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[Football] BGL Ligue : Shala (RFCU) ou la revanche de «la crevette»


Il a poussé d'un coup et commence enfin à faire parler de lui. Florik Shala, le jeune à suivre ? (Photo: Jeff Lahr)

Le RFCU forme des générations de cadors depuis assez longtemps pour se douter qu’avec Florik Shala, il tient une nouvelle perle qui grandit, grandit, grandit…

Le club de la capitale a perdu Danel Sinani (parti au F91) cet été, il s’est découvert Florik Shala, un peu sous-exploité jusque-là. Et l’un des meilleurs amis du premier, bien au-delà de leurs origines.

Florik Shala a retrouvé son passeport, délivré en 2013, il n’y a pas longtemps. Cela lui a rappelé qu’au milieu de son séjour en préformation messine, il mesurait 1,67 m. Quatre ans plus tard, après pas mal de soucis de dos et de genoux sous le ciel lorrain, c’est un gaillard de 1,92 m qui a remplacé Julien Jahier, blessé, à la pointe de l’attaque du RFCU, dimanche dernier, contre l’US Esch (2-1). On n’avait pas encore joué la demi-heure de jeu et Jahier, en sortant, lui a demandé «de marquer».
Quinze minutes plus tard, le Français lui donnait une franche accolade avant de rentrer aux vestiaires : Shala venait d’inscrire deux buts sur penalty avec le culot d’un gamin de 20 ans mais aussi le sang-froid d’un vieux briscard, les deux du même côté pour prendre à chaque fois Hélio à contrepied.

Shala avait alors déjà à son actif un but et deux passes décisives en cinq journées de championnat. Et alors que Jahier semblait reparti pour vampiriser le rendement offensif de ce Racing qui joue pour lui, Shala y met officiellement son grain de sable : le voilà désormais impliqué dans 50 % des buts du club.

«Avant, j’étais égoïste»

Le rendement du garçon, depuis la saison dernière, est d’ailleurs assez costaud. Trimballé en 2016/2017, au gré des entraîneurs d’un poste de milieu récupérateur à un autre d’ailier, il ne grappille que des bouts de matches mais score depuis l’été 2016 une fois toutes les deux heures et dix minutes en moyenne. À titre de comparaison, son ancien coéquipier et grand ami Danel Sinani («On vient tous les deux du Kosovo mais lui parle serbe et moi albanais. Il y a des tensions entre les deux communautés, mais nous, on vit dans un autre monde»), meneur de jeu titulaire depuis 2015 et parti depuis au F91, scorait lui une fois toutes les six heures et trente minutes.

Cette comparaison-là importe peu à Shala, qui ne conçoit pas le foot comme ça mais plutôt comme une recherche de l’excellence qui ne se bâtit pas seule. «En partant à Metz, j’étais égoïste, je ne pensais qu’à mes statistiques. J’ai vite vu que ça ne marchait pas comme ça. J’ai appris à jouer à une ou deux touches et aujourd’hui, il faudrait peut-être que je me remette à dribbler de temps en temps. Ce serait plus efficace.» L’ancien «égoïste» a donc besoin des autres.
Jahier? Admiratif : «J’aimerais jouer dans une attaque à deux avec lui, mais je travaille pour l’équipe. Et pour lui. On m’a fait rentrer dimanche pour le remplacer, soi-disant. Mais ses stats prouvent à quel point il est irremplaçable.» Sinani? Nostalgique : «Ce serait mieux s’il était encore là. On a beaucoup joué ensemble, chez les jeunes, il sait me trouver très facilement.» C’est que Shala est un attaquant qui sait ce qu’il veut : tout. «Je me vois en buteur et en passeur. Et ce week-end, j’aurais aimé qu’on marque beaucoup plus…»

«Si on avait su comme il grandirait…»

«Il a besoin d’avoir plus de sang-froid devant le but même si ces deux penalties vont l’aider», admet Jacques Muller, son coach au RFCU, qui assume le fait de le mettre encore sur le banc de temps à autre. «Parce que c’est un combattant. Contrairement à beaucoup de remplaçants, lui est immédiatement à 100 % quand il rentre.» L’US Esch en sait quelque chose. Et d’autres clubs s’en rendront peut-être vite compte, d’autant que le garçon arrive en fin de contrat, à l’été 2018, et qu’il reste ambitieux.

Comment pourrait-il en être autrement ? Il n’est pas dupe, le FC Metz l’a recalé à cause de sa taille, pas de son talent, qui était alors déjà visible comme le nez au milieu de la figure. «C’était une crevette mais je l’ai vu humilier quelques gardiens, sourit Julien Ferino, qui s’est occupé de lui deux ans à l’internat du club grenat et s’occupe aujourd’hui du centre de formation du RFCU. Si on avait su comme il grandirait, il ne serait pas en DN aujourd’hui. Mais au moins, quand il est rentré au Luxembourg, il n’a pas abandonné.»

La revanche de la crevette suit son cours…

Julien Mollereau

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