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Une bouée pour jeunes à la dérive


Portées à l’écran avec le film de fiction Baby(a)lone, les classes mosaïques sont devenues une réalité du pays. Il s’agit d’élèves perturbateurs qui sont recadrés pendant quelques semaines en petits groupes.

Avec des groupes de 4 à 6 élèves maximum, les classes mosaïques ne sont définitivement pas des classes comme les autres. À la suite d’une décision du conseil de discipline, un élève est envoyé pour une période de 6 à 12 semaines dans une classe mosaïque. Le but pour l’équipe pédagogique est de trouver où est le problème. L’élève, quant à lui, est suivi de très près, avec des cours intensifs pour apprendre à s’organiser et à travailler efficacement. Certains élèves ont besoin d’un encadrement plus personnalisé : « La plupart ne rentrent pas dans le moule imposé par l’éducation nationale, la classe de 25 élèves, etc., il leur faut plus d’attention », explique Tulio Forgiarini, enseignant en classe mosaïque et auteur du livre Amok qui a inspiré le film Baby(a)lone.

Le profil de ces élèves est divers : « Ils ont des problèmes familiaux, financiers, psychologiques, comportementaux. Ils ont du mal à s’adapter aux normes et sont en décrochage scolaire. C’est celui qui ne vient pas en cours ou qui ne fait rien », explique Danilo Luchetti, éducateur gradué au lycée technique d’Esch. Pour autant, il est parfois difficile d’intervenir quand les problèmes de l’élève n’ont rien à voir avec l’école : « Nous avons des éducateurs, des assistantes sociales, mais nous ne sommes pas psychologues. Il y a des cas où il faudrait rentrer dans la vie des familles, mais nous sommes limités », regrette Tulio Forgiarini.

Si le projet est volontaire, « les élèves le voient rarement comme un cadeau, mais plutôt comme une dernière chance. Certains apprécient néanmoins cet encadrement personnalisé, rares sont ceux qui ne sont pas contents, car c’est une classe où l’on doit travailler de manière différente », évoque Danilo Luchetti. Les enseignants suivent, quant à eux, une formation supplémentaire, mais pour Tulio Forgiarini il s’agit plutôt d’expérience et d’instinct. « Beaucoup de choses marchent à l’intuition, et puis un élève se sentira plus à l’aise avec un enseignant plutôt qu’un autre », une approche au cas par cas. Si personne n’ose avancer une explication, force est de constater que le nombre de classes mosaïques est en augmentation : « Pour la première fois, ces classes sont ouvertes tout au long de l’année. Nous avons, par exemple, commencé pour cette année scolaire tout de suite en septembre, à la rentrée. Nous nous sommes basés sur le dernier conseil de discipline, afin d’essayer de démarrer l’année sur de bonnes bases », poursuit Danilo Luchetti.

Avec une réussite pour les deux tiers des élèves, l’équipe pédagogique peut s’enorgueillir de ce succès : « C’est vraiment gratifiant de voir des jeunes qui s’en sortent. Pour certains, ça va un peu mieux dès la sortie de la classe mosaïque, d’autres en ressentent les bénéfices deux à trois ans plus tard », note Tulio Forgiarini qui a néanmoins évacué tout le stress à travers son livre.

De notre journaliste Audrey Somnard

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