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[BGL LIGUE] Le coronavirus va-t-il tuer l’équité?


La FFL et les clubs sont placés devant un dilemme pratiquement insoluble face aux mesures qu'imposent la propagation du virus Covid-19. (Photo / Editpress)

Le virus va-t-il créer de l’iniquité entre les clubs? L’idée même du débat a rendu Christian Strasser fou furieux. Le président de Mondorf, hypersensible sur le sujet, est peut-être le patron de club qui, en BGL Ligue, a su le plus profondément se désintoxiquer de la notion même de football et de compétition, en seulement 48 heures, et ne comprend même pas que l’on puisse lui poser la question de savoir comment son club s’organise.

Un souci que tous les autres clubs semblent aujourd’hui partager, unis dans le même espoir (rêve?) de reprendre la compétition assez vite. «Mais de quoi se plaignent-ils?, s’étrangle-t-il. Il y a 2 000 choses bien plus primordiales que le football aujourd’hui. La date de reprise, je m’en fous! Les gens se rendent-ils compte de l’épouvantable situation dans laquelle on peut se retrouver demain? Cela peut devenir comme en Chine ou en Italie et on a besoin de nos médecins pour soigner ceux qui doivent vraiment l’être, pas pour des raisons sportives.»

C’est sans doute la voie de la sagesse, mais l’humain est ainsi fait qu’il a besoin de se raccrocher à quelque chose pour avancer. Et en DN, le retour à la vie normale, ce sera visiblement, dans l’esprit de beaucoup de dirigeants, quand les arbitres de la FLF redonneront le coup d’envoi de la saison 2019/ 2020, à supposer qu’elle ne soit pas déjà condamnée. Dans ce registre d’inquiétudes déplacées, la fédération a pris vendredi sur le coin de la figure un problème qu’elle n’avait sans doute pas anticipé : l’équité qu’il faudra respecter en préalable à une éventuelle reprise des activités.

C’est que vendredi matin, l’une des premières choses que Fabio Marochi a faite a été de contacter ses services pour leur annoncer que sa commune lui interdisait l’accès au stade Jos-Haupert. Le président du Progrès n’y voit, en soi, rien d’illogique mais lui est remontée une autre information : tous les autres clubs de l’élite ne sont pas soumis au même régime de repos forcé. «J’ai remonté l’info, raconte Marochi, parce que si le championnat reprend dans deux ou trois semaines, il faut que les clubs soient tous sur un pied d’égalité!» «Je suis bien d’accord», acquiesce son homologue differdangeois, Fabrizio Bei.

Un dilemme insoluble

Selon ce que les clubs nous ont communiqué de leurs situations respectives (lire ci-contre), 65 % d’entre eux avaient encore, vendredi soir, le droit de s’entraîner. Les 35% restants, non. Il n’est sûrement pas à exclure que d’autres communes, ces prochains jours, décident de fermer elles aussi la boutique mais en attendant, la fédération se retrouve devant un problème mineur mais réel consistant à garantir une forme d’égalité des chances au cas où l’on rejoue au foot dans ce pays. «Si la fédération avait décidé de reconnaître une légitimité à la Ligue, nous aurions pu nous charger nous-mêmes d’établir un mode de fonctionnement», grince Romain Schumacher, le président dudelangeois, certain qu’on s’avance vers un dilemme insoluble. Il n’a pas tort.

Prenons l’exemple de Strassen, au hasard. Selon André Gierenz, son vice-président, il sera a priori impossible de remettre les pieds au stade Jean-Wirtz avant le 27 mars. Soit la FLF ne tient aucunement compte de cette spécificité dans ses choix futurs de calendrier, soit elle se doit de respecter une période de latence de deux semaines au moins avant le premier match de DN histoire de faire en sorte que chacun ait une période de préparation minimale qui, de toute façon, ne suffira pas. Dans le cas de Strassen, cela reviendrait à dire que, dans le meilleur des cas, il sera impossible de rejouer en match officiel avant la mi-avril au mieux. Or dans notre édition de jeudi, il a été établi, calculette en main qu’il s’agissait d’une deadline indépassable pour espérer finir le championnat dans les temps.

«Mais comment on va faire?»

Mais tout cela n’est que littérature. Il y a fort à parier, au regard de ce qui se passe dans tous les pays qui sont déjà passés par là, qu’on reprendra pas forcément au sortir de la trêve internationale et qu’il faudra attendre plus longtemps. Le problème de la reprise n’en sera alors que plus aigu. Cela ne pourra pas se refaire immédiatement et sans prendre en compte les disparités de préparation indépendantes, parfois, de la volonté des clubs.

«Mais comment on va faire?», s’inquiète Henri Bossi. «Nous, si on doit n’enchaîner que des semaines anglaises jusqu’à la fin de saison, on est foutus», lance Mersija Dragulovcanin, la secrétaire de Mühlenbach. «Il faudrait quand même vite qu’on nous dise vers quoi on se dirige, râle Jean Cazzaro, le boss de la Jeunesse. On ne nous dit rien, il faut qu’on ait une visibilité à long terme.» Ça, c’est peut-être pour mardi. On saura alors s’il faut se préoccuper d’harmoniser la condition physique des équipes à un moment de ce singulier printemps ou si ce problème de l’iniquité, encore bien superflu à l’heure actuelle, n’est juste qu’une vaste blague au regard de l’arrêt total du football luxembourgeois.

Julien Mollereau

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