Un danger de plus menace les insectes : avec le beau temps précoce, certains sortent d’hibernation très tôt et risquent de mourir de faim.
Tant que le phénomène reste exceptionnel, il n’y a pas d’impact sur le long terme sur les populations d’insectes. Au contraire, s’il se répète et devient régulier, cela mettra en danger plusieurs espèces, explique Élisabeth Kirsch, conseillère nature pour natur&ëmwelt.
Quel impact ces beaux jours qui interviennent très tôt dans la saison peuvent-ils avoir sur les insectes?
Élisabeth Kirsch : Il est difficile d’estimer maintenant quel effet ce temps aura sur les populations d’insectes au printemps et à l’été. Ce sont surtout les guêpes solitaires que l’on voit déjà actives ou encore les premières reines de bourdon. Le problème est qu’il n’y a quasiment pas de fleurs, la floraison n’a presque pas démarré et les insectes ne trouvent pas de nourriture. Leurs réserves énergétiques vont vite être épuisées et ils risquent de mourir de faim.
D’autres insectes risquent-ils également de souffrir de la faim?
Les papillons sont aussi concernés par ce danger, en particulier le paon-du-jour, la vanesse de l’ortie ou encore le papillon citron. Ces espèces ont la particularité d’hiberner sous la forme adulte et elles sont les premières à voler au printemps. Sans fleurs, ces pollinisateurs aussi vont vider leurs réserves énergétiques.
Nous sommes tout de même encore en février. Que se passera-t-il si les températures chutent à nouveau?
L’autre risque important, c’est si un gros coup de froid survient soudainement. Il signifierait la mort pour ces espèces qui pourraient ne pas trouver de refuge pour se protéger du froid et ne pas avoir assez de réserves pour lutter contre les températures basses. Car leurs réserves auront été bien entamées et un changement brutal de température demande un effort considérable pour les insectes.
Si l’événement reste exceptionnel, cela n’engendrera pas trop de problèmes pour la population entière sur le long terme. Par contre, si ce phénomène météorologique devient fréquent ou régulier, beaucoup d’espèces d’insectes risquent de ne pas pouvoir s’adapter et, dans ce cas-là, ce sera problématique pour les populations. Certaines espèces de nos régions risqueraient de ne pas survivre et de disparaître, en particulier des abeilles ou des papillons.
Entretien avec Audrey Libiez