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Le patron de l’antidopage russe limogé


Pour Iouri Ganous, l’audit qui lui vaut d’être limogé est une "vengeance" contre sa campagne face à l'inaction des autorités contre le dopage (photo : AFP).

La Russie a limogé vendredi le patron de son agence antidopage (Rusada), Iouri Ganous, rare voix russe crédible dans le domaine, une décision qui risque de ralentir encore les efforts de réintégration du pays dans le sport mondial.

Mis en cause début août par le conseil de surveillance de Rusada après un audit révélant des infractions dans la gestion interne, Iouri Ganous a été écarté à l’issue d’une assemblée générale des Comités olympique et paralympique russes, qui chapeautent l’agence.

Iouri Ganous, qui s’attendait à cette décision, a déclaré qu’elle « ne signifie rien de bon (pour le sport russe), car Rusada était devenu un pont pour le rétablissement de la confiance » entre la Russie et les instances sportives mondiales. Si le motif officiel de son licenciement est lié à cet audit, Iouri Ganous avait dénoncé dès juillet une « vengeance » pour sa campagne face à l’inaction des autorités contre le dopage et ses prises de position souvent à rebours du Kremlin.

Il avait aussi dénoncé l’audit l’ayant mis en cause comme « incomplet, infondé et discutable » tandis que l’Agence mondiale antidopage (AMA) s’était dite « extrêmement préoccupée » par la recommandation de l’écarter, rappelant que les agences nationales doivent rester à l’abri de toute ingérence des comités olympiques.

Personnage haut en couleur nommé en 2017, sans expérience sportive ou scientifique, Iouri Ganous avait multiplié les prises de position à contre-courant, interpellant Vladimir Poutine, attaquant l’ex-ministre des Sports Pavel Kolobkov ou éreintant la diplomatie russe répandant la thèse d’un complot occidentalo-médiatique quant au dossier du dopage.

Un poste à haut risque

Iouri Ganous, 56 ans, a aussi accusé les autorités de son pays d’être responsables des falsifications du laboratoire antidopage de Moscou, qui ont conduit en fin d’année dernière à l’exclusion de la Russie des Jeux olympiques et des compétitions sportives mondiales pour quatre ans. Il avait jugé logique cette mise au ban du sport mondial, compte tenu de l’ampleur des fraudes.

À son arrivée à Rusada en 2017, il avait licencié 90 % du personnel et entrepris de bouleverser de fond en comble le travail de l’agence, notamment l’organisation des contrôles antidopage. Son image de Monsieur Propre avait permis à Rusada d’être l’un des rares acteurs du sport russe à retrouver une certaine crédibilité en matière de lutte antidopage, même si certains l’accusait d’être acteur d’un plan de Moscou visant à redorer son image.

Iouri Ganous assumait lui ses positions, alors qu’il occupait un poste marqué par les morts soudaines de deux de ses prédécesseurs, Nikita Kamaïev et Viatcheslav Sinev, après les révélations en 2015 sur le dopage institutionnel en Russie.

« Je déclare officiellement que j’aime la vie, que je ne me suiciderai pas », a-t-il d’ailleurs écrit sur Twitter en juillet, alors que les premières accusations de mauvaise gestion financière étaient parues dans la presse, sous-entendant que sa vie pourrait être menacée.

LQ/AFP

 

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