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Anthony Moris va enfin rejouer au football


Le gardien de but international se réjouit d’avoir quitté le Standard Liège, son club de toujours, et revient sur plusieurs mois de galère. À 24 ans, Moris va enfin pouvoir retrouver les pelouses. Il se félicite d’avoir signé dans un club qu’il augure plus «sain» que le Standard.

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« Maintenant je peux le dire : j’en veux énormément au Standard » a déclaré le portier du FC Malines. (Photo : Julien Garroy)

> Peut-on parler de soulagement ?

Anthony Moris : Complètement. C’est une délivrance, même. Cela fait presque six mois que les ennuis ont commencé. Maintenant que j’ai signé à Malines, je peux le dire : j’en veux énormément au Standard. Pas au club entier, mais à ses dirigeants. Puisque j’étais lié par un contrat de trois ans, je me suis battu pour demander combien le Standard réclamait au club qui me voudrait. Le gars aux ressources humaines doit être la personne la plus endormie sur cette terre. Du coup, alors que le club savait dès le 1er juillet qu’il ne comptait pas sur moi, je n’ai eu la réponse que le 15 août, soit deux semaines avant la fin du mercato. Autant dire à un moment où il était quasiment impossible de trouver un point de chute. Tout cela pour me dire en plus qu’ils me lâchaient sans aucune contrepartie financière… Puisque le mercato était ensuite terminé, j’ai dû casser mon contrat, contre une petite indemnité, de manière à être libre et pouvoir m’engager quand je le voulais. Mais c’est difficile, surtout pour un gardien, de trouver un club au beau milieu de la saison.

> Avez-vous eu le temps de douter de vos qualités pendant ces mois sans club ?

C’était effectivement compliqué. J’ai la chance d’avoir une famille qui m’a soutenu. J’ai commencé le foot à 6 ans et je joue au Standard depuis que j’en ai 10. Aujourd’hui, j’en ai 24. Voilà, le Standard, ça représente quatorze ans, plus de la moitié de ma vie. Si j’ai gravi les échelons, ce n’est pas pour rien. Tu passes cinq mois à te lever parce que tu sais ce que tu vaux mais en sachant que tu ne joueras pas le week-end…

> Concrètement, à quoi ressemblaient vos journées ?

J’ai eu la chance de pouvoir m’entraîner avec Jean-François Lecomte, qui s’occupe des gardiens des équipes jeunes du Standard et que je connais depuis longtemps. Il me prenait de 9 h à 10 h pour du travail spécifique avant de s’occuper des jeunes de 10 h à 12 h. Il a fait des heures sup’ rien que pour moi. Ce mec, je lui dois beaucoup. Dans un club pro en Belgique, on fait du spécifique tous les jours. Là, c’était trois fois par semaine. Je me levais les trois autres matinées pour m’entraîner seul. Je plaçais des cônes, je bossais des déplacements, je tapais dans un but, j’allais chercher les ballons dans les filets, et ainsi de suite… Tout seul, tout devient moins passionnant. Mais tout cela, je savais pourquoi je le faisais.

> N’avez-vous pas été tenté de vous laisser aller, notamment au niveau de l’hygiène de vie ?

À aucun moment. Le samedi matin, j’aurais pu rester au lit avec ma fiancée à faire la grasse matinée. Mais non, j’allais m’entraîner. Je n’ai pas pris un gramme durant cette période. Quand j’ai passé les tests médicaux à Malines la semaine dernière, ils ont dit qu’on aurait pu croire que j’avais joué tous les week-ends depuis le début de la saison.

> Et les week-ends, vous regardiez les matches du Standard à la télé ?

Non. Enfin si, si je tombais dessus. Mais je préférais aller voir jouer Fouches, une équipe de 2e provinciale (NDLR : Division 6 belge) où entraîne mon père et jouent mes deux frères. Parfois, je me disais que je serais plus heureux sur le terrain avec eux.

> Regrettez-vous de ne pas avoir trouvé d’accord avec l’Atalanta Bergame ?

Aucun. Je crois au destin, alors cela devait se passer au Malines. C’est un club phare en Belgique, qui jouit d’une sacrée histoire. Je suis allé les voir contre Mouscron, le 26 décembre à 14 h 30, c’était un vendredi, les gens bossaient. Je me les caillais, il devait faire -2 degrés et il y avait 13 000 spectateurs, c’était le feu dans les tribunes! On dit souvent que les meilleurs supporters de Belgique sont au Standard, mais on parle surtout du nombre. Ceux de Malines, c’est quelque chose! Pour revenir à l’Atalanta, il y avait un petit truc, mais ils avaient trois gardiens sous contrat et cela ne sentait pas bon.

> Concrètement, sur quoi le match que vous avez livré contre l’Italie (1-1, le 4 juin à Pérouse) a pesé ces derniers mois ?

Disons que si je n’avais pas eu trois ans de contrat au Standard, j’aurais pu partir plus facilement, mais n’importe où. Je n’avais pas d’agent et des gens se sont manifestés. Je l’ai su après. Cela venait de Pologne, d’Azerbaïdjan, d’Italie et des États-Unis. Comme il y avait ces trois ans de contrat, ils ne s’imaginaient pas que le Standard me lâcherait gratuitement. Mais c’est un mal pour un bien. Me voilà à Malines, à 115 kilomètres de Liège et pas loin de Bruxelles.

> À Malines, dans les buts, il y a Wouter Biebauw, au club depuis 2008, mais jamais vraiment indiscutablement titulaire…

Avec tout le respect que j’ai pour lui, j’y vais pour lui mettre la pression. Je dois d’abord m’habituer au groupe et retrouver le rythme des entraînements collectifs. Je ne pars pas dans l’inconnu ici, puisque le directeur sportif, Olivier Renard, a beaucoup fait pour ma venue. C’est un ancien gardien de but. Il y a trois ans, il a failli venir au Standard comme deuxième gardien. Moi, j’étais censé être le n° 1. Mais (Roland) Duchâtelet a revu ses plans et pris (Eiji) Kawashima.

> La durée de votre contrat – six mois et une année en option – vous convient-elle ?

Honnêtement, oui. Le contrat de cinq ans que j’avais signé au Standard, je ne le conseille pas pour un jeune. Car quand tu joues peu et qu’un club se manifeste pour toi, tu es coincé. Enfin, c’est ce qui s’est passé au Standard.

> Vous semblez avoir une dent contre Roland Duchâtelet…

Je le répète, j’en veux plus aux dirigeants qu’au Standard. La tactique, c’est de faire marcher ses clubs en envoyant les joueurs à droite et à gauche. J’ai eu des problèmes avec lui (Roland Duchâtelet), il y a deux ans, quand j’ai refusé d’aller à Ujpest (Hongrie). Le Cercle Bruges me voulait. Le Standard a alors réclamé, pour un prêt d’un an, que le club prenne en charge mon salaire et paie une indemnité de 150 000 euros. Mais avec 150 000 euros, en Belgique, tu achètes, tu ne loues pas! Depuis, c’est tendu. Mais il faut savoir lui tenir tête. La méthode Duchâtelet, c’est simple : quand il a un Mpoku, cela lui rapporte beaucoup d’argent, mais quand il a un joueur moyen, il essaye de le prêter à Saint-Trond, Ujpest, en D2 espagnole à Alcorcon (NDLR : Duchâtelet possède aussi le Carl Zeiss Iéna en D4 allemande et Charlton en D2 anglaise)… C’est une manière de ne pas avoir besoin d’acheter de joueurs tout en faisant tourner ses affaires. Avec les contrats longue durée qu’il fait signer aux jeunes, il ne risque pas de perdre beaucoup d’argent. Et comme en général, l’agent qui fait le lien entre le joueur et lui est une de ses connaissances, le joueur s’y retrouve rarement. Voilà pourquoi c’est un vrai soulagement d’avoir signé un contrat à Malines.

Entretien avec notre journaliste Matthieu Pécot

 

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