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Gilets jaunes : le préfet de police limogé, des manifestations interdites


L'opposition, elle, accuse Christophe Castaner d'avoir été "incapable de donner une ligne claire aux autorités de police". (photo AFP)

Limogeage du préfet de police de Paris, interdictions de manifester et augmentation des amendes : Édouard Philippe s’est voulu ferme, lundi, en annonçant plusieurs mesures-phare après les violences et pillages survenus lors du 18e samedi consécutif de manifestations des gilets jaunes.

« Les événements survenus à Paris samedi dernier, en particulier sur les Champs-Élysées, sont intolérables et le président de la République a demandé au gouvernement d’apporter une réponse à la hauteur des enjeux », a rappelé le Premier ministre lors d’une brève allocution à Matignon, au sortir d’une réunion de crise présidée par Emmanuel Macron à l’Élysée. Le Premier ministre doit par ailleurs s’exprimer lundi au 20h de France 2.

Édouard Philippe a reconnu que la stratégie de maintien de l’ordre mise en œuvre depuis le début de la crise, début décembre, « n’a pas été correctement exécutée et que la conduite des opérations a connu des dysfonctionnements ». Le préfet de police de Paris, Michel Delpuech en a fait les frais. Il est remplacé par Didier Lallement, jusqu’alors préfet de la région Nouvelle-Aquitaine, dont le chef-lieu Bordeaux est l’un des épicentres de la crise des gilets jaunes et de ses débordements hebdomadaires. Didier Lallement, 62 ans, réputé pour avoir un caractère bien trempé, est une figure connue de l’exécutif, bien que n’ayant jamais exercé à la préfecture de police de Paris : influent secrétaire général du ministère de l’Intérieur de 2012 à 2014, il avait ensuite été nommé à la Cour des comptes.

Édouard Philippe a par ailleurs annoncé l’interdiction de manifester « chaque fois qu’il le faudra », dans les quartiers « les plus touchés », « dès lors que nous aurons connaissance d’éléments ‘ultras’ et de leur volonté de casser », en citant les Champs-Élysées à Paris, la place Pey-Berland à Bordeaux et celle du capitole à Toulouse. Il a indiqué avoir demandé à la Garde des Sceaux, Nicole Belloubet, « d’augmenter très nettement le montant de la contravention en cas de participation à une manifestation interdite », portant l’amende encourue à 135 euros, contre 38 euros actuellement.

En déplorant que « des consignes inappropriées passées pour réduire l’usage » des lanceurs de balle de défense (LBD), il a dit sa volonté de « renforcer la fermeté de notre doctrine de maintien de l’ordre ». Dans l’entourage du Premier ministre, on a souligné que la décision d’user avec modération des LBD n’était pas le fait du ministère de l’Intérieur.

Des comptes à rendre

Emmanuel Macron, qui avait dû écourter son séjour au ski, est monté lundi en première ligne pour défendre la « réponse de sécurité » qu’il entend apporter à ces violences. Matignon avait pour sa part reconnu dès dimanche des « dysfonctionnements » du dispositif de sécurité face à une flambée de violence qui renvoie à un niveau de tension connu en décembre, avec le saccage de l’Arc de Triomphe. Mais, pour l’un des porte-parole de LR, Lydia Guirous, « c’est trop simple et méprisant de s’en prendre aux policiers et au préfet Michel Delpuech qui sont sur le pont depuis 4 mois », a-t-elle estimé sur Twitter, en reprochant à Christophe Castaner d’avoir été « incapable de donner une ligne claire aux autorités de police ».

Le ministre de l’Intérieur a été directement mis en accusation dès dimanche soir par l’opposition. Christophe Castaner et son homologue pour l’Économie Bruno Le Maire devront s’expliquer mardi devant les commissions des Lois et des Affaires économiques du Sénat sur ces violences et leurs conséquences économiques. Bruno Le Maire recevait en outre lundi après-midi à Bercy des représentants des secteurs d’activités touchés, alors que le Premier ministre s’entretiendra mardi avec la maire de Paris Anne Hidalgo.

Au total, 27 commerces ont été pillés et 124 dégradés samedi à Paris, selon Édouard Philippe. Les dégâts liés aux manifestations des gilets jaunes en France ont été estimés à 170 millions d’euros depuis le début du mouvement mi-novembre par la fédération française de l’assurance lundi, compte non tenu des nouvelles dégradations commises samedi sur les Champs-Élysées.

LQ/AFP