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[Basket] Thomas Grün : «Je dois jouer chaque match à fond pour exister»


L'arrière international Thomas Grün jouera encore à Trèves la saison prochaine. (photo archives Editpress/Julien Garroy)

Thomas Grün en a terminé, évidemment de manière prématurée, de sa saison en Pro A allemande avec les Gladiators de Trèves. L’arrière international a profité de cette pause pour faire le point.

La situation du club

«Avec l’arrêt de la saison, la situation était critique pour le club. Les Gladiators ont donc lancé l’opération #StandAsOne30 pour récolter de l’argent. L’idée est simple : les fans achètent un billet virtuel d’un montant minimum de 30 euros et le reçoivent par mail. Il fallait recueillir 120 000 euros pour se sauver et le club y est parvenu (NDLR : 128 207 euros ont été récoltés). Si j’ai bien compris, tous les donateurs verront leur nom être inscrit sur le parquet la saison prochaine. J’ai moi-même fait de la pub pour cette action et j’en ai parlé sur mes pages personnels des réseaux sociaux.»

L’arrêt de la saison

«On préparait un match à Rostock, prévu le samedi. On devait partir le vendredi, mais le jeudi, on a appris qu’on jouerait sans spectateurs. Quelques heures plus tard, on nous a expliqué qu’on ne jouerait pas. On s’est rassemblés dans les vestiaires, on nous a dit qu’on était off et qu’on aviserait par la suite. Et quelques jours plus tard, la saison était terminée. Le club a autorisé et même conseillé à ses joueurs de rentrer chez eux. C’est ce que j’ai fait. J’ai récupéré quelques affaires et je suis rentré au Luxembourg, chez ma copine. Tout est allé très vite.»

Sa situation personnelle

«Je n’étais pas trop inquiet de ma situation personnelle. En fait, j’étais surtout énervé et frustré car on sortait de ce qui était certainement notre meilleur match de la saison, face à Nürnberg. Tant la défense que l’attaque étaient à un niveau très élevé, on sentait que tout le travail effectué tout au long de la saison commençait à payer. D’où, je le répète, une certaine frustration. Après, je n’ai pas du tout pensé à mon cas personnel. Je fais partie des trois joueurs à être encore sous contrat, donc si le club repart, je jouerai à Trèves la saison prochaine.»

Le départ du coach

«Christian Held m’a appelé pour m’indiquer qu’il ne serait plus l’entraîneur des Gladiators la saison prochaine. Après, je ne suis qu’un joueur, on ne m’a pas consulté, je ne connais pas les raisons. Maintenant, je sais que c’est un business. C’est comme ça!»

Son travail physique

«On n’a aucune obligation de s’entraîner. La saison est terminée et on est donc officiellement off. Chacun est chez soi. Maintenant, je fais beaucoup de sport, vu que, de toute façon, on ne peut pas faire grand-chose d’autre. Je n’ai pas énormément de matériel avec moi, mais on peut déjà faire pas mal de trucs simplement avec le poids du corps, comme des pompes, par exemple. Pour le cardio, je vais courir et je fais du vélo. Ce sont les seules sorties que je m’autorise. Au début, je me posais la question de le faire ou pas, mais je sais que je ne prends pas de risque en courant tout seul. Et quand je suis à vélo, je fais très attention.»

Son bilan

«Collectivement, on a vraiment bien bossé tout au long de la saison et ce n’est que vers la fin qu’on l’a remarqué. On commençait à se rendre compte que tout ce qu’on avait fait depuis des mois commençait à payer. Et sur un plan personnel, c’est un peu la même chose. Au début, j’ai été inconstant avec du bon et du moins bon. Mais depuis le retour de la sélection, où j’ai un autre rôle, j’ai repris confiance en moi et j’ai bien mieux fini.»

Sa marge de progression

«Cela fait quatre ans que je suis pro et, avant, j’ai passé deux ans à Nancy comme semi-pro. Il y a toujours des hauts et des bas dans une carrière et mentalement ce n’est pas évident d’être tout le temps au top. C’est normal que ça t’arrive d’être moins bien. Mais si tu parviens à te sortir de cette mauvaise passe, tu en ressors plus fort qu’avant. Je pense que j’ai réussi à faire ça, j’ai gagné en expérience, je sais ce que je dois faire pour me préparer mentalement. En sélection, Frank Muller m’a d’ailleurs beaucoup aidé à travailler cet aspect. Maintenant, si on parle de marge de progression pure, c’est vraiment sur la réussite au tir que je dois me concentrer. J’ai la technique à trois points, je les mets à l’entraînement et si je veux franchir un palier, c’est dans ce domaine que ça se passe.»

Son avenir

«Il me reste un an de contrat avec Trèves et, pour l’instant, je me concentre sur ça. Mais en même temps, Trèves, c’est l’endroit parfait pour moi. Une équipe de haut de tableau de Pro A dans laquelle je peux me montrer mais également où je dois jouer chaque match à fond pour exister. Cette saison, je sors tout le temps du banc, mais ça ne me dérange pas. Je pratique une défense agressive. Un match, ça se démarre à 110 %, puis au bout de quelques minutes les joueurs commencent à fatiguer un peu. Avec mon énergie, en entrant sur le terrain, je peux faire la différence.»

La sélection

«Je trouve qu’on est sur le bon chemin avec l’équipe nationale. Il y a beaucoup de jeunes joueurs que Ken (Diederich) vient chercher et on voit le résultat. Je suis un peu énervé, car on a perdu les deux matches alors que je pense qu’on aurait pu gagner les deux. Maintenant, c’est très bien d’être capable de faire jeu égal avec ces équipes internationales alors que par le passé on prenait des raclées. Mais à un moment, il faut être honnête avec soi-même et reconnaître que ce sont des matches qu’on pouvait gagner. Et même un des deux qu’on aurait dû gagner.»

Son conseil

«Je trouve qu’au Luxembourg on fait du très bon boulot jusqu’en U14 ou U16, sur le plan tant technique qu’athlétique. Mais ce qu’on constate, c’est que les joueurs n’ont pas l’habitude de parler beaucoup de tactique. On voit certains qui ne comprennent pas le jeu. Au Grand-Duché, si tu es un peu talentueux, tu mets 30 points à chaque match scolaires ou cadets. Mais pour t’améliorer, tu dois être obligé de jouer ton meilleur basket. Si quelqu’un vient me voir et me demande des conseils pour passer pro, je lui dis sans hésiter : « Pars! » Si tu es déjà en équipe nationale seniors, c’est trop tard. C’est vers 16-18 ans qu’il faut partir, pour apprendre le déplacement sans ballon, tous les aspects tactiques du jeu. En U18 et U20, ça ne suffit pas d’avoir une fois par an une semaine en championnat d’Europe Div. B. Si tu veux progresser, il faut partir.»

Entretien avec Romain Haas

 

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