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[Triathlon] Haller, entre rage et déception


Très mauvais week-end pour Bob Haller, décidément pas verni. (Photo : viviane sloniewicz)

PANAMERICAN CUP À LA HAVANE Seulement 18e à l’issue d’une course visiblement tronquée,
Bob Haller ne décolère pas, lui qui venait à Cuba pour prendre beaucoup de points.

Après une première étape mitigée au Brésil (6e), Bob Haller avait rectifié le tir au Honduras la semaine dernière en se hissant sur la troisième marche du podium. Pour la dernière étape de son triptyque de coupes continentales en Amérique du Sud, le triathlète grand-ducal espérait poursuivre sur la même lancée, voire même encore mieux, à l’occasion d’un déplacement du côté de La Havane, sur l’île de Cuba.
Et malheureusement, tout ne va pas du tout se passer comme prévu pour Bob Haller, venu à Cuba pour prendre des points afin de progresser au classement mondial et de s’ouvrir les portes des plus grandes épreuves (WTS, Coupe du monde).
Ça démarre mal avec une organisation plutôt chaotique puisque le bus qui doit conduire les athlètes au départ de la natation arrive avec 45 minutes de retard… Dans la foulée, les vélos sont entreposés dans un vieux camion ouvert, obligeant certains entraîneurs à monter avec le matériel dans des conditions pour le moins compliquées.
Une fois sur place, on informe les triathlètes que le parcours de vélo est modifié à cause des conditions météo et notamment du vent fort qui ramène d’énormes vagues sur le tracé.
Mais Bob Haller n’est pas au bout de ses peines. En effet, alors qu’il est l’un des meilleurs nageurs du plateau, le sportif d’élite de l’armée grand-ducale sort dans les toutes dernières positions de l’eau. Comment expliquer une telle incongruité? En une semaine, a-t-il soudain perdu toutes ses qualités dans l’eau?
En réalité, l’explication est ailleurs, comme l’indique le principal intéressé : «En fait, beaucoup d’athlètes ont coupé la natation en allant directement à la deuxième bouée. Moi et d’autres qui étaient derrière moi, on a pris la direction de la première bouée et, ensuite, on a encore réussi à fermer le trou avec ceux qui avaient triché.»
Dans la foulée, il rate le premier groupe à vélo à cause, visiblement, d’une indélicatesse : «Non seulement, j’ai été bloqué par de mauvais nageurs mais ensuite, alors que j’avais positionné mon casque sur mon vélo, je l’ai retrouvé coincé dans le frein, tout était retourné… J’ai mis beaucoup de temps pour le sortir et je n’ai pas pu attraper le premier groupe.»

Le seul truc qui m’a fait continuer, c’est que si je voulais faire appel, je ne pouvais pas abandonner la course. J’aurais dû être sixième, je termine 18e et je ne prends pas de points, je suis super déçu.

Il se retrouve d’abord dans un trio en compagnie de deux Mexicains : «Aucun des deux ne roulait», maugrée-t-il. Il peut ensuite compter sur les retours de l’arrière de l’Argentin Luciano Taccone et de l’Américain Walter Schafer : «On a lâché les deux Mexicains, puis on a essayé de rouler à trois mais on a dû faire face à un vent de face complètement fou. Je me suis explosé les jambes.»
Après un effort aussi violent, la course à pied risquait, du coup, d’être compliquée. Si ça s’est bien passé lors des deux premiers tours, tout s’est, en revanche, largement compliqué lors du troisième, où Bob Haller a complètement craqué, pour finalement terminer à une 18e place, bien loin de ses espoirs de podium. Et bien loin des précieux points qu’il était venu chercher : «Le seul truc qui m’a fait continuer, c’est que si je voulais faire appel, je ne pouvais pas abandonner la course. J’aurais dû être sixième, je termine 18e et je ne prends pas de points, je suis super déçu.»
Au-delà de la déception, on sent même de l’écœurement : «On était six à faire appel mais notre appel a été rejeté car il n’y avait pas de preuves. Pas de caméras et des bonnets sans numéro dessus. Les mecs ont refusé de reconnaître qu’ils avaient triché, ils ont pris leurs points, leur argent. Le troisième, il ne sait même pas nager. Je suis dégoûté. Ils auraient tous dû être disqualifiés dès la première transition. Ça a complètement faussé la course.»

Romain Haas

 

Pas d’appel de la FLTRI?

Même si les représentants de l’ITU ont recommandé aux athlètes de faire appel via leur fédération, ça ne devrait pas être le cas côté luxembourgeois : «Il y a plusieurs sortes de réclamations qui peuvent être faites. Dans notre cas, il s’agissait d’une protestation. En général, ça se fait sur place, directement auprès du juge en chef, ce qui a été fait par Bob. Dans ces conditions, vu que je n’étais pas sur place et que je n’ai pas d’éléments nouveaux à apporter par rapport à ce qu’a dit Bob dans sa protestation, il n’y a pas trop d’utilité pour la fédération d’en faire une également. Sa protestation a été rejetée, faute de preuves objectives qui permettaient d’identifier les tricheurs. Et comme le podium a été fait, les classements ont été validés. Il y a des délais très courts à respecter pour faire des réclamations. La procédure normale a été respectée sur place», confie Thomas Andreos, l’entraîneur national.
Pas de réclamation officielle, a priori. En revanche, la FLTRI ne s’interdit pas de dire à l’ITU sa façon de penser : «Nous ferons au moins un mail à l’ITU pour faire part de notre mécontentement.»
Pas évident que cela suffise à consoler Bob Haller, clairement floué à la suite de cette affaire. Alors qu’il a entamé une course contre la montre pour tenter d’aller chercher un rêve olympique de plus en plus improbable, nul doute que l’épisode cubain n’est pas de nature à le rendre optimiste pour la suite des événements.

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