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Réforme fiscale : les réactions politiques


Pour Corinne Cahen, les impôts vont être réduits de manière significative pour les classes moyennes et permettront donc de soulager les ménages. (Photo : Archives Editpress)

Libéraux, socialistes et écologistes se félicitent de la proposition de réforme fiscale en louant, à l’unisson, une future fiscalité davantage équitable.

Les trois partis de la coalition au pouvoir sont forcément sur la même longueur d’onde et leurs députés applaudissent la proposition de réforme fiscale mise sur la table par le gouvernement. Du côté du Parti démocratique (DP), on salue «un allègement (fiscal) global» et «un accroissement du pouvoir d’achat». Dans un communiqué, la présidente du parti libéral, Corinne Cahen, explique que «les impôts vont être réduits de manière significative pour les classes moyennes (…), en vue de soulager les familles et de fournir un soutien financier supplémentaire pour l’achat d’une première maison». Corinne Cahen est également d’avis que cette réforme est «une autre pierre angulaire importante sur le chemin de l’égalité des chances et du développement durable».

Dans la famille socialiste, on se réjouit également de la proposition de réforme fiscale, sans pour autant omettre de rappeler que celle-ci porte son sceau approbateur. «La signature socialiste est clairement reconnaissable!», martèlent le président du groupe parlementaire du LSAP, Alex Bodry, et le président du parti, Claude Haagen. Alex Bodry met en évidence la dimension sociale des changements prévus : «Avec cette réforme fiscale, nous faisons un pas notable vers une plus grande équité. Les ménages socialement défavorisés (…) sont les principaux bénéficiaires de cette réforme fiscale», lance le chef de la fraction parlementaire socialiste. Avant de rappeler que «les ajustements ciblés ont pour effet d’augmenter considérablement le pouvoir d’achat des ménages, sans sortir du cadre du raisonnable d’un point de vue budgétaire. De cette façon, on empêche plus de gens de sombrer dans la pauvreté», conclut-il.

Du côté des écolos, enfin, on met volontiers en avant le «fil vert» qui est «visible» au sein de la proposition de réforme. «Pour déi gréng, la proposition gouvernementale de réforme fiscale fait intelligemment le lien entre équité sociale, orientation environnementale et stimuli économiques», jugent les verts de Viviane Loschetter, présidente du groupe politique écolo au Parlement.

CSV : «Le contribuable récupère ce qu’on lui avait pris»

Pour le principal parti d’opposition, le CSV, la chose est entendue. «Le contribuable a lui-même payé ces allègements fiscaux annoncés», estiment les chrétiens-sociaux. Comprendre que le CSV est d’avis que le volume des allègements fiscaux correspond à ce que les contribuables ont dû débourser dans le cadre des impôts introduits en début de législature. Par ailleurs, le CSV déclare se prononcer sous réserve d’avoir chaque détail de la proposition de réforme en sa possession.

En attendant, le parti se dit par exemple «déçu» du fait que la baisse du taux d’affichage de l’impôt sur le revenu des collectivités ne soit pas assez conséquente, pour des raisons de concurrence internationale à laquelle est confrontée la place financière.

Cela étant, les ténors du CSV, dont le président du groupe parlementaire Claude Wiseler, prévoient de s’exprimer plus précisément dans les jours à venir.

ADR : « Trop vague »

L’ADR déplore que les «questions importantes» relatives à la réforme fiscale aient été occultées. «Combien coûte cette réforme fiscale et comment sera-t-elle financée?», s’interrogent les trois députés de l’ADR avec en tête Gast Gibéryen. Si ces derniers expliquent que la question fera l’objet d’une analyse approfondie de leur part, ils reconnaissent d’ores et déjà que la proposition du gouvernement comporte «une série de mesures positives».

Mais ils constatent également que «beaucoup de problèmes se posent néanmoins». L’ADR estime, en effet, que les allègements fiscaux annoncés ne constitueraient que la compensation des trois impôts introduits jusque-là par le gouvernement  : l’impôt d’équilibrage budgétaire de 0,5  %, la hausse de la TVA et la non-adaptation à l’inflation de la grille d’impôts sur 3  ans. «Ces trois mesures ont taxé le contribuable entre 350 et 400  millions d’euros», relève l’ADR qui note également que les recettes fiscales seront en baisse de 400 à 500  millions d’euros, avec la réforme fiscale.

Mais l’ADR explique ne pas pouvoir se contenter de cette «estimation globale» du ministre des Finances, Pierre Gramegna, et il attend du gouvernement qu’il dévoile les détails de chaque mesure de sa réforme. Bref, l’ADR estime que le gouvernement se montre «trop vague» et constate que, malgré «une bonne conjoncture», il a laissé voter un crédit de 1,5  milliard d’euros dans le cadre du budget 2016. «Ce qui correspond au manque à gagner par la baisse des recettes fiscales», selon l’ADR. Le parti en conclut que la génération suivante devra financer la réforme fiscale annoncée lundi.

Déi Lénk : « les gros salaires gagnants »

Déi Lénk a effectué une première analyse des annonces faites, sous réserve d’obtenir davantage de détails. Le parti des députés David Wagner (photo) et Serge Urbany relève, en premier lieu, que la réduction des charges sociales pour les faibles et moyens revenus revient tout simplement à compenser les mesures «antisociales» du paquet d’avenir.

Sur un deuxième point, déi Lénk considère que les grands gagnants sont les grandes entreprises et les rentiers qui ne seront que très peu mis à contribution. «Le Luxembourg continue de miser sur le dumping fiscal et sur les cadeaux aux multinationales», estime ainsi le parti. Par ailleurs, déi Lénk est d’avis que la réforme est «désastreuse» dans le domaine du logement, parce qu’elle ne profite qu’aux propriétaires et aux spéculateurs. Et la critique de déi Lénk ne s’arrête pas en si bon chemin. Le parti déplore, en effet, que la réforme n’ait que très peu d’accents écolos, uniquement visibles au «microscope électronique».

En guise de conclusion, déi Lénk juge que cette réforme ne profite qu’aux «gros salaires, propriétaires du capital et aux requins de l’immobilier». Enfin, le parti se demande comment l’État pourra accomplir ses devoirs si ses recettes baissent. «Il s’agit d’une capitulation partielle de l’État providence», analyse-t-il.

Le Quotidien

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