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[Sélection nationale] L’Euro-2024, faut-il commencer à y croire ?


Barreiro, taille patron, vient féliciter Sinani, taille lieutenant. (Photo : mélanie maps/sportspress.lu)

Le succès en Bosnie suscite des questions, mais des questions extrêmement agréables.

1) La victoire en Bosnie est-elle le plus gros succès de la décennie ?

Depuis 2013, les Roud Léiwen ont arraché… 24 victoires (pour 19 nuls et 55 défaites). Même parmi les partages de points, il y a eu des événements extrêmement retentissants, tels ce 1-1 contre l’Italie juste avant le Mondial brésilien ou ce 0-0 ramené de Toulouse contre la France de Mbappé et Griezmann. Au rayon des victoires, celle arrachée en Irlande (0-1) dans un stade vide et en amical à Differdange contre la Grèce (1-0) étaient aussi marquantes, à leur manière, puisqu’elles instauraient une crédibilité contre les nations européennes de deuxième rang.

Mais aucun de ces quatre rendez-vous ne saurait se hisser à la hauteur de ce « match-tournant«  de Zenica. Sans son buteur vedette (Gerson Rodrigues), au bout de 48 heures de psychodrame autour de la gestion de Luc Holtz et des défiances de plus en plus ouvertement manifestées chez certains joueurs, contre un adversaire jamais battu ni même accroché dans ce siècle (sept matches tout de même), sur une pelouse où le Grand-Duché n’avait jamais marqué, contre la paire Pjanic-Dzeko, les Roud Léiwen ont produit un match référence dans la manière et le résultat. Tous les précédents « coups«  réalisés ces dernières années n’avaient d’autre valeur que le fait d’exister.

Concrètement, ils n’ont jamais rien apporté d’autre que le bonheur de voir cette équipe progresser. Mais ce 0-2 en Bosnie est d’une portée majeure : il donne la certitude que le Grand-Duché sera au pire troisième d’un groupe à six à la fin de la phase aller, voire peut-être mieux. Il donne la certitude que cette génération n’est pas inférieure à la Slovaquie, la Bosnie et a fortiori l’Islande, qui viendra au stade de Luxembourg en septembre. Il donne la certitude que finir deuxième du groupe J n’est pas un rêve, mais une possibilité concrète.

Revenir de ce choc en ayant été exact au rendez-vous, au bout d’une longue saison, et avoir le niveau requis pour y survivre, en dit long sur l’instant.

2) Faut-il croire à une qualification à l’Euro-2024 ?

Là, on n’a plus vraiment le choix. Si le Grand-Duché peut se prévaloir d’une forme de logique sportive, alors il risque d’aborder sa rencontre à domicile contre l’Islande en étant légèrement favori et alors que la Slovaquie, 2e, se frottera elle au Portugal, qui a déjà un pied en Allemagne. Un Luxembourg ex æquo à la deuxième place, on n’y est pas encore, mais quoi qu’il arrive, il sortira en position préférentielle de la phase aller puisqu’il aura l’avantage de recevoir Slovaquie et Bosnie, pour les matches retours, dans un stade qui est devenu une petite cocotte-minute.

Il faut y croire, donc. Et continuer à regarder ailleurs puisqu’il n’y a pas qu’une voie. En effet, tous les astres semblent s’aligner : les équipes amenées à disputer des barrages pour accéder à l’Euro via la Nations League sont toutes au taquet. On misait tout sur la Turquie, leader du groupe D? Le Kazakhstan, 2e devant le Danemark d’un groupe H très serré ou la Grèce, devant les Pays-Bas dans un groupe B très ouvert, voire la Géorgie, 2e du groupe A avec un match en retard, répondent aux attentes au-delà des espérances. Au point que la FLF a très largement le droit de s’imaginer repêchée pour les barrages de Nations League, en 2024, avec des adversaires peut-être moins costauds que prévu.

Tout, vraiment tout semble aller dans le bon sens pour offrir un grand frisson au pays d’ici à la fin d’année. Sur les dernières campagnes de Nations League, il avait toujours manqué un petit quelque chose au moment précis pour décrocher une première place et se bagarrer pour le sésame des barrages. Cette fois, il pourrait tomber tout seul… ou ne même pas être nécessaire.

3) Quel avenir pour Gerson Rodrigues et Vincent Thill ?

La question est nouvelle. Elle s’est inversée. Il y a 48 heures, elle aurait sans doute pu être posée bien différemment : les joueurs peuvent-ils avoir raison de leur sélectionneur? Malgré treize années de bons et loyaux services, de résultats sans cesse plus probants, Luc Holtz semblait pointé du doigt de toutes parts pour de désormais apparentes relations conflictuelles avec ses joueurs. Y compris ceux qu’il a installés là.

En un résultat, qui démontre que son emprise sur le reste de l’effectif est réelle, il a donné des pistes de réflexion assez précises à son conseil d’administration. Lundi, Guy Hellers, ancien sélectionneur lui-même, estimait que le président de la FLF allait «faire comme d’habitude et mettre la poussière sous le tapis en espérant qu’on en parle plus». C’est un peu (mais pas complètement) l’inverse qu’il a fait, hier, depuis l’aéroport de Sarajevo alors que son service de presse avait indiqué qu’on ne parlerait pas de la crise sur ce déplacement : il a gentiment appelé par avance son sélectionneur à faire preuve de mansuétude pour mobiliser toutes les forces vives dans la course à l’exploit lors de ces éliminatoires…

Saisi par Olivier Thill, qui critique sa mise à l’écart («définitive» dixit Luc Holtz), en fin d’année dernière, Philipp semble presque vouloir étendre la nécessité d’ouvrir un dialogue constructif très vite. Tout est peut-être entre les mains de Holtz. De potentiellement menacé, il a le choix de la suite : devenir un coach rassembleur, capable de passer l’éponge et de rappeler tout le monde à ses obligations, ou choisir la fermeté et maintenir les punitions en misant sur le fait que ce groupe, même délesté de certains éléments de valeur, reste performant. Même sans Gerson?

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