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L’enjeu méconnu de l’huile de palme durable


Première huile végétale dans le monde, l'huile de palme et ses dérivés sont utilisés aussi bien dans l'agroalimentaire que dans l’énergie, la pharmacie, ou les cosmétiques. (Photo : AFP)

L’huile de palme peut-elle devenir un produit durable au plan environnemental et social? Producteurs, consommateurs, négociants, industriels de l’agroalimentaire et ONG se réunissent mardi à Paris pour tenter de déterminer des standards de production admis par tous.

Première huile végétale dans le monde, l’huile de palme et ses dérivés sont utilisés aussi bien dans l’agroalimentaire que dans l’énergie, la pharmacie, ou les cosmétiques.

Depuis 2004, certains acteurs du secteur, surtout européens, ont forgé ensemble une certification dite « responsable », garantissant que la culture du palmier à huile ne se fait pas au détriment de la forêt primaire et des droits fondamentaux des populations locales.

L’organisme de certification RSPO (Round Table for Sustainable Palm Oil), est néanmoins régulièrement contesté et mis en cause par des ONG qui l’accusent de n’avoir aucun impact sur la déforestation en Malaisie et Indonésie ou sur l’île de Bornéo, gros producteurs d’huile de palme, et des effets dévastateurs sur la biodiversité.

Le RSPO qui compte aujourd’hui 3 872 membres dans le monde entier, a certifié 12,2 millions de tonnes d’huile de palme en 2017, soit 19% de la production mondiale. « Les nouveaux critères », plus coercitifs, « seront finalisés et approuvés » lors de l’assemblée générale qui se tiendra à Bornéo en Malaisie du 12 au 15 novembre a indiqué Stefano Savi, directeur des relations extérieures du RSPO.

Une réunion européenne chaque année

En attendant, la réunion de mardi à Paris sert essentiellement à faire communiquer industriels et ONG, mais aussi à « faire avancer » le débat en France, souligne Stefano Savi. Depuis cinq ans, l’organisme tient une réunion par an dans une ville européenne, Amsterdam, Berlin, Londres, Milan, et cette année Paris, pour la première fois.

« La plupart du temps, le débat en France se focalise autour de l’interdiction de l’huile de palme, ou une demande de substitution. Mais se laver les mains d’un problème ne signifie pas trouver une solution » dit-il.

« S’il n’y a pas d’huile de palme durable, il y aura quelque chose de pire que l’huile de palme » prévient-il, en évoquant « d’autres huiles végétales » nécessitant « quatre à cinq fois plus de surfaces que le palmier à huile » pour un rendement identique. « Si on supprime un hectare de plantation d’huile de palme à Bornéo, il faudra 4 ou 5 hectares de soja en Amazonie pour remplacer » prévient-il.

« Nous devrions cesser de penser qu’en fermant les yeux sur un problème nous allons le résoudre », dit-il, car « nous sommes tous liés à la déforestation », dès lors que nous consommons. « Il est important de ne pas regarder les matières premières agricoles comme bonnes ou mauvaises, il vaut mieux regarder les pratiques » suggère-t-il.

AFP et Le Quotidien