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[Football] Manuel Correia : «Dirk Carlson est encore un gamin»


(Photo: Gerry Schmit)

Tombeur du Fola dimanche en 16e de finale de la Coupe, le Titus Pétange est, un peu à l’instar de l’an passé, une des formations les plus excitantes à voir à l’œuvre pour le moment en DN. Et ça en partie grâce à quelques joueurs dont nous a parlé Manuel Correia, l’entraîneur pétangeois.

Artur Abreu est parti du côté du Vitoria Guimaraes mais, après un début de campagne plutôt compliqué, le Titus Pétange est redevenu ces dernières semaines une des équipes à regarder si on souhaite voir du beau football en BGL Ligue. «La mayonnaise est en train de prendre», expliquaient dimanche, après la victoire 2-3 au Fola Esch, le président Duarte et son entraîneur, Manuel Correia. Nous avons interrogé ce dernier quant à l’actualité de cinq de ses joueurs majeurs à l’heure actuelle : Aldin Skenderovic, Dirk Carlson, Isaac Cissé, Filip Bojic et Simon Banza.

SON AVENIR EST-IL AU MILIEU DE TERRAIN?
NON… ET OUI

Après ses très bonnes prestations avec l’équipe nationale en France et face à la Bulgarie dans le milieu de terrain, l’international luxembourgeois Aldin Skenderovic (20 ans) avait, à chaque fois, déclaré qu’il voyait plus son avenir à cette place de sentinelle qu’en défense centrale.

Là où son entraîneur en club, Manuel Correia, l’aligne pourtant chaque week-end. C’était encore le cas en Coupe à Esch, dimanche.
«Moi, je le vois plus évoluer derrière, en défense», confirmait lundi le technicien luxembourgeois avant d’expliquer les raisons de son choix: pour Correia, on ne lui demande pas le même boulot en sélection que ce qu’il devrait être capable de faire avec Pétange en championnat.
«Vu son jeu au pied, je le préfère dans l’arrière-garde de mon équipe.

Pour jouer un cran plus haut en BGL Ligue, il faudrait qu’il soit plus participatif au niveau du jeu. En D1 luxembourgeoise, pour évoluer en milieu de terrain, il devrait plus attirer le jeu vers lui, prendre davantage d’initiatives, être plus « constructeur », pouvoir enchaîner un dribble ou deux, aligner les passes… Des choses où il va sans doute s’améliorer encore. En sélection, on ne lui demande pas la même chose : il doit avant tout couvrir le terrain, mais aussi être un peu le « bodyguard » de ceux qui évoluent près de lui et se projettent davantage vers l’avant.»

En résumé, son entraîneur voit donc plus Skenderovic défenseur central au Luxembourg et un peu plus haut sur le terrain à l’échelon international. «Je comprends tout à fait pourquoi il a gagné sa place chez les Roud Léiwen à ce poste de n° 6. Avec son intelligence de jeu, son placement, sa capacité à ne rien lâcher… il est parfait dans le rôle qu’on lui demande.»
EST-IL DE RETOUR À SON MEILLEUR NIVEAU?
OUI

Très en vue voici quelques semaines avec la sélection espoirs luxembourgeoise face à la France, Dirk Carlson semble bien de retour sur la bonne route pour percer et confirmer tout le bien qu’on pense de lui depuis son début de saison 2016/2017. Une période où, en quelques semaines, il était passé d’illustre inconnu à titulaire à l’arrière-gauche en équipe nationale.

«Dirk est un garçon surmotivé. Et après son apparition chez les Roud Léiwen en 2016, il a pris sur lui certaines responsabilités qui ne lui incombaient pas. Elles étaient trop grandes pour lui. C’est un garçon qui prend parfois les choses trop à cœur», reprend Manuel Correia. « Et là-dessus sont venus se greffer le carton rouge pris avec la sélection au Belarus puis une blessure qui l’a éloigné plusieurs semaines. Il est tombé dans un creux. Et lorsqu’il est revenu sur les terrains, il a livré un mauvais match lors de l’amical Luxembourg – Cap Vert, en mars dernier.

Or sa prestation a été alors fort médiatisée et le sélectionneur l’a critiqué, peut-être un peu trop à chaud. Il ne pensait pas à mal, cela peut arriver. Mais il se trouve qu’il aurait dû faire tout le contraire et protéger davantage Dirk. Car ce dernier en a beaucoup souffert derrière.»

L’ancien de Kayl-Tétange et du Progrès va même un peu plus loin dans l’analyse de son jeune défenseur. «Quand il a effectué son retour après sa blessure, début 2017, il pensait certainement qu’il allait retrouver plus vite le Carlson du début de championnat. Il en faisait trop chez nous, de même qu’en sélection. Sans oublier ses études sur le côté. Du coup, il a perdu l’équilibre qu’il avait», continue le technicien. «Dirk est encore un gamin (NDLR : il est âgé de 19 ans). Il doit encore passer des paliers, digérer certaines choses. Pour tout ça, il a besoin d’être guidé. Et cette saison un peu compliquée va sans doute beaucoup lui servir pour le futur.»

Mais il semble à nouveau sur la bonne route. «Il est tombé de haut mais là, il est en train de se reprendre en main. Il a retrouvé sa meilleure forme. Jusqu’ici, c’était mi-figue, mi-raisin. Mais dimanche, on a enfin vu une très bonne mi-temps (NDLR : la première). Désormais, on veut le voir comme ça sur tout un match, puis sur plusieurs. Il peut prendre ces 45 minutes-là comme une référence.»

EST-IL LE NOUVEAU ARTUR ABREU?
NON, MAIS …

L’attaquant venu de Côte d’Ivoire et passé par le Portugal Isaac Cissé affole les compteurs ces dernières semaines. Au point qu’on le compare un peu à l’ancien feu follet pétangeois, Artur Abreu. L’homme qui faisait si souvent la différence pour le Titus la saison dernière.

«Non, Isaac n’est pas le nouveau Artur Abreu. Simplement parce que ces deux garçons n’ont pas les mêmes caractéristiques», sourit Manu Correia. «Artur est du genre à toujours vouloir jouer son 1 contre 1 et à plonger vers l’avant dès qu’il voit un trou. Cissé est gaucher et plus grand, ce qui change forcément sa manière d’évoluer sur un terrain. Maintenant, statistiquement, Isaac a une production équivalente, voire peut-être même un peu supérieure, à ce qu’Artur nous apportait l’an passé à pareil moment de la saison. Et il a pris les responsabilités d’un joueur important, comme l’était Abreu. S’il continue sur la même voie, il va encore faire très mal.»

Arrivé voici 15 mois du Portugal, l’ancien du Vitória Guimarães, âgé de 23 ans, pèse pour l’heure huit buts en championnat. Soit deux de plus que sur toute sa première campagne au Luxembourg. «Il a débarqué dans un autre pays, une autre culture, où il faut parfois s’entraîner dans le froid. Il n’est pas simple de s’habituer à tout ça. Il se trouve aujourd’hui dans une situation plus confortable et on voit la différence. Il a toujours travaillé très dur, même en dehors des entraînements. Cela paie toujours à un moment. À côté, c’est un garçon qui parle très peu mais qui le fait toujours à bon escient. Il est vraiment très important pour nous, on lui fait confiance et cela semble lui faire du bien.»

EST-IL LE MAÎTRE À JOUER DE PÉTANGE?
NON… ET OUI

Dimanche, au stade Emile-Mayrisch, Filip Bojic a illuminé de toute sa classe la première période. Avec un lob fabuleux des 25 mètres sur le 0-2, mais aussi sur l’action qui permet au Titus de mener 0-1. C’est sur lui que la mauvaise relance de Cédric Sacras vient s’écraser. Et là où plusieurs joueurs auraient eu tendance à la jouer perso, en tirant au but, lui a été chercher un équipier mieux placé que lui dans la surface, à savoir Simon Banza, qui n’avait pratiquement plus qu’à pousser la balle au fond des filets.

«C’est exactement ce que j’ai dit sur le banc de touche après cette phase», sourit Correia. «Beaucoup d’autres joueurs auraient tiré sur le gardien ou au-dessus. Lui possède ce petit plus qui fait qu’il sait analyser très vite la situation et souvent effectuer, dans la foulée, le geste juste qui va avec. Il sait faire la passe qu’il faut.»

De là à parler de «maître à jouer de l’équipe pétangeoise»? «Il est capable de l’être. Mais comme je l’ai déjà dit en début de saison, nous avons construit une équipe où le danger peut venir de partout. On le voit clairement pour le moment. Et dans quelque temps, vous m’interrogerez certainement sur d’autres joueurs de ce cadre. Car vu les absences actuelles, il risque d’y avoir encore de belles surprises. En tout cas, nous ne sommes pas dépendants d’un seul homme.» Comme le Titus l’était un peu avec Artur Abreu en 2016/2017…

PEUT-IL CONCURRENCER KARAPETIAN POUR LE TITRE DE MEILLEUR BUTEUR?
A PRIORI NON

Avec ses deux réalisations plantées au Fola dimanche, le jeune attaquant de 21 ans prêté par Lens en est à 9 buts sur ses 8 derniers matches. Une moyenne forcément des plus impressionnantes. De quoi pouvoir rêver à concurrencer l’attaquant du Progrès Alex Karapetian, l’actuel meilleur buteur du championnat (13 buts en 9 rencontres)?

«Non. Sauf si « Kara » se blesse sérieusement, comme c’est arrivé à Samir Hadji la saison dernière au Fola. Ce que je ne lui souhaite évidemment pas. Il ne faut pas oublier que le buteur niederkornois finit toujours ses championnats en boulet de canon. Je le vois bien passer la barre des 30 buts en fin de championnat», analyse Manuel Correia.

«Maintenant, Simon est un des meilleurs attaquants du Luxembourg. Et ça se voit devant le but. À son âge, il possède encore une sacrée marge de progression. Depuis son arrivée, on a déjà pu voir des progrès. Il se pose, par exemple, beaucoup moins de questions. On voit que le fait de jouer régulièrement peut l’amener à un autre niveau. On a eu un peu de chance en le recrutant (NDLR : en prêt du RC Lens). Cela a un peu été du hasard. Un coup de téléphone au bon moment…» Et tout le club s’en félicite, évidemment.

Mais à côté du déluge de compliments qui touche l’attaquant hexagonal, on a aussi noté que ce dernier avait parfois tendance à vouloir trop en faire tout seul, à «oublier» de céder le ballon à un équipier mieux placé. «Ce sont des petits réglages à effectuer. Un attaquant doit parfois savoir se montrer égoïste. Maintenant, cela dépend de la partie de terrain dans laquelle il se trouve. On bosse ça à l’entraînement et cela va se régler de mieux en mieux. C’est un garçon qui sait se montrer à l’écoute.»

Entretien avec Julien Carette

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