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Après la démission de Matteo Renzi, le président italien entame ses consultations


M. Renzi a démissionné mercredi soir. (photo AFP)

Le président italien Sergio Mattarella commence jeudi à consulter les forces politiques du pays pour déterminer la marche à suivre, entre élections anticipées, gouvernement technique et réforme électorale, après la démission du chef du gouvernement Matteo Renzi.

Après son échec dans les urnes dimanche, M. Renzi a démissionné mercredi soir, mais entre plaisanteries et discours devant les siens, il est surtout apparu prêt à repartir au combat.

« Demain matin (jeudi), j’organiserai avec mes enfants un tournoi de Playstation où j’espère avoir plus de chance qu’ici », a ironisé M. Renzi, démissionnaire à la suite du rejet par référendum de sa réforme constitutionnelle, après avoir passé un peu plus de 1.000 jours à la tête de l’Italie.

Mais avant de rentrer en Toscane, où vivent sa femme et ses trois enfants, il a clairement démontré tout au long de la journée de mercredi qu’il restait combatif et prêt à en découdre, y compris devant la direction de son Parti démocrate (PD, centre gauche).

« Nous n’avons peur de rien ni de personne, si les autres partis veulent des élections (…) le PD n’a pas peur de la démocratie ou des votes », a-t-il affirmé devant la direction de son parti, dont il est toujours le numéro un.

Et si les partis politiques italiens veulent que le parlement aille jusqu’à son terme début 2018, qu’ils prennent « tous » leurs responsabilités pour former un gouvernement entre eux, a-t-il ajouté.

Autrement dit, puisque plusieurs partis ont déjà réclamé des élections anticipées, il ne reste que cette voie qui a aussi sa préférence.

Car, loin d’avoir renoncé à tout avenir politique, il semble pressé d’en découdre à nouveau. « Il est temps de se remettre en chemin », a-t-il aussi écrit mercredi aux Italiens. Et il n’est pas le seul: les populistes du Mouvement 5 étoiles (M5S) ou de la Ligue du Nord, qui ont le vent en poupe après un vote ayant confirmé la vague de mécontentement populaire née avec le Brexit et confirmée par l’élection de Donald Trump, sont sur la même ligne.

« Nous réclamons des élections immédiatement, sinon nous inviterons les citoyens à descendre dans la rue », a lancé mercredi Matteo Salvini, chef de la Ligue du Nord, proche du Front National français.

Une transition ordonnée

Le président de la République avait refusé lundi la démission de Matteo Renzi, 41 ans, lui demandant d’assurer d’abord l’adoption définitive du budget 2017 au Parlement.

C’est chose faite depuis un vote au Sénat mercredi après-midi, grâce à un vote de confiance pour éviter tout débat. Vers 19H00 (18H00 GMT), M. Renzi est donc retourné auprès du président pour présenter sa démission lors d’un entretien qui a duré environ 40 minutes.

Il est la deuxième victime d’un référendum en Europe après la démission cet été de David Cameron, l’ex-Premier ministre britannnique, tombé après le non de ses compatriotes au maintien de leur pays dans l’Union européenne.

Le président Mattarella va entamer dès jeudi à 18H00 (17H00 GMT) — pourtant un jour férié en Italie — ses consultations.

Il semble avoir surtout à coeur de ne pas bousculer les institutions et de permettre une transition ordonnée. Selon une indiscrétion transmise à la presse par des sources à la présidence, il a estimé mardi qu’il était « inconcevable d’aller aux élections avant d’avoir rendu les modes de scrutin de la Chambre des députés et du Sénat homogènes ».

Une loi adoptée en mai 2015, baptisée Italicum, prévoit un scrutin majoritaire pour la Chambre des députés, alors que l’échec de la réforme constitutionnelle maintient tous ses pouvoirs à un Sénat qui reste élu à la proportionnelle, ce qui risque de rendre la création d’une coalition improbable et le pays ingouvernable.

La Cour constitutionnelle, saisie d’une série de recours contre l’Italicum, doit se pencher sur la question le 24 janvier et pourrait édicter une règle du jeu que toutes les parties devront accepter.

Mais le temps presse, l’incertitude inquiète à l’étranger et même si la panique redoutée sur les marchés financiers n’a pas eu lieu – la Bourse de Milan a même gagné plus de 2% mercredi après avoir déjà pris 4,15% mardi -, la situation reste tendue.

L’agence de notation Moody’s a abaissé mercredi soir de stable à négative la perspective de la note de la dette de l’Italie. En abaissant la perspective, Moody’s implique que la note de la dette italienne, qui reste pour l’instant à « Baa2 », pourrait être dégradée dans les prochains mois.

Le Quotidien / AFP