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Procès pour viol : huit ans de prison requis


Le violeur présumé a donné sa version des faits hier. Il assure ne jamais avoir forcé aucune jeune femme à avoir un rapport sexuel non consenti avec lui.

Séducteur aimant flirter et enchaîner les conquêtes, Dean est accusé de viol par trois jeunes femmes. Il prétend pourtant ne jamais avoir insisté quand une jeune femme lui disait non.

«J’aimais m’amuser, j’étais jeune, j’ai eu beaucoup de partenaires sexuelles différentes, mais quand une fille me disait non, je me retournais et j’essayais avec la suivante», a expliqué Dean hier après-midi à la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.

«À l’époque, c’était mon truc d’aller vers les filles pour flirter et voir jusqu’où ça pouvait aller. Il y avait assez de filles.» Le jeune homme, accusé d’avoir violé trois jeunes femmes en 2011 et 2012, conteste énergiquement les faits et pense qu’elles étaient consentantes, voire peut-être même à l’initiative des rapports sexuels. «Cette affaire a détruit ma vie.»

«Pour moi, c’était juste un amusement», reconnaît le jeune homme. Un amusement dont les conséquences risquent de lui coûter cher. Un premier jugement auquel il a fait opposition le condamnait à huit ans de prison ferme. Son absence aux audiences le privait de toute possibilité de sursis.

À la barre hier après-midi, il a sous-entendu que ses trois victimes présumées s’étaient liguées contre lui et a mis en doute leur crédibilité ainsi que celle de leurs proches. À l’entendre, elles se connaissaient et avaient des amis communs.

Le prévenu se défend bec et ongles, argumente, suppose, tente de s’expliquer, parfois maladroitement. Sa mémoire lui fait défaut sur certains points et il a des certitudes sur d’autres. «Vous avez des explications pour tout», note la présidente de la chambre correctionnelle après l’avoir mis face à certaines contradictions dans ses différentes dépositions et par rapport à certaines déclarations des témoins.

Chaque victime est différente

Lors du premier dépôt de plainte, il aurait cru à une blague et ne se serait pour cette raison pas rendu au commissariat. Dean reconnaît être un séducteur, mais il jure respecter ses conquêtes. Le procureur n’est pas du même avis. Si, comme lors du premier procès, il demande l’acquittement pour deux des six viols reprochés à Dean (un n’a pas eu lieu et les preuves manquent pour le deuxième), le représentant du ministère public a estimé que les éléments constitutifs des quatre autres étaient donnés et a requis une peine de huit ans de prison à l’encontre du trentenaire.

«Ses besoins sexuels étaient tout ce qui comptait pour lui», a avancé le magistrat avant de conclure au dépassement du délai raisonnable. «Quels auraient été les intérêts des trois jeunes femmes de faire de faux témoignages?» Contrairement à ceux du prévenu, ils seraient d’ailleurs constants et reflèteraient leurs personnalités.

«Quand on le confronte à ses contradictions, il met ses trous de mémoire sur le compte de la prise de médicaments. Il a avoué à l’expert judiciaire ne pas avoir pris ses médicaments régulièrement.» Le procureur enfonce le clou. «L’expertise psychiatrique conclut que sa personnalité est compatible avec les faits qui lui sont reprochés. C’est un narcissique type.»

Pas de doute, pour le magistrat, «l’intention de commettre un acte criminel est donnée. Le prévenu savait très bien ce qu’il allait imposer aux jeunes femmes.»

Il termine son réquisitoire en faisant remarquer que son expérience et les formations qu’il suit lui ont appris qu’il «faut arrêter de croire en l’existence de victimes parfaites qui se souviennent de tout dans le détail et se comportent de manière idéale après les faits. Chaque victime réagit différemment et leur manière de réagir n’altère en rien leur crédibilité».

Le prévenu s’était notamment étonné que les jeunes femmes se soient montrées dociles juste après les viols présumés et n’aient pas immédiatement signalé ces agressions dont elles disent toutes encore porter des stigmates plus ou moins profonds douze ans après.

Le prévenu non plus ne va pas bien, a-t-il déclaré à la barre, avant d’énumérer ses errances depuis qu’il est accusé à tort. Son avocat le défendra mardi matin dans une plaidoirie qui devrait durer une heure et demie, a-t-il annoncé hier.

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