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[C’était mieux avant] Frank Muller : «Après les titres, c’était pizza spaghettis à la maison !»


Frank Muller, l’un des deux meilleurs joueurs du T71 de l’histoire, revient sur sa longue et riche carrière.

Votre adversaire le plus fort ?

Frank Muller : Zaza Pachulia. Un Géorgien qui a été champion NBA. Je me rappelle qu’on avait joué en Géorgie, dans une salle avec une ambiance incroyable, il devait y avoir 10 000 personnes. Face à nous, des mecs super costauds, physiques. On avait pris une bonne raclée. On avait joué deux fois contre eux.

Je me rappelle de lui comme d’un véritable mur. Chaque fois que je tentais quelque chose en défense ou en attaque, je me retrouvais face à ce mur. Mais sur une action, à la fin des 24 secondes, je suis obligé de prendre un tir et je le mets avec beaucoup de chance. Pachulia m’a fait un petit signe comme quoi j’avais bien joué.

Mais au-delà du joueur, ce qui m’a marqué, c’est l’homme. Un mec super sympa, très fair-play. Pas du tout arrogant. C’était même presque plus impressionnant que ses capacités sur le terrain.

Zaza Pachulia, c’était un mur!

Votre meilleur souvenir ?

Les deux premiers titres avec le T71. Face au Sparta puis Etzella. Il y avait un monde de fou dans la salle à Dudelange. Peut-être même d’ailleurs un peu trop, je ne suis pas sûr que les consignes de sécurité aient été respectées. Mais l’ambiance était incroyable.

On s’est mis à courir sur le terrain comme des fous, on a célébré avec les Drummers. C’était quelque chose de très spécial car cela faisait des décennies que le T71 n’avait pas gagné le titre.

Votre pire souvenir ? 

L’année où Jairo (Delgado) est avec nous, en 2012. On gagne la Coupe en écrasant le Sparta. On est les favoris en finale pour le titre, mais on fait deux mauvais matches et c’est Bertrange qui l’emporte.

C’est certainement la défaite qui m’a fait le plus mal dans toute ma carrière. Quand je suis rentré dans le vestiaire, il y avait pas mal de joueurs qui pleuraient.

Votre plus gros regret ?

Le basket m’a énormément apporté. Je suis très satisfait de ma carrière. Maintenant, si j’avais la possibilité de revenir en arrière, peut-être que je me serais davantage renseigné avant de partir aux USA. Tom (Schumacher) m’avait demandé si ça m’intéressait de venir avec lui. Je me suis dit que c’était génial de partir en Californie avec son meilleur pote pour combiner études et basket.

Mais il se trouve que si l’ambiance était super et que les gens étaient très sympas, le niveau académique n’était pas vraiment celui que j’espérais. C’est pour cela que j’ai décidé de rentrer après un an pour reprendre des études et avoir un diplôme qui serait reconnu en Europe.

Aujourd’hui

Après un bachelor en psychologie, il est parti faire un master en psychologie du sport à Berlin. Installé pendant plusieurs années en Allemagne, il est revenu au Luxembourg en 2018. Il officie désormais comme psychologue du sport.

Engagé à temps plein au Sportlycee, il est également expert externe pour le LIHPS et le COSL. Et il accompagne dans leur préparation mentale plusieurs sportifs d’élite.

Votre plus grave blessure ?

Sur ce plan, j’ai eu de la chance. Je n’ai jamais de truc trop grave. Le plus important, ça devait être une déchirure partielle du genou qui m’a éloigné des parquets six ou sept semaines. En revanche, j’ai eu des douleurs chroniques au niveau de mon dos et de mon genou. Je me suis cassé le nez plusieurs fois.

Et puis, j’ai eu des trucs bizarres, comme un problème à la trachée après être tombé sur le dos ou encore une fissure au tympan après un coup de coude d’un Néerlandais. J’entendais une sorte de bruissement. Je sentais qu’il y avait clairement quelque chose d’anormal.

L’entraîneur le plus marquant ? 

Au début de ma carrière, forcément Carsten Steiner. Non seulement au niveau du basket, mais aussi en tant qu’être humain. Et en fin de carrière, Ken (Diederich). Le convaincre de venir à Dudelange et gagner le championnat avec lui pour terminer ma carrière, c’était quelque chose de très particulier. 

J’aurais dû mieux m’informer avant de partir aux USA

Votre plus belle fête ?

Il n’y en a pas une en particulier. Mais c’est vrai qu’après les titres, on faisait la fête avec les joueurs, les membres du comité, les spectateurs. Et une fois qu’on avait bien fêté, on avait faim. Alors, on se retrouvait chez moi, ma mère préparait sa spécialité : une pizza spaghettis où la pâte est remplacée par des spaghettis.

Il y a des saisons où on se retrouvait à une trentaine à la maison. Parfois, il y avait même des personnes que je ne connaissais pas. Et ma mère préparait des pizzas pour tout le monde!

Le jour où vous avez décidé de mettre un terme à votre carrière ? 

En fait, je devais arrêter une saison avant. Mais c’était en pleine crise du covid et je ne voulais pas stopper comme cela. Donc, je savais que la suivante serait ma dernière. Et je ne l’avais caché à personne. Ce n’était pas une décision trop difficile à prendre. J’avais accompli tout ce que je voulais. Je n’avais plus rien à prouver.

Un titre de plus ou de moins n’allait pas changer grand-chose. En plus, j’avais des douleurs un peu partout et j’avais envie de me concentrer sur d’autres projets tant privés que professionnels. Je me suis dit que c’était le moment parfait. Et j’ai eu raison. Je trouve toujours triste de voir des joueurs qui ne trouvent pas le bon moment et qui n’ont plus le niveau. C’est important de partir au bon moment. J’ai eu la chance de le faire sur un titre!

Ses faits d’armes

Frank Muller a joué toute sa carrière au T71, où il a disputé officiellement 209 matches. Vainqueur de 6 titres et de 4 coupes, il a également fait les beaux jours de l’équipe nationale avec laquelle il a gagné 2 médailles aux JPEE, l’argent à Chypre en 2009 et le bronze en Islande en 2015.