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Vélos truqués : les réactions luxembourgeoises


"Depuis quelques années, les soupçons de dopage mécanique existaient", explique-t-on dans les sphères du cyclisme luxembourgeois. Soupçons confirmés le week-end dernier au travers de l'exemple Femke Van Den Driessche. (Photo AFP)

L’affaire de « dopage mécanique », ou le vélo équipé d’un moteur électrique, fait grand bruit depuis les Mondiaux de cyclo-cross. Au Luxembourg, on espère que les méthodes de détection s’avèreront fiables…

Jean Regenwetter, président de la Fédération luxembourgeoise de cyclisme (FSCL) : «Depuis quelques années, les soupçons de dopage mécanique existaient. Et ces dernières années, on en discutait dans les arcanes de l’UCI. Lorsque j’ai vu le premier prototype de la marque autrichienne Gruber, voici dix ans, j’ai compris que cela pouvait être utilisé en course. Du moment qu’on peut dissimuler un moteur très petit dans un cadre, il fallait s’y attendre. C’est évidemment de la triche. Mais j’ai confiance en Brian Cookson. Il met son énergie sur ce dossier et le prend au sérieux. Le cyclisme a grandement endigué le dopage, il ne laissera pas prospérer le moteur électrique, même si on sait que dans la vie, le braconnier a souvent une longueur d’avance sur le garde-forestier. Il faut continuer à se battre.»

Fernand Grethen, agent de contrôle du dopage au sein de la CADF (Cycling Antidoping Federation), ancien commissaire UCI : «J’interviens personnellement au sein de la CADF depuis deux ans, je ne suis plus commissaire international de cyclisme, mais je reste un passionné. Je n’aime pas l’expression de dopage mécanique car le dopage concerne le corps humain. La fraude mécanique, comment lutter efficacement contre ça ? Je me pose la question. J’espère que l’UCI en aura les moyens, car je suis triste lorsque le cyclisme souffre. La lutte contre le dopage a été un long combat et là, ça recommence avec la mécanique. C’est effectivement dramatique. Je pense néanmoins qu’un pas en avant a été franchi récemment. Il reste que pour lutter, il faut des moyens humains et techniques. Ce ne sont pas les organisateurs qui ont déjà beaucoup donné pour lutter contre le dopage qui pourront y contribuer, d’ailleurs, de plus en plus de courses disparaissent.»

Tom Flammang (ancien coureur professionnel, marchand de cycles, consultant pour RTL télé et directeur sportif de Leopard) : «Dans mon magasin je vends de plus en plus de vélos électriques, que ce soient des VTT ou des vélos de ville, mais jamais un client n’a cherché à se renseigner pour faire rentrer un moteur dans un cadre de son vélo de route. J’espère que l’UCI ira le plus vite possible dans cette nouvelle lutte, car c’est un réel danger. Un danger dont nous rigolions voici peu encore, car en définitif, on pensait que ce n’était pas possible. Et puis la lutte contre le dopage a eu un réel effet, les choses ont bien changé en dix ans. Si le cyclisme retombait avec un nouveau fléau, ce serait sans doute de trop. Il ne faut plus hésiter à sanctionner lourdement les fautifs.»

Benoît Joachim (ancien coureur professionnel, reconverti dans les affaires et l’immobilier, faisant office de président du CC Mondercange) : «J’imagine que c’est le début d’un grand débat qui peut aller loin. Par exemple, faut-il suspendre la fautive par un week-end de suspension, comme ce fut le cas en Formule 1 pour des pneus non conformes à la législation, ou la suspendre à vie ? Il s’agira d’un débat de la technologie dans le sport. Partout où il y a de la gagne, il y a de la triche. Pour que les fautifs soient sortis du jeu, il faut d’abord que les moyens de détection soient fiables. Mais c’est clair que le cyclisme qui a réussi sa lutte contre le dopage doit réussir sa lutte contre la fraude mécanique. Pour le moment, ce n’est pas gagné.»

Recueilli par Denis Bastien

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