La ministre écolo de l’Environnement et le ministre socialiste de l’Économie ne sont toujours pas sur la même ligne concernant l’arrivée potentielle de la fabrique de yaourts grecque à Luxembourg. Les députés ont pu s’en convaincre jeudi matin.
Pendant près d’une heure et demie, les ministres Carole Dieschbourg (Environnement) et Étienne Schneider (Économie) sont venus sur demande de déi Lénk expliquer l’état d’avancement du projet d’installation d’une fabrique à yaourts grecque dans la zone industrielle située entre Bettembourg et Dudelange. Ce dossier défraye la chronique depuis de longues semaines. Et un apaisement n’est pas en vue.
« L’ambiance était tendue. J’ai l’impression que le ministre de l’Économie a bâclé ce dossier », avance le député déi Lénk David Wagner. « Les ministres de l’Environnement et de l’Économie ne tirent pas dans la même direction », enchaîne le député-maire de Bettembourg, Laurent Zeimet (CSV). Même Josée Lorsché de déi gréng a hoché de la tête au moment où Étienne Schneider est venu rappeler ses arguments pour justifier son choix d’attirer cette fameuse fabrique de yaourt au Luxembourg.
« Notre réputation n’est pas en jeu »
« On veut plus de substance et plus de boîtes aux lettres. Cette société grecque a déjà son siège au Luxembourg et a payé sur les deux dernières années plus de 60 millions d’euros d’impôts au Luxembourg », souligne le ministre de l’Économie. « Il faut qu’on sache ce qu’on veut au Luxembourg. Oui, la consommation d’eau de cette fabrique sera importante, mais il existe des solutions », enchaîne Étienne Schneider, légèrement vexé. « Tout à coup déi Lénk sont opposés à la création de 200 emplois », ajoute-t-il. « Il faut qu’ils s’en expliquent ».
Carole Dieschbourg a de son côté insisté sur l’impact environnemental de cette fabrique, qui risque de consommer la même quantité d’eau qu’une ville de 20 000 habitants. « Notre réputation n’est pas en jeu ici, mais bien l’impact sur l’environnement. La procédure est en cours. Il faudra attendre les conclusions et trancher », insiste la ministre de l’Environnement, un brin mal à l’aise, alors qu’elle s’exprime sous les yeux d’Étienne Schneider.
Il reviendra donc à l’Administration de l’Environnement de jouer l’arbitre dans ce périlleux dossier, qui pose au-delà la question plus globale de la future orientation de l’économie luxembourgeoise. « Si les conditions ne sont pas remplies, alors la fabrique n’arrivera pas », conclut amèrement Étienne Schneider. Ce dossier est loin d’être clos.
David Marques