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Le personnel de santé au Luxembourg est «à bout de souffle»


Le secteur de la Santé est grippé au Luxembourg. Le syndicat OGBL-L a interpellé le gouvernement, jeudi, à l’aider à se remettre sur pieds. (photo Julien Garroy)

Le personnel de santé a été éprouvé par le Covid-19. La perspective d’une deuxième vague réveille les craintes et met au jour les lacunes et défauts d’un système.

Le syndicat santé, services sociaux et éducatifs de l’OGBL tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme : les métiers de la santé ne vont pas bien du tout au Luxembourg. Des solutions existent pour améliorer la situation. Encore faut-il que le monde politique les entende et les mette en pratique.

Alors que jeudi après-midi avait lieu la dernière session de la saison à la Chambre des députés, le syndicat avait prévu une manifestation pour transmettre ses craintes et revendications aux députés et aux membres du gouvernement. La manifestation a dû être annulée en raison de la recrudescence des cas de Covid-19 au Luxembourg.

Alors que les soignants se remettent à peine de la première vague, une deuxième s’annonce déjà à l’horizon. «Que va-t-il arriver maintenant ?», s’interroge Chantal Gantrel, de l’OGBL. «Nous essayons de faire de notre mieux pour nous occuper des patients que nous avons mis en attente pendant la crise parce qu’il était de notre devoir de les mettre en attente. Mais à un moment donné, nous n’y arrivons plus. Psychologiquement, ça va, mais physiquement, ça ne va plus. Que va-t-il nous arriver maintenant ? Peut-être une deuxième vague. Les gens sur le terrain se demandent où ils vont encore pouvoir trouver l’énergie nécessaire. Ces gens doivent en aider d’autres alors qu’ils ne sont pas assez nombreux, que leurs conditions de travail ne sont pas bonnes… Les gens sont à bout de souffle.»

Vers une pénurie de soignants ?

La situation exige une réponse rapide de la part du gouvernement, estime le syndicat. La pandémie de Covid-19 est venue souligner l’urgence d’une situation qui ne serait pas nouvelle. Le patient le plus vulnérable serait depuis longtemps déjà le système de santé, des soins et du social. Et Pitt Back, secrétaire général du syndicat, de citer «la croissance de la densité du travail de terrain, l’accumulation des heures supplémentaires et la pénibilité du travail posté».

Des conditions de travail aggravées par la pandémie et l’absence de collègues vulnérables ou en congé pour raisons familiales extraordinaires qui font craindre aux soignants de perdre en qualité des soins et qui pourraient rebuter plus d’un jeune aspirant pour finalement entraîner une pénurie de soignants.

Actuellement, seul 82 % du personnel nécessaire à faire 100 % du travail effectif est accordé aux hôpitaux en raison d’un système de planification obsolète et la situation serait similaire dans les autres branches du secteur, de la logistique aux agents de nettoyage en passant par les travailleurs sociaux et les éducateurs. Voire pire, car les salariés des secteurs d’aide et de soins et du secteur social bénéficient d’une convention collective moins avantageuse que les salariés du secteur hospitalier alors qu’ils font souvent le même travail.

Les remèdes à mettre en place

La situation est grave, mais pas désespérée. Le syndicat de l’OGBL a réfléchi à des solutions à court et à long terme. À commencer par «une augmentation durable des dotations du personnel de 10 % dans les hôpitaux, ainsi que dans le secteur des soins et le secteur social». «Les capacités existent. Il y a du chômage dans le secteur de la santé», note Pitt Back, convaincu que cette mesure peut être prise à court terme. Ensuite, le syndicat est d’avis que pour rendre les professions de santé plus attirantes, il faut les revaloriser en réformant la formation. Actuellement, elle est sanctionnée par un BTS Santé qui n’existe qu’au Luxembourg.

Le syndicat propose la création d’un cursus de bachelor en soins infirmiers et d’un master pour les infirmiers spécialisés, ainsi qu’une revalorisation du diplôme d’aide-soignant. Pour finir, l’OGBL revendique «une enveloppe budgétaire supplémentaire dédiée à une harmonisation des conditions de travail en introduisant la convention collective de la fédération des hôpitaux luxembourgeois à tout le secteur».

«Si ces messages ne sont pas entendus par le monde politique, nous trouverons les moyens, même en période de Covid-19, de les faire entendre», a prévenu Pitt Back avant de conclure que «sans nous, rien ne va», le slogan de son syndicat.

Sophie Kieffer

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