SÉLECTION NATIONALE Les Roud Léiwen ont de quoi être fiers de leur campagne des éliminatoires du Mondial-2022. Mais s’ils parvenaient enfin à conquérir du concret?
Même les journalistes vont parfois trop vite, quitte à avoir des scrupules tardifs. «Triste soirée», avons-nous titré en une de notre cahier sports, lundi, au lendemain de la défaite contre l’Irlande (0-3). Faux. Il eut fallu écrire «Belle soirée, triste épilogue». C’eût été plus conforme à la réalité du sentiment national qui a fait une haie d’honneur aux Roud Léiwen pour la campagne la plus prolifique de leur histoire en éliminatoires d’un Mondial.
Lundi, avant le coup d’envoi des tout derniers matches de la phase de groupes, quelque 18 nations avaient fait moins bien que ces neuf points glanés par Holtz et ses hommes au fil de neuf mois de compétition. Avec peu de risques de voir ce total fondre. Or le Luxembourg a hérité d’un groupe extraordinairement compliqué (rendu même un peu inéquitable par l’adjonction du Qatar, qui a eu des répercussions évidentes sur le calendrier) et réduit à cinq éléments. «C’est mon unique regret, a lâché Luc Holtz en conférence de presse d’après-match : qu’on n’ait pas été dans un groupe à six.» Reversé dans l’un de ces groupes, le Grand-Duché aurait en effet croisé des équipes de queue de peloton, du genre du Liechtenstein (1 pt, 2 buts marqués, 34 encaissés) ou de Gibraltar (0 pt, 3 buts marqués, 40 encaissés) et aujourd’hui, on parlerait sûrement en des termes encore plus fleuris de la première campagne à 15 points de l’histoire…
Nations League : encore deuxième?
Reste que désormais, il va falloir travailler cette matière et faire en sorte d’accéder à du concret. On ne retrouvera les Roud Léiwen en compétition officielle qu’au mois de juin, avec quatre semaines étouffantes à… quatre matches de Nations League. Dans quel groupe? Ce sera tout l’intérêt du tirage au sort du 16 décembre prochain qui pourrait laisser envisager, encore, une première place. Après les deux espoirs déçus des précédentes campagnes, toutes deux terminées en position de dauphin après avoir un temps envisagé une issue bien plus favorable, le nom des adversaires sera comme toujours crucial. En Ligue C, Laurent Jans et ses coéquipiers auront droit à l’une de ces quatre têtes de série : Turquie, Slovaquie, Bulgarie ou Irlande du Nord. Les deux autres chapeaux, composés d’équipes qui sont théoriquement inférieures sur le papier aux Roud Léiwen : Lituanie, Géorgie, Azerbaïdjan, Kosovo d’un côté, Kazakhstan ou Moldavie, Chypre ou Estonie, Gibraltar, Îles Féroé de l’autre.
L’année 2022 permettra au moins au pays d’avoir l’impression d’être arbitré comme tout le monde. Après dix matches à désespérer autant des décisions arbitrales prises dans l’instant que celles analysées par la VAR, affronter des pairs plutôt que de grandes nations devrait permettre au sélectionneur de baisser un peu en température. Et à son équipe de reprendre un rythme de croissance basé sur la conquête d’un objectif concret. Puisqu’il est évident que désormais, ce groupe est outillé pour aller jouer dans une autre cour et qu’il ne pourra pas éternellement se contenter des déceptions qui constituent son lot quotidien de matches couperets, depuis trois ans. C’est le cas depuis le 15 novembre 2018 et une défaite face au Bélarus (0-2) alors que la victoire lui tendait les bras dans le groupe 2 de la Ligue D. Tout comme le raté à Chypre (2-1) signerait, l’année suivante, un renoncement à remporter le groupe 1 de la Ligue C. Marre des petites frustrations.
Et sinon, les U19…
Mardi, à Wiltz (18 h), les U19 de Manou Cardoni bouclent leur campagne des éliminatoires de l’Euro contre l’Azerbaïdjan. Après les défaites face à l’Espagne (2-1) et la Belgique (5-1), une victoire contre la lanterne rouge pour finir?
Julien Mollereau