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[BGL Ligue] «Après le foot, je retourne à la maison et je pleure»


Dan Huet, dans son deuil, a un soutien de poids : son équipe, son club. (Photo : Luis Mangorrinha)

Dan Huet, coach de Wiltz, a eu la douleur de perdre sa mère, grande supportrice du club, juste avant la trêve internationale. Le football l’a beaucoup aidé dans cette épreuve.

Nathalie Huet-Rentmeister, ancienne secrétaire du FC Wiltz et surtout mère de l’entraîneur principal, est décédée entre le derby du Nord et la réception du RM Hamm Benfica. Et c’est tout un club qui s’est mobilisé derrière son fils, coach qui a refusé de fuir ses responsabilités et a tenu à rester auprès de son équipe lors de la 2e journée contre les Benfiquistes, dans un match d’une intensité folle et riche en émotions. Ses joueurs le lui ont rendu en termes d’investissement et Dan Huet espère que cela se matérialisera encore ce dimanche contre Hostert.

Avez-vous pu retrouver un peu de sérénité durant la trêve internationale?
Dan Huet : Personnellement, je vis la situation la plus compliquée de mon existence. Tout s’est passé si rapidement, sans que nous ayons pu seulement penser que cela pourrait arriver. Je dois remercier tout mon staff, qui m’a remplacé au pied levé pendant une semaine complète pendant que j’étais au chevet de ma mère entre les matches d’Etzella et Hamm, mais aussi tous les joueurs pour leurs marques de sympathie. Ils étaient visiblement émus, touchés, et cela ne les a pas empêchés de se donner contre Hamm. Ce match était très spécial. La perte de ma maman fait que j’avais besoin de ces 90 minutes de football pour me changer les idées. La vie a pu reprendre son cours après.

C’est ce qui vous a décidé à venir diriger cette rencontre face à Hamm, lors de la 2e journée?
C’était jeudi la dernière journée de ma maman vivante. Le lendemain, j’avais quand même donné entraînement. C’était déjà un bon changement par rapport à la tristesse qui m’avait tenu toute la journée. C’est ce qu’il me fallait : penser à autre chose. Et puis, le jour du match, j’ai tout fait normalement. Mon discours et les quelques derniers mots que j’ai pu avoir juste avant de sortir du vestiaire ont bien entendu eu à voir avec ma maman. Il y a eu quelques larmes. Cela n’a pas bloqué les joueurs, cela les a plutôt poussés à donner 10 à 15 % en plus. Et à moi, cela m’a prouvé qu’on était capables de faire beaucoup mieux que ce que nous avions produit contre Etzella. Je me rends compte que ce drame n’a pas nui à l’équipe, au contraire : elle a développé l’investissement, l’intensité, le volume de courses…

Voir toute l’équipe défiler devant le cercueil de ma maman me provoque encore des frissons

C’est bizarre, vous voulez dire que cela a porté l’équipe et que cela pourrait la porter dans les semaines à venir?
Difficile à dire. Je crois que les joueurs ont vu leur coach autrement et que ça les a touchés. Ils ont bien vu l’émotion qui était la mienne, mais aussi que je ne les ai pas oubliés.

Votre présence sur le banc, trois jours après le décès de votre mère, a surpris beaucoup de gens – qui la connaissaient bien – au club?
Certains disaient que j’aurais dû être en train de pleurer à la maison. Oui, à la maison, je pleure. Mais je veux surmonter ça et l’oublier au foot. Et après le foot, je retourne à la maison et je pleure.

À quoi l’enterrement a-t-il ressemblé?
Ma famille et moi avons reçu énormément de soutien de la part de tout le club. Des joueurs, du staff, des dirigeants, des bénévoles, des supporters… Wiltz est vraiment une grande famille et cet enterrement était authentique. Voir toute l’équipe défiler devant le cercueil de ma maman me provoque encore des frissons. Je leur en suis reconnaissant.

Deux heures avant son AVC, elle discutait encore avec l’équipe

Votre mère était une vraie amoureuse de ce club.
Mes parents ont toujours plus ou moins travaillé pour ce club. Mon père faisait le terrain et vient encore regarder chaque entraînement. Ma mère en a été la secrétaire et était présente à chaque rencontre. Ce qui a touché les joueurs, je pense, c’est qu’elle aimait beaucoup parler avec les gens et qu’elle était toujours sympathique. Deux heures avant de faire son AVC, deux heures avant que notre vie change et surtout la sienne, elle était encore au terrain à discuter avec l’équipe après la victoire contre Ettelbruck. Ce n’était pas que la maman du coach, c’était surtout une très grosse fan en contact très étroit avec pas mal de nos joueurs. Ça rigolait, ça critiquait. Elle était très appréciée.

Elle était fière que son fils s’occupe de l’équipe première?
Elle m’a toujours supporté en tout. Même si mes parents avaient été contre l’idée, ils m’auraient demandé si c’était vraiment ce que je voulais et comme c’était vraiment ce que je voulais, ils m’auraient soutenu de toute façon. Donc, oui, elle était fière. Surtout de tout ce que nous avons fait ces quatre dernières années, avec des prises de décision courageuses. Si elle nous avait vus ces dernières semaines, depuis son accident, elle aurait surtout été très fière de tout ce que ce club a fait et montré. Elle aurait aussi aimé la façon dont nous avons joué pour elle contre Hamm. Et en fait, je suis sûr qu’elle nous a vus. Et maintenant, on va avancer, car elle aurait aimé que la vie continue.

Entretien avec notre journaliste Julien Mollereau

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