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« Penelopegate » : le point sur l’affaire qui embarrasse François Fillon


Que de doutes actuellement, autour de François Fillon. (illustration AFP)

Employer son épouse comme assistante parlementaire est-il illégal ? Que risque François Fillon dans l’affaire Penelope ? Peut-il être amené à renoncer à la présidentielle ? Ce que l’on sait de cette affaire embarrassante pour le candidat de la droite.

Légal ou pas ? Fictif ou pas ?

Sans profession connue, Penelope Fillon est visée par des accusations d’emplois fictifs lancées par Le Canard enchaîné. En cause : 500 000 euros de salaires perçus comme assistante parlementaire de son mari, puis de son suppléant, alors que personne n’avait jusqu’ici entendu parler de cette activité de Penelope Fillon. Cette pratique n’a rien d’illégal, à condition bien entendu que l’intéressé(e) travaille réellement.

Mais elle passe mal : 76% des Français veulent que les parlementaires aient interdiction d’embaucher tout membre de leur famille, selon un sondage Odoxa publié vendredi. Le parquet national financier a ouvert une enquête préliminaire, notamment sur des soupçons de « détournement de fonds publics », et lancé ses investigations. Une perquisition a été menée à la Revue des Deux Mondes, propriété de Marc Ladreit de Lacharrière, PDG de Fimalac et ami de François Fillon, car l’enquête vise aussi des soupçons d’abus de biens sociaux : Penelope Fillon aurait été salariée de cette revue pour environ 5 000 euros brut par mois.

Fillon risque-t-il une mise en examen avant la présidentielle ?

Probablement pas. Au terme de l’enquête, le parquet peut classer sans suite le dossier ou, s’il estime avoir réuni des charges suffisantes, citer directement le ou les mis en cause devant le tribunal pour un procès, sans passer par une mise en examen. Si l’affaire requiert des investigations complexes, ou pour éloigner toute suspicion de manipulation politique, le parquet peut aussi saisir un juge d’instruction. Difficile alors d’imaginer que des mises en examen interviennent avant l’ouverture de la campagne présidentielle, le 10 avril. D’autant que la justice a pour pratique de s’abstenir de prononcer des mises en examen avant un scrutin.

Une affaire handicapante ?

Assurément. Les dégâts risquent d’être très lourds dans l’opinion pour celui qui avait fait de « la probité » son credo. « On ne peut pas diriger la France si on n’est pas irréprochable », clamait en novembre François Fillon. Aujourd’hui, seuls 32% des Français le jugent « honnête », selon Odoxa. Sa phrase choc contre Nicolas Sarkozy – « Vous imaginez le général de Gaulle mis en examen ? » – lui revient cruellement en boomerang, détournée par ses rivaux : « Vous imaginez le général de Gaulle employant Tante Yvonne à l’Élysée ? »

Couac de communication ?

Visiblement. Ébranlés, François Fillon et son entourage ont montré un certain flottement, avec des explications parfois contradictoires. Exemple : Bernard Accoyer assure avoir « souvent vu » Penelope Fillon travailler à l’Assemblée nationale, là où la porte-parole du candidat, Florence Portelli, explique que « si on n’a pas vu Mme Fillon, c’est parce qu’elle était dans la Sarthe ». Semblant anticiper d’autres « boules puantes », François Fillon a confié jeudi avoir, quand il était sénateur de 2005 à 2007, « rémunéré pour des missions précises deux de (ses) enfants qui étaient avocats, en raison de leurs compétences ». Problème : ni sa fille, ni son fils n’étaient alors officiellement avocats. « Imprécision de langage », a tenté de minorer son entourage.

Un changement de candidat possible ?

Théoriquement non, mais… « La seule chose qui m’empêcherait d’être candidat, c’est si j’étais mis en examen », a dit François Fillon pour tenter de couper court aux interrogations. Dans les statuts du parti Les Républicains comme dans la charte de la primaire de la droite, rien n’est prévu si le vainqueur de la primaire renonce à se présenter à la présidentielle ou s’il venait à décéder. Une nouvelle primaire ? Irréaliste à moins de trois mois du premier tour et à sept semaines du dépôt des parrainages d’élus. Un candidat de substitution simplement « désigné » ? « Fillon est mort. La question est de savoir si on peut le débrancher et si oui, quand… » lâche un responsable. Son ex-rival, Alain Juppé, a exclu « clairement et définitivement » d’être un recours.

Le Quotidien/AFP