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[Handball] Euro-2022 : Mitrea va jouer son premier match avec la sélection luxembourgeoise


Dimitri Mitrea, ici face à Tommy Wirtz, effectuera ses grands débuts en sélection à la Coque (Photo Luis Mangorrinha)

Retenu par Rostock, l’arrière droit a manqué les qualifications du Mondial-2021. L’ex-eschois fera son baptême du feu en sélection, ce jeudi soir, contre l’Estonie. Pas de quoi le faire trembler.

Quand sa mémoire flanche, le journaliste fait un petit tour aux archives. Aujourd’hui, celles-ci ne se trouvent plus dans des ouvrages au papier jauni (et sentant le renfermé) mais sur ordinateur. Un logiciel, une barre de recherche et le tour est joué. Mardi, en tapant «Mitrea», l’intelligence artificielle a littéralement fait rejaillir des cartons une petite pépite datant du 22 avril 2008.

Ce jour-là, Catalin Mitrea, fraîchement naturalisé luxembourgeois, assurait ne pas être contre une expérience en équipe nationale : «Si on m’appelle, je dirai oui.» Jamais appelé, si ce n’est une fois pour un tournoi amical en Allemagne, Catalin ne s’en formalise pas («J’avais 39 ans, j’étais trop vieux») et verra aujourd’hui son fils effectuer ses grands débuts avec le Luxembourg face à l’Estonie en barrage de l’Euro-2022.

Dimitri Mitrea (19 ans) s’est donc ajouté à la liste des joueurs retenus par Nikola Malesevic pour cette double confrontation face à l’Estonie. Le sélectionneur aurait sans doute désiré l’avoir à sa disposition lors des qualifications du Mondial-2021, le week-end dernier, mais l’intéressé était retenu par Till Wiechers, son entraîneur à Rostock, pour le déplacement à Ostsee (19-27), avant-dernier de la 3e Liga Nord-Est. Le tout pour quelque vingt minutes passées sur le terrain.

Ces qualifications, le jeune appelé les a donc suivies partiellement, et à distance, visionnant «la deuxième mi-temps contre la Slovaquie (NDLR : 16-22) et le match face aux îles Féroé (22-24)». Son impression? «La défense a été très bonne, les gardiens aussi, note-t-il. Malheureusement, le jeu offensif a été marqué par de nombreuses fautes techniques.»

Cette analyse, partagée par Malesevic, est à double tranchant pour Mitrea qui, pour sa première apparition sous le maillot des Roud Léiwen, pourrait se voir confier un rôle à responsabilités comme le laissait sous-entendre, mardi soir, le sélectionneur : «C’est sûr, par sa vision du jeu et ses automatismes avec ses anciens équipiers d’Esch, il va nous faire du bien.»

Pas de quoi affoler l’ancien Eschois dont le flegme en dit long sur sa capacité d’analyse et de gestion de ses émotions : «À partir du moment où tu entres sur le terrain, tu as déjà une responsabilité : celle de bien faire. Je m’attends à jouer. Combien de temps? Je ne sais pas, mais je pense que je peux apporter quelque chose à l’équipe.»

Malgré son jeune âge, Dimitri Mitrea dégage une maturité certaine et n’est aucunement en quête d’une figure tutélaire. «Je n’ai pas d’idole et, hormis les gros matches, je ne regarde pas de handball à la télé, j’y joue déjà assez», confie ce gaillard suffisamment élégant pour recevoir sans broncher les conseils – qu’il n’avait pas demandés – d’un paternel qui, jadis, essuya ses premiers tirs devant une cage dessinée à la craie sur le mur de la maison. «C’était il y a longtemps…» Une époque où Catalin, considéré alors comme l’un des tout meilleurs gardiens luxembourgeois avec le Berchemois Mike Majerus, était encore en activité.

Altruiste et généreux

À bientôt 50 ans – il les fêtera le 31 janvier –, le natif de Piatra Neamt suit l’évolution de son fils via un site internet diffusant les matches de 3e Liga. «J’ai toujours aimé voir Dimitri jouer, déclare-t-il avec une évidente tendresse. J’aime son style, sa vision, son altruisme.» Ce sens du collectif pouvait parfois agacer le père qu’il était. «Je lui disais « vas-y, va marquer », mais il me répondait « je ne joue pas tout seul, c’est un sport d’équipe ».»

Un altruisme doublé d’une générosité dans l’effort. «Quand, à 17 ans, je le voyais en équipe première tenter des percées dans les défenses adverses, je me disais « mais il va se faire claquer ». Mais il est courageux.» Ce souvenir fait sourire Dimitri Mitrea : «Au début, les adversaires se focalisaient plus sur mes partenaires. Quand ils me voyaient, vu mon gabarit, ils m’arrêtaient d’une seule main… Mais, par la suite, ils ont commencé à frapper plus fort pour m’effrayer et me faire passer le goût de recommencer. Mais ça ne marche pas. Même si je prends beaucoup de coups, je me relève et je souris…»

Rapide et explosif, Dimitri Mitrea pourrait donc apporter un peu d’impact à une base arrière en manque de percussion lors des qualifications du Mondial-2021. Capable de fulgurantes accélérations («sur ses trois premiers pas, il arrache tout», dixit son père), il pourrait ainsi libérer des espaces dans la défense adverse, faciliter la tâche du porteur du ballon et, ainsi, réduire les risques de pertes de balle. «On se comprend bien avec Christian (Bock)», glisse Dimitri Mitrea dont le profil apporte une solution supplémentaire à un poste d’arrière droit occupé le week-end dernier par l’expérimenté Alen Zekan et par Jacques Tironzelli, un autre jeune élément.

Ce jeudi soir, et peu importe le rôle que lui confiera Nikola Malesevic, Dimitri Mitrea aura à cœur de mettre en application le conseil de son père : «Plus tu donnes de la confiance à un entraîneur, plus tu joueras. En d’autres termes, c’est quand tu es mené de 2-3 buts à dix minutes de la fin que tu vois qui est joueur et qui l’est moins…» Histoire de marquer les esprits. Et les mémoires.

Charles Michel

Match Luxembourg-Estonie jeudi à 19h30 à la Coque. Ouverture des portes à 18h30.

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