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René Winkin, directeur de la Fedil : «L’hydrogène, ce ne sera pas pour demain»


René Winkin, directeur de la Fedil souligne l'importance d'une connexion du réseau luxembourgeois d'hydrogène avec le belge. (Photo : Julien Garroy)

René Winkin, le directeur de la Fedil, souligne l’importance d’une connexion du Luxembourg au réseau d’hydrogène belge. La marche à suivre : d’abord les infrastructures, ensuite les livraisons.

Le ministre Lex Delles souligne l’importance de l’hydrogène dans le processus de décarbonation de l’industrie. Quels sont les besoins réels au Grand-Duché?

René Winkin : C’est dans le domaine de processus de production à forte chaleur qu’il faudra recourir à l’hydrogène. On ne peut pas imaginer de recourir à l’électrification pour décarboner ce type d’industries, même si, au Luxembourg, pas plus de cinq entreprises seront concernées.

On pourrait donc se demander quel est l’intérêt d’un tel investissement dans une infrastructure transfrontalière d’hydrogène. La réponse est qu’il ne faut pas se limiter aux besoins de l’industrie, mais aussi prendre en compte ceux du secteur des transports au sens large, qui fonctionne encore largement avec de l’énergie fossile.

Si on prend tout ensemble, ce projet commercial deviendra rentable.

Aux yeux de la Fedil, l’engagement bilatéral pris, hier, pour alimenter, à terme, le Luxembourg via un pipeline à l’hydrogène est une nécessité?

Nous saluons la signature de la lettre d’intention. Il est tout à fait sensé que le Grand-Duché soit connecté à la Belgique, vu son accès à la mer du Nord. L’Europe ne sera jamais capable de produire son important besoin en hydrogène. Il faudra donc recourir aussi à des livraisons par navire.

Les ports de Zeebruges et de Rotterdam sont prédestinés à devenir des plaques de distribution tournantes pour l’hydrogène. Le fait de miser à la fois sur une connexion au Grand Est et à la Belgique permettra d’assurer notre sécurité d’approvisionnement.

Dans quels domaines les entreprises avec les plus gros besoins en hydrogène sont-elles actives?

Il s’agit en premier lieu de la sidérurgie avec ses laminoirs, toujours alimentés au gaz. En Sarre ou à Gand, le besoin est bien plus important en raison des hauts-fourneaux qui y sont toujours en activité.

De manière plus ponctuelle, les fabricants de verre et d’aluminium pourraient aussi être demandeurs pour neutraliser leur empreinte carbone. La très grande majorité des industries implantées au Luxembourg pourront toutefois réussir la décarbonation en misant sur l’électrification.

L’industrie s’est-elle fixé une date butoir pour pouvoir profiter de l’hydrogène?

Je ne suis pas en mesure d’avancer de date précise. Mais il est un fait que d’année en année, les quotas de CO2 disponibles diminuent. Les prix sont à la hausse, ce qui pèse sur les entreprises industrielles.

L’hydrogène, ce ne sera pas pour demain, mais si on veut décarboner la production luxembourgeoise, il faudra aussi miser sur ce dernier. Car même si les besoins actuels sont réduits, il est clair qu’une entreprise voulant sauter le pas ne viendra pas s’implanter au Grand-Duché si la bonne infrastructure n’est pas disponible.

Quel tracé le pipeline envisagé pourrait-il emprunter pour connecter le Grand-Duché aux ports de la mer du Nord?

Au vu des besoins en Allemagne, il semble clair qu’un pipeline va passer par Liège et Eynatten pour alimenter les bassins sidérurgiques de la région. La question est de savoir si le Luxembourg va suivre le mouvement.

Je compare la situation au réseau ferroviaire, où les lignes performantes passent au nord et au sud du Grand-Duché, sans connexion directe avec la capitale. Ici, il est pleinement dans notre intérêt de nous manifester à un stade aussi précoce du projet et de démontrer notre volonté d’être connectés au réseau d’hydrogène belge.

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