupe dissident.
Cette jeune femme de 29 ans a été « tragiquement » tuée jeudi soir alors qu’elle se « tenait à côté des forces ennemies », a justifié la Nouvelle IRA en évoquant des forces de l’ordre « lourdement armées », qui auraient « provoqué les émeutes » précédant la mort par balle de la journaliste.
Ce drame rappelle les heures sombres des « Troubles » qui ont déchiré la province britannique d’Irlande du Nord pendant trois décennies. Opposant républicains nationalistes (catholiques), partisans de la réunification de l’Irlande, et loyalistes unionistes (protestants), défenseurs du maintien dans la Couronne britannique, ces violences avaient fait quelque 3500 morts avant de prendre fin grâce à l’accord du Vendredi saint de 1998. Cet accord avait imposé un retrait des forces britanniques et le désarmement de l’Armée républicaine irlandaise (IRA).
«Pas en notre nom», disent les habitants
Mais des républicains dissidents, luttant pour la réunification de l’Irlande, y compris par la violence, restent actifs, comme la Nouvelle IRA, créée entre 2011 et 2012. Ce groupe avait revendiqué l’explosion en janvier d’une voiture piégée à Londonderry. Un attentat auquel a succédé la découverte de plusieurs paquets contenant des petits engins explosifs, retrouvés notamment dans des bâtiments des aéroports de Londres City et Heathrow. Des actes également revendiqués par la Nouvelle IRA.
Après la mort de Lyra McKee jeudi soir, la police nord-irlandaise a affirmé avoir constaté un « changement radical » dans le quartier de Creggan, où ont eu lieu les affrontements et jusqu’ici réputé pour ses relations tendues avec les forces de l’ordre. Et sur l’emblématique mur du « Free Derry Corner », symbole des revendications séparatistes, a été inscrit le message « Pas en notre nom. R.I.P. Lyra », reflétant la colère des habitants et le rejet de cette forme de violence.
Les six principaux partis politiques d’Irlande du Nord – y compris les unionistes et les républicains incapables depuis plus de deux ans de se mettre d’accord pour former un gouvernement à Belfast – ont également publié une rare déclaration commune. « Le meurtre de Lyra, ont-ils écrit, constitue une attaque contre tous les membres de cette communauté, une attaque contre la paix et le processus démocratique ».
Les funérailles de la jeune femme doivent avoir lieu mercredi, à la cathédrale St-Anne de Belfast, d’après une publication Facebook de la partenaire de Lyra Mckee, Sara Canning. « Cela va être une célébration de sa vie », a-t-elle écrit, avant d’appeler les invités qui le souhaitent à se vêtir « de T-shirts en lien avec Harry Potter ». « Je sais qu’elle aurait adoré ça », a-t-elle affirmé.
AFP