Accueil | Politique-Société | Schoolleaks : Claude Meisch entendu au tribunal

Schoolleaks : Claude Meisch entendu au tribunal


Lors d'une conférence de presse le 19 mars 2015, le ministre Meisch confirmait la fuite des épreuves communes du cycle 4.2 et annonçait l'organisation d'épreuves complémentaires. Mardi, il a dû s'expliquer... (photo archives LQ)

Le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, a finalement été entendu mardi dans le procès SchoolLeaks. Son audition aura duré une bonne heure.

Le ministre de l’Éducation nationale sera-t-il entendu comme témoin dans le procès SchoolLeaks? C’est sur cette question que la troisième audience s’était achevée lundi. Mardi, le tribunal a tranché. À la différence de l’avis du parquet, il a dit que rien ne s’opposait à l’assermentation du témoin Claude Meisch.

« Si nous n’avons pas confiance dans toutes les personnes qui interviennent à l’école, je ne vois pas comment on pourrait organiser l’école et les examens. » Plusieurs fois, le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, a souligné mardi matin lors de son audition avoir pleine confiance dans les enseignants. « C’est une situation exceptionnelle qu’on a eue. L’Éducation nationale a subi un préjudice. Voilà pourquoi on s’est constitué partie civile. »

Au printemps 2015, alors que les élèves du cycle 4.2 de l’école fondamentale étaient en train de passer leurs épreuves communes dans le cadre de leur passage vers l’enseignement secondaire, le ministre était obligé d’annoncer qu’une partie des épreuves avaient fuité et avaient été partagées. Trois enseignantes du lycée classique d’Echternach (LCE) et le mari d’une d’entre elles, poursuivis respectivement pour violation du secret professionnel et recel, comparaissent actuellement à la barre de la 18 e  chambre correctionnelle.

2015 était la première année où tous les enseignants du secondaire membres du conseil d’orientation (236) ont reçu les épreuves avant la fin des tests. Les années précédentes, les épreuves avaient seulement été envoyées en amont aux enseignants siégeant dans les conseils qui en faisaient expressément la demande.

«Pas clair qu’il s’agissait d’une action isolée»

Le ministre a confirmé hier que cela était une décision du Script (Service de coordination de la recherche et de l’innovation pédagogiques et technologiques) d’envoyer avant la fin des épreuves les sujets aux enseignants du secondaire. Or pour le ministre, ce n’était pas un problème. « Chacun qui a affaire avec l’école ne doit pas se voir rappeler ses responsabilités. »

La confidentialité du contenu des enveloppes adressées aux enseignants du secondaire et déposées dans leurs casiers respectifs n’avait pas été notifiée. « Je suis d’avis qu’il n’est pas nécessaire de noter quelque chose qui est évident », poursuit le ministre. À noter qu’entretemps, et ce dès l’organisation des épreuves additionnelles au mois d’avril, une nouvelle procédure a été définie par le ministère « pour plus de garanties ».

Questionné par la défense, sur le fait que les 4  800  élèves avaient aussi dû repasser des épreuves qui s’étaient avérées pas concernées par la fuite, Claude Meisch indique  : « Le ministère a dû réagir à la suite de la publication. Sur la base des connaissances qu’on avait le 19  mars, ce n’était pas clair qu’il s’agissait d’une action isolée. On a décidé de refaire les épreuves .»

Claude Meisch n’était pas le seul témoin entendu mardi matin. Un fonctionnaire travaillant au ministère de l’Éducation nationale soulève qu’avant 2015, ils étaient une trentaine d’enseignants du secondaire à faire une demande pour recevoir les sujets des épreuves en vue de se préparer pour le conseil d’orientation. « Il fallait tous les ans refaire une nouvelle demande », précise-t-il.

Une déclaration que la prévenue Danielle H. ne partage pas. « Je n’ai jamais fait de demande avant 2015. Nous disposons de la pile à la maison» , a-t-elle lancé depuis le banc des prévenus.

Il avait alerté le CSV

En début d’audience, mardi, la 18 e  chambre correctionnelle a également entendu le compagnon de la prévenue Tatiana K. Membre du CSV, ce dernier avait suggéré la fameuse question parlementaire à son parti. Le témoin explique que le 16  mars, quand les professeurs avaient reçu les sujets des épreuves, sa compagne l’avait contacté pour lui dire que «les documents leur avaient été envoyés alors qu’ils n’en avaient pas encore besoin ».

C’est alors qu’il avait contacté le député Félix Eischen (CSV) et lui avait joint en preuve la lettre d’accompagnement des différentes épreuves communes pour qu’il puisse poser la question parlementaire. Le témoin indique, par ailleurs, avoir téléchargé des documents sur Dropbox. « J’ai proposé l’accès à Félix Eischen. Mais il a dit qu’il n’en avait pas besoin. »

À l’avocat de la partie civile qui lui demande s’il a manipulé d’autres documents, le compagnon de la prévenue conteste. La perquisition de sa boîte de courriels révèle toutefois que le 16  mars dès 9h25, il s’est servi de son adresse mail professionnelle pour envoyer un fichier compressé.

Vers une nouvelle plainte

Or le témoin dit ne pas se souvenir de ce qui se trouvait dans ce fichier. « Il y a un commentaire. La qualité n’est pas excellente, mais est toujours claire. C’est étonnant qu’il ne s’en souvienne plus », remarque M e Michel Molitor.

Lors de son audition, le témoin a encore indiqué avoir appris en fin d’année scolaire 2015 dans une discussion avec une enseignante de Bourglinster une autre fuite; certains instituteurs se seraient entraînés avec leurs élèves aux épreuves communes. Mais sur le coup, le témoin dit ne pas avoir réagi  : « À l’époque, on se trouvait sous investigation .»

Le procès se poursuit ce mercredi matin, à 9  h. Or l’audition du compagnon de la prévenue Tatiana K. ne devrait pas rester sans conséquences. Car le ministère a décidé de porter plainte contre le témoin membre du CSV.

Fabienne Armborst

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.