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[Handball] : Vous pouvez répéter?


Romain Schockmel (à d.), ici aux côtés de son vice-président Thierry Wagner, est favorable au vu de la situation exceptionnelle liée au Covid-19, à une AXA League à 10 clubs la saison prochaine. (Photo : Julien Garroy)

Consultés une première fois sur le passage d’une DN à 10 équipes, les 15 clubs du pays doivent réitérer (ou non…) leur vote à la demande d’une fédération qui ne cache pas sa préférence…

Dire que le passage d’une AXA League de 8 à 10 clubs dès la saison prochaine divise le handball luxembourgeois relève de l’euphémisme. La fédération a officialisé hier le résultat du référendum sur lequel les 15 clubs du Grand-Duché se sont prononcés : 31-31 (chaque club dispose d’un nombre de voix spécifique*). Un match de belle facture entre les défenseurs de l’ouverture des portes de l’élite et ses opposants. Au vu du règlement, cette égalité, dans l’absolu, met un terme au débat, puisqu’un changement de cette nature doit requérir la majorité des voix. Mais voilà, dans le rapport du conseil d’administration, on peut lire ceci : «Le CA prend la décision de faire une demande aux clubs s’ils sont d’accord de jouer à 10 équipes en AXA League hommes.» Si la tournure vous paraît un brin alambiquée, c’est qu’elle l’est. En effet, via le référendum, les clubs se sont déjà exprimés. Alors, pourquoi leur reposer la question? En guise de réponse, voici une autre interrogation : si le résultat avait été en faveur d’une DN à 10 clubs, aurait-on redemandé un second vote?
D’ici à vendredi, les clubs vont devoir une nouvelle fois s’exprimer. Mais avec à l’esprit, cette fois, la position officielle de la FLH. «Pour pouvoir changer de formule, il faut la majorité des voix, rappelle Romain Schockmel, son président. On a le choix de rester à 8 clubs, les mêmes qu’en début de saison, ou de passer à 10 avec deux montées. Cette formule permet de ne léser personne…» À commencer par le Standard qui, selon nos informations, n’a pas ménagé sa peine ces derniers jours pour rallier les autres clubs à sa cause. Diane Weimischkirch, dans notre édition de 15 avril, martelait qu’une non-accession à l’élite serait «un coup bas terrible porté au Standard».

Au vu de la situation exceptionnelle que l’on traverse, j’en appelle à la solidarité entre les clubs. Et je l’assume pleinement!

Ce lobbying, car c’est bien de cela qu’il s’agit, va-t-il finir par payer? Là aussi, la réponse semble être dans la question. «On a l’impression que la fédération fait le forcing, qu’elle veut faire une fleur au Standard», estime un acteur du handball grand-ducal. «En cas d’absence de majorité, on ne changera rien. La fédération n’est pas au-dessus des clubs, mais à leur service, rappelle Romain Schockmel. Maintenant, au vu de la situation exceptionnelle que l’on traverse, j’en appelle à la solidarité entre les clubs. Et je l’assume pleinement!»
Le patron de la FLH a eu l’occasion de s’entretenir avec Diane Weimischkirch et de lui faire part de sa compassion. «Je lui ai dit que j’étais désolé pour elle et son club au vu des efforts réalisés.» Notamment sur le plan financier afin de bâtir une équipe, dirigée par l’ancien Eschois Lionel Pérignon, capable de se faire une place dans l’ascenseur avec les signatures de Sedin Zuzo (Esch, Red Boys) ou Alexandru Cioban (Käerjeng, Schifflange). Y aurait-il alors péril en la demeure en cas de non-montée? Son budget, la présidente du Standard n’avait pas souhaité le révéler. Tout juste déclarait-elle ceci : «Ce qui est sûr, c’est qu’on n’a pas les mêmes moyens que les grosses équipes de DN.» Mais la volonté, assurément, de vouloir jouer dans la même cour. Et qui pourrait le lui reprocher? Le Standard a réalisé un carton plein en glanant onze succès en autant de sorties! Toutefois, si l’écart de niveau entre l’élite et la Promotion incite à un certain relativisme, le club de la capitale ne mérite-t-il pas davantage sa place en DN que Pétange, par exemple, auteur d’un bilan bien tristounet en DN (1 victoire, 13 défaites) et battu lors de la 1re journée du play-off maintien par… Rumelange (24-25)?

L’avenir du handball luxembourgeois, c’est davantage une Axa League à 6 équipes qu’à 10, non?

À Mersch, l’idée de rejoindre l’élite est sujette à débat. Ainsi, si la perspective de se frotter à Esch, aux Red Boys et aux autres cadors est séduisante, elle ne fait guère oublier les tourments qu’engendrerait une montée. D’ailleurs, lors du premier référendum, la position de l’équipe nordiste a pu surprendre. «On a voté contre», confie Virginio Castellano, secrétaire administratif d’un club dépourvu de président et à la hiérarchie somme toute horizontale. Après consultation de son vestiaire, le club s’est montré réfractaire à une montée dans l’élite. «La majorité des joueurs estimaient qu’ils n’avaient pas gagné leur place sur le terrain», confie le dirigeant avant d’ajouter, plus terre à terre : «Les dépenses, comme celles liées aux frais d’arbitres, sont plus importantes en DN qu’en Promotion, et pour un club comme le nôtre, ce n’est pas rien…» Pour ce second vote, Mersch peut-il modifier sa position? «Je ne sais pas, on va de nouveau consulter les joueurs…»
De son côté, pour son baptême du feu, Bertrange vit une drôle de saison. Affilié depuis 2019 à la FLH, le dernier arrivé dans le paysage luxembourgeois a donné les deux voix dont il dispose au camp des… contre. Pour Tom Janin, l’entraîneur de l’équipe messieurs, une DN à dix clubs ne semble pas s’inscrire dans le sens de l’histoire. «L’avenir du handball luxembourgeois, c’est davantage une Axa League à 6 équipes qu’à 10, non?»
Pas faux. Très juste même si l’on se rappelle qu’au soir du 8 avril et de cette visioconférence lors de laquelle il fut décidé de procéder à ce référendum, le point essentiel qui figurait à l’ordre du jour avant d’être retiré n’était autre que l’étude de «la nouvelle formule du championnat pour la saison 2021/2022». Une mouture reportée, en cas de passage à dix clubs lors du prochain exercice, à 2022/2023. «Passer à six clubs entrerait dans un projet global destiné à développer dans son ensemble le handball luxembourgeois et à se professionnaliser davantage», explique Romain Schockmel, convaincu du potentiel dont dispose le Grand-Duché, qui devrait s’inspirer de ce qui se fait en Islande ou aux îles Féroé. «Ceci étant, au vu de la situation exceptionnelle, je le répète, je pense qu’il faut faire preuve de solidarité, non pas avec les petits clubs, je n’aime pas cette expression, mais avec les moins forts.»
Cette solidarité pourrait affaiblir la Promotion, réduite à quatre équipes «premières» et autant de réserves. «Dans ce cas, conclut non sans humour Tom Janin, comme Museldall a retiré son équipe, pourquoi ne pas faire une DN à 14 clubs?» Peut-être lors d’un énième référendum…

Charles Michel

* La répartition des voix : Käerjeng, Dudelange, Red Boys, Standard (6). Berchem, Diekirch, Esch (5). Museldall, Pétange (4). Mersch, Schifflange, Redange (3). Bettembourg, Rumelange, Bertrange (2).

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