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[Football] Raphael Duarte et les miracles d’Elversberg


Raphael Duarte du temps où il entraînait à Canach. Il vit d'autres émotions maintenant... (Photo : Gerry Schmit)

Mardi, à Bochum, l’ancien coach de Canach a frôlé un nouvel exploit en Coupe d’Allemagne avec Elversberg, leader surprise de D3 dont il est l’entraîneur adjoint.

Il n’y avait pas trois, mais quatre Luxembourgeois engagés en 16es de finale de Coupe d’Allemagne ce mardi. Le quatrième, simplement, était un peu moins visible que Leandro Barreiro et Laurent Jans, qui ont disputé l’intégralité des matches de Mayence (victoire 3-0) à Lübeck (D4) et de Mannheim (défaite 0-1) contre Nuremberg (D2), ou qu’Yvandro Borges, crédité de 7 minutes lors de l’élimination surprise (2-1) de Mönchengladbach à Darmstadt, leader de D2.

Et pour cause : c’est dans la zone technique et sur le banc que Raphael Duarte, adjoint depuis février de Horst Steffen à Elversberg, a passé la soirée. Le club de D3 n’est pas passé inaperçu, lui : il a longtemps fait jeu égal avec Bochum, pensionnaire de Bundesliga, avant de concéder l’ouverture du score à la 85e minute, «sur un deuxième ballon après un coup de pied arrêté».

Forcément, ce scénario «fait mal», mais il met aussi en exergue, outre leur approche décomplexée de l’événement, la grande flexibilité des joueurs du SV Elversberg, qui ont «su réagir à tous les changements et adaptations» de Bochum durant la partie, selon Duarte.

À l’école de la Regionalliga Südwest

Une souplesse qui s’explique par le fait qu’Elversberg «n’a ni la meilleure équipe, ni les meilleures individualités, ni le plus gros budget de D3», et doit donc «préparer chaque match dans le moindre détail pour avoir une chance de le gagner». Mais aussi parce que le club sarrois possède, à défaut, des éléments «très réceptifs» et chez qui la capacité d’adaptation est un «talent».

«Toutes les équipes ici n’ont pas ce profil de joueurs», observe le technicien luxembourgeois de 26 ans, qui concède tout de même que les Noir et Blanc n’ont «pas la plus mauvaise équipe de D3 non plus». Un coup d’œil au classement de 3. Liga suffit à le confirmer : pourtant promu, Elversberg caracole en tête après 12 journées.

Ce, malgré la concurrence de grosses cylindrées comme Munich 1860 (2e), jadis pensionnaire de Bundesliga, Wehen Wiesbaden (3e), «qui essaie de monter depuis des années», Ingolstadt (4e) et Dresde (5e), relégués de D2 avec les moyens que cela suppose, Sarrebruck (7e), «qui a un très gros budget» ou le Waldhof Mannheim (8e) de Laurent Jans, «qui veut aussi monter».

Alors, c’est quoi le secret? «On a des joueurs extraordinaires, qui absorbent tout, écoutent et mettent tout en pratique, décrypte Duarte, en charge de l’analyse vidéo postmatches et de la préparation des coups de pieds arrêtés. Et puis, ils forment vraiment une équipe. C’est un truc de fou! Les nouveaux n’avaient jamais vu ça, ils étaient tout de suite intégrés. Tout le monde s’entend bien, il n’y a pas d’ego, c’est super dans le vestiaire.»

Voilà pour l’aspect humain. D’un point de vue sportif, Elversberg, épargné pour l’instant par les blessures et les suspensions, bénéficie par ailleurs de son séjour récent dans «la meilleure des quatre Regionalliga. La poule Südwest est la plus compliquée, donc on est montés dans les circonstances les plus difficiles. Traditionnellement, les équipes qui viennent de cette division font de bonnes saisons, comme la réserve de Fribourg, Mannheim ou Sarrebruck.»

Leverkusen, l’acte fondateur

Et puis il y a ce projet de jeu, cette audace qui font dire à l’ancien entraîneur de la Jeunesse Canach (2018-2021) que l’excellente entame d’Elversberg (9 victoires, 1 nul, 2 défaites) ne tient pas qu’à l’euphorie de la montée et que l’équipe sarroise «n’est pas là-haut par hasard».

«Contre les grandes équipes, comme Dresde, on ne se concentre pas seulement sur comment défendre, illustre Duarte. On regarde aussi comment on peut construire.» À ce titre, la qualification fin juillet contre le Bayer Leverkusen (4-3) au 1er tour de la DFB-Pokal «a montré le type d’équipe qu’on est», estime-t-il.

«On a montré qu’on avait beaucoup d’idées et le courage de jouer vers l’avant, souligne celui qui a également officié quelques mois comme analyste vidéo à Hostert. On n’a pas défendu 90 minutes et gagné 1-0 : on a marqué quatre buts, et pas quatre penalties, trois dans le jeu et un corner. On était meilleurs qu’eux.»

Jusqu’où de tels principes mèneront-ils Elversberg? «On regarde toujours le prochain match, on se concentre et on s’engage à 100 % sur chaque adversaire, élude le Luxembourgeois. On ne regarde pas vraiment sur le long terme, où on peut être en fin de saison.» Lui non plus, d’ailleurs : «Pour l’instant, je suis très bien ici. Je profite de cette belle expérience, et on verra bien où ça me mène.»

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