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Promotion du Lëtzebuergesch : les enjeux du débat de mercredi


Promouvoir le luxembourgeois tout en maintenant le multilinguisme : tel est le défi du projet de loi (Photo d'illustration : Didier Sylvestre).

Dans la foulée de la fête nationale, les députés vont se pencher mercredi en audience publique sur le projet de loi relatif à la promotion de la langue luxembourgeoise, moins de six mois après son dépôt à la Chambre par le ministre Claude Meisch.

Le ministre DP, dont le parti a opté pour le slogan électoral «Zukunft op Lëtzebuergesch» (L’avenir en luxembourgeois) qui nécessite une explication de texte pour ne pas être mal compris, défendra donc son projet de loi qui doit mettre en œuvre la «stratégie pour promouvoir la langue luxembourgeoise», que le même ministre a présenté en mars 2017.

Cette réaction du gouvernement intervient après le succès de deux pétitions, l’une qui voulait imposer le luxembourgeois comme première langue partout et l’autre, aux antipodes, qui défendait l’usage des trois langues et celui du français en particulier. «Les deux pétitions renfermaient les germes potentiels d’un conflit social non négligeable et il fallait donc obligatoirement agir et trouver une position consensuelle», observe la Chambre des métiers, dans son avis. Les auteurs du projet de loi rappellent dans leur exposé des motifs rédigé en luxembourgeois, la position des députés à l’issue des débats publics autour des deux pétitions qui «ont constaté un besoin de promotion de la langue luxembourgeoise tout en soulignant l’importance du multilinguisme» et que «l’objectif est de trouver un consensus politique quant aux mesures à entreprendre».

Promotion de la langue luxembourgeoise et du multilinguisme
La Chambre des métiers salue toutes les initiatives visant à promouvoir aussi bien la langue luxembourgeoise que le multilinguisme. «Le Luxembourg se caractérise aussi par son multilinguisme : au quotidien, le luxembourgeois, l’allemand et le français côtoient aussi d’autres langues. Ensemble, ces langues font partie de l’identité de notre pays et participent largement à la cohésion sociale», souligne les auteurs du projet. La Chambre des fonctionnaires et des employés publics, aussi, apprécie cette approche, mais elle se montre plus critique. Surtout, elle tacle le gouvernement qui a rédigé son projet en luxembourgeois : «Étant donné que, selon l’article 2 de la loi du 24 février 1984 sur le régime des langues, la langue de la législation au Luxembourg est toutefois le français et que, par conséquent, « seul le texte français fait foi », concernant le projet de loi sous avis, la Chambre des fonctionnaires et employés publics a, conformément à ses habitudes, préféré rédiger son avis en langue française.» Voilà qui traduit toute la complexité de l’usage des langues au Luxembourg.

Les fonctionnaires déçus
Pour les fonctionnaires, le projet se résume finalement à instituer un commissaire à la langue luxembourgeoise (Kommissär fir d’Lëtzbuerger Sprooch) chargé de l’élaboration d’un plan d’action déterminant les lignes directrices en matière de politique de promotion de la langue luxembourgeoise et un Centre pour le luxembourgeois (Zenter fir d’Lëtzebuerger Sprooch) dont les missions consisteront notamment à traduire, sur demande des ministres, des documents et des communications officiels, destinés à être publiés.
Un peu mince comme mesures, estiment en substance les fonctionnaires, pour un gouvernement qui veut souligner «l’importance du luxembourgeois comme langue de communication, comme langue d’intégration et comme langue littéraire». Les députés ont quand même inscrit le luxembourgeois en tant que langue nationale dans la Constitution, ce n’est pas rien. Et de plus, Le gouvernement compte négocier avec les institutions européennes pour trouver un accord sur un «arrangement administratif» car «chaque citoyen devrait ainsi avoir le droit de s’adresser aux institutions européennes en luxembourgeois et de recevoir une réponse dans cette langue», estiment les auteurs du projet.

Pas d’adaptation pour les écoles internationales…
Pour la Chambre des fonctionnaires, ce projet dresse une liste d’objectifs que doit atteindre la politique de promotion du luxembourgeois et crée ensuite «une panoplie d’institutions et d’organes qui auront pour mission de contribuer à mettre en œuvre cette politique». Comment? «Le projet de loi prévoit tout simplement que le gouvernement adoptera un plan d’action sur la langue luxembourgeoise qui portera sur une période de vingt ans (!!)», se moque doucement la Chambre des fonctionnaires.
Surtout, les fonctionnaires regrettent que «les plus importantes des nombreuses mesures prévues par le papier stratégique adopté en mars 2017 ne soient pas concrétisées dans le projet de loi (telle l’adaptation des programmes de l’enseignement dans les écoles internationales au Luxembourg, etc.)». Mais cela fait partie du plan à travers l’introduction de cours de luxembourgeois obligatoires dans les écoles internationales au secondaire comme c’est le cas déjà pour le primaire.
Quant à la formation pour adultes, l’offre sera développée et élargie au niveau national avec des ressources augmentées : formation et recrutement de nouveaux formateurs d’adultes (par l’Institut national de langues et le Service de la formation des adultes) et amélioration du matériel didactique.

Geneviève Montaigu