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Xavier Bettel : «On voudrait une politique d’austérité ?»


Le Premier ministre, Xavier Bettel, et son ministre des Finances, Pierre Gramegna (à dr.), ont une nouvelle fois défendu leur bilan, jeudi. (photo Hervé Montaigu)

Le Premier ministre, Xavier Bettel, a répondu jeudi aux critiques de l’opposition, comme Pierre Gramegna et Étienne Schneider. La majorité parade, le CSV enrage. Au centre du débat, cette croissance de 4% en moyenne ces trois dernières années, qui a comblé le pays. Mais le CSV n’en demandait pas tant. Le gouvernement a du mal à suivre. Suite et fin du débat sur l’état de la Nation.

Trop positif le Premier ministre? Pour l’opposition, sans aucun doute. Jeudi, à la Chambre des députés, ils se sont succédé à la tribune pour pointer les faiblesses du discours prononcé la veille par Xavier Bettel qui dressait un état des lieux très respectable du pays sous les couleurs bleu-rouge-vert. La réplique de Claude Wiseler, chef de file des chrétiens-sociaux, avait déjà donné le ton. Le portrait que dresse Xavier Bettel du pays est trop «optimiste» selon le CSV qui retient surtout ce que le Premier ministre n’a pas dit.

Le débat a été relancé sur l’avenir du système de pensions, tu par Xavier Bettel, comme le problème des conseils de fabrique, l’intégration des étrangers et celle des réfugiés. Le CSV reproche clairement au Premier ministre d’avoir sciemment évité les sujets qui fâchent et d’avoir tout concentré sur les performances du pays.

Même les finances publiques, qui se portent bien selon toutes les instances européennes et internationales, ne trouvent pas grâce aux yeux de l’opposition qui accuse le gouvernement de dilapider les fruits de cette croissance au lieu de créer des réserves utiles pour des temps plus incertains. Et enfin, le CSV ne voit pas de «vision» dans ce discours tout à la gloire du gouvernement selon eux.

« J’ai grandi avec la menace du mur des pensions! », répond à son tour Xavier Bettel après toutes les interventions des députés. Ce serpent de mer réapparaît dans le débat et le duel oppose cette fois Claude Wiseler à Étienne Schneider. « Pas touche aux pensions! », a prévenu le ministre de l’Économie en rappelant à son interlocuteur son propre projet de vouloir augmenter les cotisations, augmenter l’âge de départ à la retraite et diminuer les pensions, comme il l’avait déclaré lors d’une interview radiophonique.

« Vous savez que l’on va avoir un gros problème, vous le savez très bien! », lui lâche Claude Wiseler qui compte intégrer une réforme des pensions dans son programme électoral pour 2018. « Faites-le, le LSAP ne le fera pas », lui suggère Étienne Schneider.

Débats de consultation

« On voudrait que l’on mène une politique d’austérité », observe le Premier ministre depuis la tribune en toisant les rangs de l’opposition. « Et, en même temps, on nous reproche de ne pas avoir de vision d’avenir alors que nous investissons précisément pour le futur », réplique Xavier Bettel. Et il veut profiter de cette croissance qui tourne autour des 4  % en moyenne depuis trois ans pour offrir au pays les infrastructures dont il a besoin pour satisfaire une démographie galopante. « On ne peut pas investir dans l’avenir et économiser, c’est l’un ou l’autre », déclare Étienne Schneider.

Les logements, la mobilité sont autant de sujets qui fâchent. Le CSV le rappelle au Premier ministre qui se défend d’avoir voulu les enterrer. Mais pour autant, il n’apporte pas de solution toute faite. Pour la mobilité et l’aménagement du territoire, Xavier Bettel propose d’organiser deux débats de consultation à la Chambre des députés « afin d’entendre les propositions des uns et des autre »›, dit-il, un brin exaspéré par les critiques qu’il juge non fondées de la part du CSV.

De son côté, Pierre Gramegna, ministre des Finances, note d’abord avec satisfaction que le mot «peur» n’a plus été prononcé en faisant référence au discours plus populiste de Claude Wiseler l’année dernière. « Mais on vient nous reprocher d’avoir la croissance comme seule et unique stratégie », comprend le ministre des Finances.

En fin connaisseur de l’Italie, il explique que depuis 17  ans ce pays n’a plus connu de croissance et que plus personne ne veut y investir. « C’est exactement le contraire au Luxembourg et on nous dit que c’est mauvais », poursuit-il avant de conclure que « la clé de la croissance ce sont les investissements » et « qu’avec 4  % de croissance le Luxembourg est un pays compétitif ». Le secteur financier est toujours le premier contributeur de l’économie et représente toujours 11  % de l’emploi total, explique le ministre.

Deux nouvelles banques arrivent

Pierre Gramegna annonce d’ailleurs que deux nouvelles banques chinoises vont arriver au pays et que le Brexit va finalement profiter au Luxembourg, qui va accueillir des maisons mères comme siège européen.

« On nous reproche de ne pas réagir rapidement pour réformer le système des retraites? Je rappelle que le CSV n’a pas réagi à la perte de la TVA sur le commerce électronique en même temps qu’il accordait des rentes pour les mères au foyer! », balance Etienne Schneider à son tour.

Le ministre de l’Économie reconnaît non sans malice qu’il est « difficile de faire l’aveu qu’un gouvernement qui a récupéré un pays à la dérive puisse avoir d’aussi bons résultats ». Il balaie d’un revers de la main le reproche plusieurs fois formulé concernant le manque de vision du gouvernement.

Il y a quand même l’étude Rifkin, plaide Étienne Schneider en rappelant qu’il s’agit avant tout de réfléchir à un modèle économique durable et que c’est bel et bien une vision d’avenir.

Lui non plus ne comprend pas le CSV qui craint une trop forte croissance. « Faites un voyage d’étude à Mont-Saint-Martin, de l’autre côté de la frontière, regardez l’hôpital, les écoles et vous verrez à quoi ressemblent les services dans un pays qui ne connaît plus de croissance. En Lorraine, c’est la catastrophe au niveau des infrastructures », illustre-t-il.

La croissance, c’est elle qui donne « les bonnes pensions », qui fait « baisser le chômage », qui maintient « le niveau de vie élevé des Luxembourgeois ». Pour le gouvernement, c’est tout ce qui compte.

Geneviève Montaigu

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