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[Roud Léiwen] Grandjean : «Ils ont été très très très bons à un moment clef»


«Au-delà de tout ce qui a pu se passer dans la foulée des 48 heures qui ont suivi le Liechtenstein, ils avaient l’envie de faire quelque chose et savaient qu’ils le pouvaient», analyse Sébastien Grandjean. (Photo: Mélanie Maps)

Notre chroniqueur a adoré la réaction des Roud Léiwen après 48 heures extrêmement chahutées par les défections et désertions. Et il le dit.

Dans ma dernière chronique, j’avais émis des doutes quant à la mentalité et l’esprit d’équipe et là, je crois qu’on a eu une réponse claire et nette des joueurs. Je suis donc, comme toujours, honnête intellectuellement dans cette analyse. On a eu la réponse, donc, mais également celle sur le point de trouver un projet de jeu qui corresponde au Luxembourg : jouer en bloc, les uns pour les autres, fermer les espaces, contrer dès que c’est possible et jouer avec ses valeurs sans se prendre pour d’autres, c’est-à-dire avec un bloc médian, voire bas, avec des milieux qui défendent en avançant pour faire reculer l’adversaire et récupérer le ballon dans des zones très précises. On l’a eu aussi! Le schéma tactique était le bon, avec un Jans renvoyé dans son bon couloir, notamment.

Dans ce plan de jeu et surtout dans cet esprit collectif-là, les individualités ont pu se lâcher et il me semble que le moment auquel cela arrive est à souligner. Quand tu mets de bonnes valeurs, tu reçois de bonnes choses. Le coach aussi doit le prendre pour lui : ce mardi, les Roud Léiwen ont été très, très, très bons ! Et cet état de fait vient à un moment clef, car il y avait le feu dans la maison et que c’est à ce moment qu’on a l’impression que les joueurs ont su être solidaires, qu’ils se sont parlé. Entre eux. Voire avec leur coach. Et au-delà de tout ce qui a pu se passer dans la foulée des 48 heures qui ont suivi le Liechtenstein, ils avaient l’envie de faire quelque chose et savaient qu’ils le pouvaient.

«Non, les absents n’ont pas tort»

C’est ce qui me fait dire – non, redire – qu’il est l’heure pour les résultats dans le cadre d’un projet humble. Il est temps de tirer de ce match une équipe type dans laquelle les douze ou treize premières places vont être dures à bousculer à moins de le vouloir vraiment et d’être très bon à l’entraînement. Et on ne parle plus, là, d’une équipe qui doit faire plaisir de temps en temps aux gens, mais d’une équipe dont l’aspiration doit être, c’est fou à dire, mais de se qualifier pour une grande compétition internationale. C’est évident après le match en Bosnie : la 2e place, c’est jouable ! Parce qu’après avoir aussi vu le match contre la Slovaquie, j’estime qu’on est plus forts qu’eux.

Attention, ce match de Zenica ne doit pas laisser croire que les absents – Gerson Rodrigues, Tim Hall, Vincent et Olivier Thill – ont tort. Non, il faut respecter leur ras-le-bol (NDLR : Gerson a été renvoyé à la maison par son sélectionneur, mais a montré son déplaisir contre le Liechtenstein), car il correspond au fait qu’ils n’arrivent plus à vivre dans le cadre actuel. Luc Holtz, face à ces événements, en a écarté trois et a subi le départ de Vincent. Tout autant que ses joueurs, il doit assumer, mais aussi tout faire pour qu’ils reviennent parce que le Luxembourg, dans sa quête d’une deuxième place, a besoin de tout le monde! Pourquoi ne serait-on pas dans ce « trip« -là, fou : se qualifier?

«Enes, s’il n’a pas gagné ses galons, là…»

La question des hommes est importante aussi. Par exemple, un Enes Mahmutovic devrait être titulaire indiscutable depuis longtemps à mon avis et il vient de montrer toutes ses capacités contre un Edin Dzeko. Alors non, il n’est pas le plus explosif, mais il est extrêmement intelligent et il a du vice et ça, c’est bien le plus important. Il est un peu le symbole de ces joueurs qui n’ont pas vraiment pu montrer leur valeur plus tôt et un match comme ça, si cela ne lui fait pas gagner ses galons durablement, c’est à n’y rien comprendre. Je sais qu’il avait eu énormément de mal à vivre le fait qu’Ikene lui soit passé devant contre les Féroé (NDLR : 2-2, en juin 2022). Aujourd’hui, il a envie de dire « je suis là, je veux aider mon pays!« 

On a aussi vu l’impact du duo Barreiro-Kiki Martins, qui donne le tempo à tout le groupe en récupérant et en confiant ensuite le ballon à des offensifs (ce qui inclut aussi Vincent et Olivier Thill ou Gerson Rodrigues) qui, dès qu’ils ont de l’espace, peuvent faire très mal. Et ce n’est pas parce qu’un jour, l’adversaire peut paraître plus faible que la Bosnie, qu’il faudrait changer cette façon de faire. Vous allez me dire, puisqu’on parle tactique, que j’ai déjà écrit qu’Olesen ne pouvait pas travailler dans un milieu avec Barreiro et Martins? Oui : quand il s’agit de faire le jeu et d’avoir la possession. Mais, quand il s’agit de défendre en avançant, si! D’ailleurs, c’est en suivant l’exemple de ces garçons qu’un Yvandro Borges peut grandir. Il doit s’imprégner de ce jeu pas compliqué pour exprimer ses fulgurances, qui sont enfin visibles.

Sébastien Grandjean