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Luxembourg : les réfugiés souffrent de l’attente


Le programme du gouvernement jugé pourtant ambitieux en matière d'asile et d'intégration a donc du mal à se concrétiser (Photo : Fabrizio Pizzolante).

Samedi c’est la journée mondiale des Réfugiés. Eux aussi souffrent des conséquences de cette pandémie et sont assignés à résidence. Le Collectif réfugiés veut annuler certains dossiers Dublin III.

Près de 80 millions de personnes dans le monde, dont 40 % d’enfants, ont été contraintes de fuir leur foyer l’année dernière, parmi lesquelles 26 millions de réfugiés. Des chiffres étourdissants, sans précédent, résultant de nouvelles vagues de déplacements en République démocratique du Congo, dans le Sahel, au Yémen et en Syrie. Puis il faut encore ajouter 3,6 millions de Vénézuéliens déplacés ou hors de leur pays.
Voilà une photographie de la situation pour la journée mondiale des Réfugiés célébrée samedi. Le Grand-Duché n’a pas à rougir de sa politique en matière d’accueil, même si elle prête le flanc à quelques critiques que pointe régulièrement du doigt le Collectif réfugiés. S’il sait saluer les efforts consentis par le gouvernement, notamment le fait que le Luxembourg ait conservé ses frontières ouvertes pour les demandeurs de protection internationale (DPI), il revendique des améliorations rendues en partie nécessaires par la crise sanitaire.

La pandémie du Covid-19 a suspendu les transferts Dublin et placé les exilés dans une situation d’attente et de souffrance jusqu’à un retour à la normale de la procédure d’asile alors que règne une incertitude totale à ce sujet. Le collectif demande au gouvernement d’annuler au moins les décisions de transferts Dublin pour toutes les personnes arrivées avant le 15 juin 2020. C’est sa première recommandation.
Il s’agit d’une phase assez longue dans la procédure qui consiste à déterminer le pays compétent pour traiter les dossiers et pendant ce temps, ils sont assignés à résidence. Le Collectif estime que cette recherche ne justifie pas une privation de liberté. Les DPI concernés par ces retours sont logés à la SHUK, une structure d’accueil dans des tentes au Kirchberg que le Collectif veut voir disparaître et où un tiers des occupants se sont retrouvés contaminés par le coronavirus.

Outre l’annulation des transferts Dublin, la seconde recommandation émise cette année par le Collectif vise la prolongation de 3 à 6 mois du délai imparti au bénéficiaire du statut de réfugié pour introduire une demande de regroupement familial. Le gouvernement s’y était engagé mais le Collectif est forcé de constater qu’en matière de politique d’asile et d’intégration, les développements sont lents et limités.
Ce rallongement du délai est justifié par les problèmes que rencontre le demandeur dans son pays d’origine pour constituer son dossier. Surtout, il doit aussi présenter une preuve de logement et de ressources équivalentes au salaire social minimum. Un délai de six mois semble être un minimum pour constituer un tel dossier.

Ça traîne des pieds

Le programme du gouvernement jugé pourtant ambitieux en matière d’asile et d’intégration a donc du mal à se concrétiser. Le Collectif dit l’observer également en ce qui concerne l’accès au marché du travail. Rien ne bouge de ce côté si bien qu’un réfugié, une fois son statut obtenu, doit se débrouiller sur le marché du travail alors qu’il aurait pu bénéficier d’un temps de préparation, comme un stage, en y accédant plus tôt.
Cela pourrait faire partie du PIA pour parcours d’intégration accompagnée mais là encore, le gouvernement traîne les pieds et se retrouve accusé de négligence par un Collectif qui attend la mise en place de la troisième phase de ce plan qui avait pourtant bien démarré, selon lui. La phase trois concerne justement les bénéficiaires de protection internationale mais tout s’est subitement arrêté. Le Collectif souhaiterait ardemment que l’on sorte le PIA de sa torpeur et que l’on y associe à nouveau la société civile.
Et puis il y a encore les vieilles revendications comme l’augmentation de l’allocation pour les DPI qui s’élève toujours à 25 euros par mois. Même indexé, c’est maigre pour goûter à l’autonomie, s’éloigner des services sociaux et avoir un peu plus de dignité, résume le Collectif.

Les deux recommandations de l’année à l’occasion de cette journée mondiale font l’objet d’une pétition. Les signatures sont recueillies sur le site du Collectif (lfr.lu). On y découvre également une vidéo de trois minutes qui raconte la réalité derrière le mot «réfugié».

Geneviève Montaigu

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