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[Football] Pour la Belgique, Bruxelles et Moris, c’est l’heure du match d’après


«Je suis pour jouer, surtout à Bruxelles, pour montrer à ces organisations criminelles qu’au final, on vaincra», affirme Anthony Moris. (Photo AFP)

Quatre jours après l’attaque qui a coûté la vie à deux fans suédois au stade Roi-Baudouin à Bruxelles, l’Union Saint-Gilloise et Anthony Moris sont les premiers à rejouer en Belgique et dans sa capitale, ce soir contre Eupen en ouverture de la 11e journée de Jupiler Pro League.

La fin de Luxembourg-Slovaquie (0-1) venait à peine d’être sifflée que le ciel lui est tombé une seconde fois sur la tête. En rentrant aux vestiaires, Anthony Moris a appris, en échangeant des SMS avec son épouse, que la Belgique, son pays natal, venait d’être meurtrie, et que deux ressortissants suédois avaient péri à Bruxelles près du stade Roi-Baudouin, en marge du match Belgique-Suède comptant aussi pour les qualifications de l’Euro-2024.

«J’avais du mal à y croire, puis j’ai ouvert les infos sur mon téléphone et j’ai vu les images de la fusillade, des supporters confinés dans le stade, relate le gardien des Roud Léiwen. J’en ai directement parlé avec le Slovaque Patrick Hrosovsky, qui joue à Genk. On s’est dit que notre déception et leur joie n’avaient aucune valeur à côté de la tristesse d’un tel événement.»

La tristesse, depuis, a laissé place chez le natif d’Arlon à «l’incompréhension. Comment peut-on en arriver là ? Je ressens aussi de la frustration, car ce n’est pas la première fois qu’un attentat a lieu aux abords d’un stade. On réalise que ça aurait pu être un proche, un membre de la famille ou une connaissance qui venait pour passer un bon moment. Ça fait peur. Les foules se déplacent en masse pour nous voir jouer…»

«Gustaf Nilsson m’a dit : « Ça aurait pu être moi »»

Parmi les spectateurs du stade Roi-Baudouin se trouvaient notamment plusieurs de ses équipiers à l’Union Saint-Gilloise : le Suédois Gustaf Nilsson, l’Anglais Ross Sykes et le Norvégien Mathias Rasmussen. «Rien qu’à voir le visage de Gustaf mercredi, à mon retour à l’entraînement, j’ai compris qu’il était touché, souffle Moris. Il m’a dit : « J’avais une écharpe de la Suède et j’étais dans les environs de l’attaque quand ça s’est passé. Ça aurait pu être moi ».»

Dans le vestiaire de l’USG siège aussi un Belge d’origine suédoise, le gardien n° 2 Joachim Imbrechts. Mais «il n’y a pas besoin d’être belge ou suédois pour être marqué, rappelle l’international luxembourgeois (59 sélections). Mes collègues musulmans sont aussi révoltés par ce qui s’est passé. Pour eux, ça n’a pas lieu d’être dans leur religion. Ils savent que des amalgames vont être faits et qu’ils vont devoir vivre avec ça. C’est injuste pour eux. Tout le monde a été choqué.»

«Il y aura une certaine émotion»

Et chacun doit faire abstraction, désormais : si Belgique-Suède (1-1), interrompu à la pause, ne sera pas rejoué (l’annonce en a été faite jeudi), le football reprendra lui ses droits ce soir au plat pays et dans sa capitale… lors d’un Union-Eupen tenant lieu de lever de rideau de la 11e journée de Jupiler Pro League (20 h 45). «On doit reprendre notre vie de tous les jours et notre métier, comme toutes les personnes normales qui ont repris leurs activités, pose Moris. Mais on aura une grosse pensée pour les victimes. Le foot est une fête et on espère qu’on pourra, l’espace d’un instant, faire oublier tout ça.»

Mais Bruxelles aura-t-elle la tête et le cœur au ballon rond ? Puisqu’il n’y vit pas et que l’USG s’entraîne dans la région d’Anvers, Anthony Moris n’aura la réponse que «lors du match. Mais il y aura une certaine émotion, c’est sûr». Mais aussi une conviction exacerbée, chez lui : «Je suis pour jouer, surtout à Bruxelles, pour montrer à ces organisations criminelles qu’au final, on vaincra. Que quoi qu’il arrive, on continuera à avoir une vie normale, qu’ils n’ont pas à nous plonger dans une vie de peur au quotidien». Ce qui ne l’empêche pas d’espérer que «la sécurité soit de mise aux abords du stade».

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