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Que retenir de la visite d’État en France?


Le Luxembourg et la France se sont entendus sur un montant d'investissement de 240 millions pour la Lorraine. (Photo : Alain Rischard).

Après une visite d’État très riche en événements, petit tour d’horizon de ce qui a été acté lors de ces trois jours chez nos voisins français.

Sur le plan diplomatique
Longue vie au «nation branding»! Cette visite d’État aura été sans conteste un succès. De Paris à Toulouse, la France a accueilli le petit Luxembourg comme les grands de ce monde. Un Grand-Duché qui est venu en force avec la quasi-totalité du gouvernement ainsi qu’une importante délégation d’entreprises. Petit bémol, cette rencontre au sommet n’a visiblement pas passionné la presse internationale…

Sur le plan politique
Succès aussi pour le gouvernement, qui pourra accrocher à son tableau de chasse cette visite d’État historique. Pour la première fois, les gouvernements des deux pays se sont réunis pour prendre des décisions concrètes qui amélioreront les relations transfrontalières. Un bon point, incontestablement, à quelques mois des élections législatives… D’autant que les sujets périlleux car peu populaires (A31 bis et rétrocession fiscale) ont été évités. Durant ces trois jours, le Luxembourg se sera employé à parler sur un pied d’égalité avec la France. Gonflant même ses muscles, à l’image d’un Pierre Gramegna qui s’est permis de faire la morale à Bercy en vantant l’enviable croissance du Luxembourg ou encore la rigueur de sa gestion des deniers publics. On retiendra aussi sa petite phrase : «La France et l’Allemagne sont le moteur de l’Europe. Le Luxembourg est l’huile qui fait tourner ce moteur.»

Et concrètement?

Plusieurs accords ont été pris, qui auront des répercussions concrètes pour les Luxembourgeois et les frontaliers français. À commencer par l’accord sur les transports, avec une enveloppe de 240 millions sur dix ans (120 millions par pays), et qui doit améliorer sensiblement le trafic transfrontalier… Enfin, pas pour tous.
L’accord va en effet pousser les frontaliers à utiliser les transports en commun, à travers l’augmentation des capacités ferroviaires, la création de parkings relais, l’encouragement du covoiturage… Mais pour ceux qui refusent de lâcher leur voiture personnelle, rien à espérer : le Luxembourg veut réduire le trafic routier. Autre mesure phare, le délai de tolérance de 29 jours pour les employeurs luxembourgeois qui envoient leurs salariés travailler de l’autre côté de la frontière. Autant de jours potentiels de télétravail en plus… et d’embouteillages en moins. Enfin, des accords ont été signés avec le secteur aérospatial français pour renforcer ce secteur clé au Luxembourg.

Jamais contents!
Cette visite d’État n’aura néanmoins pas répondu à toutes les attentes. Le désintérêt pour le projet d’A31 bis est un pari risqué. Rien ne dit que la hausse de la mobilité douce, certes nécessaire, suffira à absorber les quelque 130 000 frontaliers français attendus d’ici une dizaine d’années. Plusieurs élus lorrains déplorent aussi que la question de la rétrocession fiscale ait été totalement ignorée. Pourtant, le décalage grossit entre, d’un côté de la frontière, un prospère Luxembourg qui capte une grande partie des impôts des frontaliers, et de l’autre des villes-dortoirs qui peinent à financer leurs infrastructures et à attirer des entreprises. Alors que d’autres régions frontalières françaises et belges bénéficient déjà de compensations fiscales avec leurs riches voisins, la Lorraine ne mérite visiblement pas autant d’égards. Là encore, faire peu de cas des difficultés d’un territoire frontalier et de ses forces vives est un pari risqué, tant pour le Luxembourg que pour la France.

De notre envoyé spécial à Paris, Romain Van Dyck.

Galerie photos de notre envoyé spécial à Paris : Alain Rischard.

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